Arts visuels : le défi nommé « Mali-Jakura » 

L’initiative Mali-Jakura, en marche depuis bientôt deux semaines, entend promouvoir la paix et la cohésion sociale via la photographie et la peinture. Un projet salutaire aux défis non négligeables.

Le visage de la grand-mère des années 40 qu’on a pu voir grâce à l’objectif de Seydou Keita, le côté séducteur du grand-père en « coiffure afro », vêtu d’un pantalon retro « Pattes d’éléphant », tenue à la mode au lendemain des indépendances, maitre dans l’art de se déhancher sur le mythique « Indépendance Cha Cha » signé Grand Kallé…le sourire sur un visage d’enfant, une action spectaculaire lors d’un match de football ou encore le désespoir d’un naufrager en mer…

« Regarde moi » de Malick Sidibé ( 1962)

La photographie, au-delà de son aspect artistique, est une magie. On dira presque pareil pour la peinture, qu’elle soit abstraite ou pas, dont le processus créatif diffère mais qui, en termes de résultat, renvoie tout de même à une représentation claire et compréhensive ou à un tableau dont le mystère, logé dans la poésie de son auteur, souhaite la bienvenue à toutes les interprétations.

Promouvoir le vivre ensemble

En immortalisant les actions, les évènements, les photographes maliens font des merveilles. Ils figent le temps. De par la magie dont ils sont spécialistes, ils nous transmettent des émotions diverses, nous font voyager : en partie, des fonctions substantielles de l’art photographique que le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, M. Andogoly Guindo n’a pas manqué d’étaler lors de la cérémonie d’ouverture de l’évènement Mali-Jakura, tenue le 19 août dernier à la Maison africaine de la photographie.

Lancement officiel de Mali-Jakura ( CP: Mali-Jakura)

Mali-Jakura, qui pourrait se traduire en français par « Une nouvelle image du Mali », contre toute attente, se donne le pari fou de prouver qu’on peut faire du neuf avec du vieux. Un projet salutaire, décidé à mettre en avant un Mali riche, un « Maliba » dont la grandeur de l’histoire coiffe celle de son territoire. Mali-Jakura, en faisant la promotion du vivre ensemble, veut magnifier cette terre d’espoir qui ne manque d’opportunité mais, qui malheureusement peine à être appréciée à sa juste valeur, du fait de la grisaille que représente la situation politico-sécuritaire qui l’agite. Le ministre l’a également rappelé dans son discours.

Mali-Jakura, un défi

Inscrit dans le cadre des projets à Effet Rapide de la MINUSMA, Mali-Jakura, à travers une approche particulière, veut « offrir aux populations, à la jeunesse malienne, des espaces de sensibilisation et d’éducation à la culture de la paix et du vivre ensemble, à travers une série d’expositions d’œuvres d’art à Bamako, Ségou, Mopti, Tombouctou et à Gao ». Une idée que reflète sans ambiguïté son thème : « l’Art, vecteur de résilience, de paix et de cohésion sociale ».

Lancement Mali-Jakura, exposition

La cérémonie d’ouverture de Mali-Jakura, qui a donné sur une exposition au premier étage du siège de la Maison africaine de la photographie, fût un délice. Si la volonté était perceptible, le défi l’était un peu plus. Pour une initiative de cette envergure, et de surcroit au pays du légendaire « Malick Sidibé », un budget d’une trentaine de million, semble maigre selon Boubacar Diallo, un grand fanatique de la photographie qui a pris part à l’évènement : « J’ai entendu tout à l’heure, de la bouche du directeur de la maison de la photographie, que le budget envoisinait 31 millions. Pour une initiative si importante, avec autant de défis, c’est peu. Que l’État face un peu plus d’effort, qu’il appuie les initiatives artistiques », déclare l’homme, un peu froissé par le fait que l’État du Mali n’apparaisse pas sur la liste des partenaires financiers que sont la MINUSMA et l’Agence Suédoise de Coopération internationale au Mali (ASDI) à travers l’UNESCO.

« Sur ce projet, l’appui de nos autorités est d’une importance capitale. Mali-Jakura a bénéficié de l’appui institutionnel de l’État à travers le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme. Ce n’est pas négligeable », témoigne M. Tidiane Sangaré, directeur de la Maison africaine de la photographie. Il va plus loin en évoquant le joyau architectural que représente l’édifice qui l’abrite, lui et son personnel. « Ce bâtiment dédié à la photographie, explique-t-il, est une première dans la sous-région. Il a entièrement été financé par l’État malien à hauteur de plus d’un milliard. C’est déjà beaucoup, nous ne pouvons qu’être reconnaissants».  

La Maison africaine de la photographie ( Cp : Mali-Jakura)

24 artistes

Mali-Jakura, qui s’étendra sur six mois, mettra en avant 24 artistes repartis en 18 photographes et 6 peintres ; pour un total de 52 œuvres sélectionnées. L’équipe du projet précise également que les œuvres de 12 artistes locaux seront ajoutées à la sélection officielle dans les expositions de Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao.

Au-delà de promouvoir le riche patrimoine culturel historique social et environnemental du Mali ainsi que les Industries culturelles et créatives (ICC), Mali-Jakura entend sensibiliser sur les pratiques et expressions culturelles endogènes en vue de renforcer la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble. Le contexte, on pourrait le dire, s’y prête.

Issouf Koné

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