Ils sont deux. L’un, Diakaridia Traoré est artiste plasticien. L’autre, Mariam Niaré est photographe. Depuis le 21 mai dernier, ils sont à l’honneur à Bamako Art Gallery (à Baco Djicoroni) où leurs œuvres sont en lumière dans une exposition intitulée « Entre-deux ».
A première vue, les œuvres captivent par leur singularité. De la lumière, de la couleur, beaucoup de bleu et de jaune, du noir foncé au gris, du sombre et du clair : au rendez-vous de l’arc-en-ciel artistique nous sommes.
Les tableaux diffèrent par leur taille. Certains représentent des jeunes gens torses nus, plus ou moins costaud, mais suffisamment en forme pour qu’on ressente la vie qu’ils croqueraient à pleine dent s’ils s’éjectaient des tableaux qui les maintiennent. Des visages pleins de questionnements, la beauté que projettent le côté mystérieux qu’ils dégagent, du rouge et du bleu à lèvres, tout a un sens. Avec d’autres œuvres, aussi captivants que leurs voisins, nous sommes plutôt dans l’abstrait, coincés « entre deux » artistes prometteurs.
Les deux créateurs se réfèrent aux pratiques traditionnelles africaines pour leur création. Loin de vouloir faire de la reproduction du réel leur priorité, ils s’en éloignent après se l’avoir approprié pour en faire une autre matière répondant à leur vision.
Par le biais de leur travail « Entre-deux », ils sont dans une sorte de quête identitaire ou le questionnement est la voie privilégiée pour se trouver une réponse adéquate.
Chez Diakaridia, on retrouve principalement le sujet récurrent du bar et de la consommation de l’alcool comme procédé par lequel l’être s’élève. Mariam quant à elle, a axé son travail sur la prédominance de la figure et des références aux rites de purification. Au final, les deux artistes évoquent leur rapport à la mutation de la société, question combien essentielle quand on voit à la vitesse à laquelle s’opère cette perpétuelle mutation.
« Les thèmes qu’ils traitent évoquent ainsi ces rites qui permettent de passer d’un état à un autre, cet état intermédiaire qui permet de se rapprocher d’une certaine vérité vécue, personnelle, ésotérique ou spirituelle » note Bamako Art Gallery avant d’ajouter que c’est un Entre-deux qui est souligné notamment dans leurs procédés respectifs de création, et qui se déclinent sous une forme sériel, ou préside la recherche de textures, de couleurs, de matières, de formes et de compositions, procédant ainsi par l’exploration et l’expérimentation plastique jusqu’à atteindre un certain degré de manifestation de leurs inspirations originelles.
Cette exposition qui met en lumière une vingtaine d’œuvre (photographies conceptuelles et peintures) s’étend jusqu’au 30 septembre 2022.
Issouf Koné