Arts plastiques : la vie à travers l’oiseau, avec « Kotèba sur deux pattes » d’Ibrahim Doumbia

Le restaurant Blabla de l’Hippodrome (en commune II du district de Bamako), accueille depuis le 16 avril dernier, l’exposition intitulée « Kotèba sur deux pattes » de l’artiste peintre malien Ibrahim Doumbia. Une série composée d’une vingtaine de toiles, inspirée du Kotèba, cette forme théâtrale traditionnelle malienne qui combine réjouissance, critique et éducation de la société.     

Depuis sa création en 1999, le restaurant Blabla se veut également un espace de promotion des artistes et de leurs créations. Pour cette énième exposition, l’espace accueille depuis le 16 avril dernier les œuvres de l’artiste peintre Ibrahim Doumbia, issue de sa série intitulée Kotèba sur les pattes, composée d’une vingtaine de toiles de format divers mais qui ont presque toutes le même sujet qui attire l’attention du visiteur : l’oiseau. Cette forme bestiaire qui domine l’univers créative de l’artiste est une sorte de marque déposée.

Dans Kotèba sur deux pattes, l’artiste s’inspire du kotèba, une forme théâtrale, pour s’exprimer sur les réalités de la société. Car le Kotèba dans la société traditionnelle malienne était utilisée non seulement comme moyen de réjouissance populaire mais aussi il servait à ses acteurs de moyen de sensibilisation, d’éducation voire d’invitation des populations à un changement de comportement pour une meilleure organisation de la vie en société.  

L’oiseau pour centre d’intérêt

Le Koteba est une forme dramatique très ancienne (vieux de deux siècles) du Mali. La structure narrative des pièces est en général très simple, tandis que la scénographie comporte des scènes dialoguées accompagnées de chants et de danses. Le lien d’avec les oiseaux d’Ibrahim Doumbia est vite établit. « Je peins avec cette liberté que les oiseaux ont pour aborder la vie. Ils sont à la fois pétris d’humanité et confrontés aux problèmes du quotidien… Mais ces oiseaux sont aussi des êtres joyeux, bavards, amoureux qui aiment se retrouver et vivre leur vie », nous confie l’artiste.

Cet air joyeux et bavard apparait sur les toiles de la série. Certaines présentent des scènes où les créatures (mi-animal, mi-homme) semblent dialoguer dans la joie, la bonne entente et l’ambiance. Toutefois, si le sujet principal de l’artiste demeure l’oiseau, il ne s’empêche pas de toucher à d’autres formes (humaine et animalière) dans ses toiles. « Je trouve que Ibrahim s’améliore de mieux en mieux dans sa peinture. Au départ, il n’avait que des oiseaux et sur ces nouvelles toiles je vois apparaitre  des  boucs, des chèvres… c’est du génie cette idée de l’animale. Aussi, je trouve qu’il y a une sorte d’autoportrait dans les œuvres d’Ibrahim, car il a une espèce de ressemblance avec ses oiseaux. Il a une gestuelle, une élégance avec laquelle il se déplace, qui ressemble à ses personnages », explique Sonia Kéita, chargée de l’événementiel du BlaBla.       

A voir jusqu’au 21 mai 2022

Maxime Cayer, l’écrivain québécois-canadien, installé à Bamako se retrouve dans la démarche artistique d’Ibrahim Doumbia « car je parle beaucoup d’oiseaux aussi dans mes écrits et l’autre lien c’est que je m’intéresse beaucoup à l’Afrique de l’ouest et ses réalités. »  

Epris du dessin depuis son jeune âge, Ibrahim Doumbia se forme en arts plastiques à l’Institut National des Arts avant de développer sa démarche au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédias Balla Fasseke Kouyaté de Bamako où il obtient un Master en Arts Plastiques. Membre du collectif Tim’Arts de Bamako, Ibrahim compte une quinzaine d’expositions collectives et individuelles sur le plan national. Il rêve désormais de faire connaitre son art à l’international.   

L’exposition Kotèba sur deux pattes reste visible au BlaBla jusqu’au 21 mai 2022. Des « oiseaux » à voir absolument !

Youssouf Koné

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