Actuellement à Dakar au Sénégal, où un vibrant hommage lui est rendu par la Biennale de Dakar, le célèbre artiste plasticien malien Abdoulaye Konaté, a, lors d’une table ronde organisée par le Fonds africain pour la culture (ACF), interpellé les États africains au sujet du financement de la culture qui reste un parent pauvre en Afrique.
Le Fonds africain pour la culture (AFC) est une organisation panafricaine créée en 2018 « par les africains et pour les africains ». Il est né sous l’impulsion de l’expert culturel Mamou Daffé et de certains grands artistes du continent dont son compatriote Abdoulaye Konaté qui est également l’un des grands donateurs de ce fonds qui finance des jeunes artistes africains afin de les aider à se professionnaliser.
En droite ligne de cet objectif de financer la culture, l’ACF organisait, le lundi 21 mai dernier, dans la cadre de la 14e édition de la Biennale de Dakar, un panel de haut niveau, au Monument de la renaissance de Dakar, afin de réfléchir sur des mécanismes innovants de financement des Industries culturelles et créatives (ICC) en Afrique où la question reste centrale. Paneliste, Abdoulaye Konaté s’est appesanti dans son intervention sur la philosophie qui se cache derrière l’idée du Fonds africain pour la culture et ses mécanismes de financement.
L’objectif principal de l’ACF selon lui, est de soutenir les jeunes artistes à s’installer, à produire et à se structurer pour se lancer sur le marché international. Ce qui va permettre de changer le regard que notre société porte sur la culture aujourd’hui. « Nous souhaitons que pour les générations futures, aucun parent n’ait honte de dire que son fils fait de l’art. Car c’est fondamental. Beaucoup ont longuement considéré que l’art n’est pas un travail qui peut nourrir son homme. Cela doit s’arrêter et je crois que c’est aux artistes de changer cette perception de l’art dans notre société », a-t-il expliqué.
Toutefois, l’ACF fonctionne essentiellement grâce à la donation des artistes cotés et des partenaires. Mais, pour faire mieux, il faut d’autres sources de financement, notamment les Etats qui doivent soutenir le secteur de la culture alors que le financement de la culture par les Etats africains est quasi-inexistant. Car rares sont les pays africains qui allouent même 1% de leur budget national au secteur de la culture.
Abdoulaye Konaté n’a pas pu s’empêcher d’interpeller les États sur cette question capitale en Afrique. A ses dires, la culture joue un rôle fondamental dans le développement d’un Etat, d’où l’importance qu’elle soit valoriser. « Nous lançons un appel aux États par rapport au budget alloué à la culture. Il faut nécessairement augmenter ce budget pour l’essor de la culture dans nos pays. Nous demandons à tous les artistes de faire la pression nécessaire sur les gouvernements pour qu’ils augmentent le budget de la culture. Rares sont les pays africains qui donnent 1% de leur budget national à la culture. Comment allez-vous fonder un État sans culture. C’est impossible », défend-t-il.
L’ancien directeur du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté de Bamako (CAMM-BFK) a également lancé un appel aux entreprises et mécènes locaux afin qu’ils contribuent à « aider la culture, à aider les jeunes artistes à s’installer, à produire et à se professionnaliser.»
Youssouf Koné, envoyé spécial à Dakar