Initié en 2019 par la galerie d’art contemporain HGallery, l’exposition collective Art en lumière est ouverte pour sa 4e édition, ce vendredi 30 décembre 2022 sur le Boulevard de l’Indépendance à Bamako. Ils sont une centaine d’artistes qui expose à cette édition soutenue par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
Sur le long d’une grande partie du Boulevard de l’Indépendance, situé en plein cœur de la capitale malienne, environ 200 œuvres d’artistes sont accrochées sur un fond blanc éclatant. Ce vendredi soir, sous le coup de 17 heures, certains passants ralentissent pour observer le spectacle pendant que d’autres, encore plus curieux, s’immobilisent pour suivre ou se mêler à la danse. « C’est quoi ? Ils font quoi ? C’est une fête ? », demandent-t-ils, cherchant à satisfaire leur curiosité sur cet événement qui n’a pas le caractère d’une manifestation habituelle.
Des couples de jeunes, des élèves, des enfants des familles riveraines, des artistes exposés ou pas, des amateurs d’art se déplacent dans cet espace ouvert pour contempler les œuvres, au rythme des sonorités diversifiées provenant des hauteurs installées juste en face. Ce son se mêle au bruit assourdissant de moteurs et de klaxons des engins sur le boulevard. Des jeunes mendiants et des marchands ambulants s’invitent également sur l’esplanade aux couleurs de l’art.
« Faire sortir les œuvres d’art du cadre classique »
« Quand vous créez une galerie dans un pays où le regard des gens sur l’art est ambivalent, vous avez un devoir didactique envers le public », explique M. Cheick Omar Haïdara, administrateur général de H-Gallery qui a initié ce concept en 2019 dans le but d’apporter sa part à l’initiation du public malien à l’art, notamment aux arts visuels qui, sont jusqu’ici très peu connus voire méconnus du grand public au Mali nonobstant tout le potentiel de cette discipline.
Le concept de l’Art en lumière consiste, en effet, à sortir les œuvres d’art du cadre classique, des galeries, des endroits à la fois peu connus et peu accessibles à beaucoup de Maliens non encore initiés à l’art plus particulièrement les visuels. « Si les gens ne vont pas vers l’art, il faut amener l’art vers eux », ajoute M. Haïdara.
« C’est vraiment agréable d’être à cette exposition et de découvrir toutes ces œuvres diverses et variées. Je trouve que le concept est intéressant. Malheureusement, il y a certaines personnes qui pensent que l’art est destiné qu’à un certain nombre de catégories de personnes. Ce qui est une erreur », reconnait Pascale Serra, une passionnée qui était présente. Pour M. Haïdara, « Il faut éviter que le public dise que ces créations d’art ne sont pas pour lui parce qu’il ne comprend pas. L’objectif de cette initiative est d’emmener le public à connaitre l’art, le comprendre et l’aimer. »
Sensibiliser sur la paix à travers les œuvres
L’Art en lumière regroupe cette année une centaine d’artistes peintres, photographes et sculpteurs. Et comme à chaque édition, un thème a été choisi cette année. « Puiser dans nos traditions pour restaurer la paix ». « L’art est beau mais il est encore plus beau quand on le met au service d’une cause. Et notre cause cette année est la paix. Nous voulons que ces œuvres exposées durant ces trois jours sensibilisent les passants, les visiteurs et les populations sur la paix », souhaite Cheick Omar Haïdaraqui estime la Minusma était l’institution la mieux indiquée pour être associée à cette édition.
Aujourd’hui, le plus grand défi pour les artistes visuels au Mali est celui de faire découvrir leur travail au public. Et cette initiative semble être la bienvenue. « C’est une belle opportunité pour les artistes qui ne sont pas trop connus de se faire découvrir. Cette exposition permet au public de savoir que l’art n’est pas simplement la musique mais qu’il y a d’autres formes d’art qui sont pratiquées au Mali », nous confie le plasticien Boubacar Baba Tandina, sélectionné pour cette 4e édition.
L’exposition Art en en lumière se poursuit jusqu’au 1er janvier sur le boulevard de l’Indépendance.
Youssouf Koné
