La Compagnie Nama a procédé ce jeudi 18 août à la restitution de deux mois de formation qu’elle a organisée au bénéfice de 16 jeunes dames du Mali et de la sous-région. Le spectacle « Nyéléni », créé au cours de la formation, invite à une déclassification du métier de marionnettiste, jusque-là, considéré comme un métier réservé aux hommes.
Encourager les femmes à s’intéresser à l’art de la marionnette et contribuer à leur insertion professionnelle. Tel est l’objectif de la compagnie Nama à travers cette formation des jeunes dames maliennes et africaines à la fabrication, la manipulation et la création de spectacles de marionnettes.
Un combat que la compagnie mène depuis plus de 6 ans afin de changer les codes selon lesquels cet art serait réservé qu’aux hommes.
Un métier comme les autres
« La formation des femmes marionnettistes d’Afrique » est l’intitulé de l’atelier. Pour cette deuxième étape, dont la durée fut de 2 mois, les 16 femmes marionnettistes, âgées de 18 à 30 ans dont 6 maliennes et 10 autres issues des pays de la sous-région à savoir le Burkina Faso, le Togo, la Côte d’Ivoire et la Guinée ont suivi la formation, soutenue par la Fondation DOEN, l’Institut français du Mali et la Francophonie.
Au Mali, d’aucun considère l’art de la marionnette comme un art sacré que la femme n’a pas le droit d’exercer. « Nous voyons les femmes dans plusieurs domaines de l’art aujourd’hui. C’est un métier tout comme les autres », explique Yacouba Magassouba, directeur de la compagnie Nama, qui regrette la faible présence des femmes dans l’art de la marionnette. « Nous voulons que les choses changent. L’objectif de cette formation est d’encourager les femmes à aller vers cet art », ajoute-t-il.
Nyéléni
Nyéléni est le nom du spectacle issu des deux mois de formation. C’est un spectacle multiforme qui allie l’art de la marionnette à la danse, au chant, à la musique entre autres. L’histoire de Nyéléni, fille unique d’un couple, est transmise par la littérature orale de génération en génération. Cette paysanne qui a vécu dans la région de Ségou au Mali, à une période indéterminée, est devenue le symbole de la bravoure féminine. Afin d’aider ses parents, Nyéléni avait la manie d’exceller dans tous les domaines d’activité notamment ceux dits réservés aux hommes. A travers ce spectacle, ces jeunes dames entendent prouver qu’elles peuvent elles aussi embrasser l’art de la marionnette tout comme les hommes.
«C’est un vrai bonheur de voir les jeunes dames avec une présence scénique aussi remarquable», apprécie Patrick Giraudo, directeur de l’Institut français du Mali, qui n’a pu s’empêcher de proposer à la compagnie Nama et autres compagnies de marionnettes de penser à l’écriture d’un spectacle de marionnettes dans le Parc national du Mali, estimant que les compagnies maliennes disposent d’un répertoire suffisamment dense pour avoir une représentation hebdomadaire dans cet espace public très fréquenté par la jeunesse. Cela pourrait significativement contribuer à la promotion de cet art auprès du public jeune.
La compagnie Nama entend, si les moyens le permettent, faire le tour des communes du district de Bamako ainsi que des capitales régionales avec ce spectacles. L’idée étant de le présenter à un large public, mais aussi de démontrer que la femme peut pratiquer, voire exceller dans l’art de la marionnette.
Youssouf Koné