Bassekou Kouyaté : « C’est dommage qu’il y ait très peu de représentants du n’goni à l’international »

Sur la scène internationale, Bassekou Kouyaté est l’un des joueurs de N’goni les plus notoires du moment. Il est le petit-fils de Bazoumana Sissoko, auteur de la musique de l’hymne nationale du Mali et virtuose de l’instrument.

Bazoumana Sissoko qui a rendu incontournable le n’goni au Mali, est resté pendant longtemps un acteur incontournable du « griotisme ». On raconte à son sujet qu’il a lui-même fabriqué son n’goni bien qu’il soit aveugle de naissance.

L’homme avait du succès même si l’exportation du n’goni n’a pu se faire à l’époque à cause du manque de plateformes promotionnelles, dû au sous-développement de la sphère musicale malienne et son traditionalisme trop accru qui limitait l’instrument qu’aux festivités de village et chants épiques de griots.

Un art ancien, héréditaire

La pratique du n’goni est un art très ancien qui se transmet de père en fils tout comme la Kora dans la lignée des Diabaté. Bassekou Kouyaté qui joue de cet instrument depuis tout petit, est père de de deux garçons qui le jouent également, tous deux membres de son groupe le N’goni Ba qui a pour lead vocal sa femme Ami Sacko.

Bassekou Kouyate & Ngoni Ba_ Photo: Thomas Dorn

Ces derniers, tout comme leur père, ont appris à pincer les cordes du n’goni depuis l’âge de onze ans. Âge requis pour tout petit garçon de la lignée d’entrer en possession de son n’goni. Plus qu’un simple cadeau, l’offrir à son fils, chez les griots Kouyaté est un sacré devoir héréditaire pour le père et un droit inviolable pour l’enfant, confie l’artiste.

Les encouragements d’Ali Farka Touré

Grâce à cet instrument, Bassekou Kouyaté a donné des concerts et joué dans de nombreux festivals aux quatre coins du monde. Il est d’ailleurs détenteur d’un Grammy awards. « J’ai eu de la chance, nous raconte Bassekou Kouyaté. Je dois avouer que je dois ma notoriété à mon regretté grand frère Ali Farka Touré. Il m’appelait pour aller accompagner son orchestre quand il avait besoin d’une touche de n’goni », explique l’artiste.

Cp: Facebook officiel Ali Farka Touré

Quand ils se retrouvaient, ajoute-t-il, Ali Farka, l’encourageait en lui répétant incessamment que le N’goni pouvait l’emmener très loin : « Tu détiens de l’or Bassekou, ton n’goni, c’est de l’or », lui disait-il.  Bassekou Kouyaté nous apprend que vu le scepticisme qui l’animait, il a fallu qu’Ali Farka Touré vienne un soir le chercher de gré pour l’emmener enregistrer son premier album. Aujourd’hui, l’homme avoue qu’il n’a pas les mots pour remercier son défunt ami.

L’ancêtre des instruments à corde

Le musicien croit que le n’goni doit sortir de ce cadre trop renfermé. Il regrette qu’il y ait très peu d’ambassadeurs de l’instrument à l’international alors que beaucoup de musiciens maliens le jouent avec beaucoup de talents.

Très utilisé en Afrique de l’ouest, surtout au Mali, son pays d’origine, dans les localités de Ségou, Kita ou encore au pays Wassoulou surtout, le n’goni malgré son âge reste encore peu connu à l’international. « C’est un instrument très vieux. Je ne peux vous donner sa date exacte d’invention mais une chose est certaine : il est né bien avant Jésus-Christ. Cet instrument est l’ancêtre du Banjo, de la guitare, de la contrebasse, du luth, du pipa, de la mandoline ; bien qu’il soit moins connu parmi tous ces cordophones de la grande famille des instruments à cordes », confie l’artiste pour terminer.  

Issouf Koné

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