Abdoulaye Konaté : « Ce qui se passe dans le sahel est un drame humain »

L’artiste plasticien malien Abdoulaye Konaté, est revenu, dans une interview, sur l’hommage qui lui est rendu dans le cadre de la 14e édition de la Biennale de Dakar. L’artiste s’est également confié au site de la Biennale sur les conséquences de la crise géopolitique et sécuritaire qui secoue le sahel, une thématique abordée dans ses œuvres. Konaté invite, par ailleurs, les artistes à garder leur originalité créative.

Le Mali est à l’honneur à la 14e édition de la biennale de Dakar à travers son plasticien Abdoulaye Konaté, à qui un vibrant hommage est rendu tout au long de l’événement qui se poursuit jusqu’au 21 juin prochain avec une exposition internationale à l’ancien Palais de justice de Dakar et près de 400 expositions Off un peu partout dans la capitale sénégalaise.

Rester authentique

Lauréat du grand prix de la Biennale en 1996, Abdoulaye Konaté y retourne 26 ans après, en tant qu’invité d’honneur. « C’est un grand honneur, j’ai appris cette décision de la biennale avec une très grande surprise. Et en même temps c’est une sorte de défi pour moi de revenir à cette biennale pour montrer l’évolution de mon travail », confie l’artiste.

Devenu un modèle pour la jeune génération grâce à sa démarche artistique singulière, inspirée du textile traditionnel malien, Abdoulaye Konaté ne souhaite pas que sa technique influe sur celle des autres artistes. Car à l’en croire, chaque artiste doit avoir sa particularité dans sa création : « Je ne veux pas être un exemple pour les autres en (terme de technique). Je veux juste garder ma particularité pour que les autres puissent développer eux aussi leur style, leur manière de faire, leur langage et leur personnalité », explique-t-il.

Un drame humain  

Comme tout artiste, Abdoulaye Konaté évoque dans ses créations les problématiques auxquelles est confrontée sa société. Le terrorisme, le djihadisme et la crise géopolitique que traverse la bande Sahelo-saharienne dont le Mali en est l’un des pays les plus touchés, constituent des sujets de réflexion dans le travail du plasticien malien. « Ce qui se passe dans le sahel est un drame humain. Nous avons connu des drames écologiques avec de grandes sécheresses qui ont traversé la zone mais ce que nous vivons aujourd’hui dans le sahel est un drame social, politique et économique. Nous sentons qu’il est devenue une zone de lutte géopolitique immense, de luttes religieuses avec des armes de guerre. Une situation qu’on était loin de penser. Je pense que la religion est nécessaire pour les Hommes mais pas une religion imposée par les armes », regrette l’ancien directeur de Palis de la culture Amadou Hampâté Bâ de Bamako.  

Cette crise, à en croire Abdoulaye Konaté, a un impact socioéconomique important sur les populations de la zone. Elle n’est pas sans conséquences également sur la culture de ces populations qui la subissent : « nous voyons des déplacements énormes de populations qui changent de mode de vie, de fonctionnement sur le plan économique et éducatif. Nous savons que cette idéologie religieuse qui est dernière cette crise est une destruction de notre culture visant à imposer une autre forme de culture. Cela est dramatique pour les artistes.»

A cette crise, était venue s’ajouter ces deux dernières années à celle de la pandémie de la Covid-19 qui a fortement impacté sur la condition des artistes vivant dans le sahel. Une situation qui a inspiré la création du Fond Africain pour la Culture (ACF) et dont Abdoulaye Konaté est l’un des membres fondateurs mais également l’un des donateurs, étant donné que l’ACF, qui se veut un soutien financier aux artistes du continent africain  fonctionne grâce à la donation des artistes connus afin d’aider les plus jeunes à s’installer et à se professionnaliser.  

Youssouf Koné

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