La cérémonie d’ouverture de la Biennale artistique et culturelle 2023, qui se déroule actuellement à Mopti, a été marquée par un programme riche et varié. La pelouse du stade Baréma Bocoum, site choisi pour cette cérémonie d’envergure, a servi de théâtre sur lequel plus de 200 artistes danseurs, acrobates et comédiens se sont exprimés à travers une chorégraphie intitulée « Ensemble redressons le Mali ».
Par le biais de cette œuvre chorégraphique dénommée « Ensemble, redressons le Mali », durant une heure environ, plus de 200 artistes ont fait voyager les spectateurs à travers cinq tableaux peints par l’expérience de trois mastodontes de la culture malienne : le directeur du ballet national du Mali, monsieur Dramane Sidibé ; le maire de la commune de Sabalibougou (en commune V du district de Bamako), Karim Togola, et leur collègue Abdoulaye Koné.

Cette chorégraphie qui a donné un coup d’envoi prometteur à la biennale, a été vue par des milliers de Maliens et amis du Mali, venus de toutes les localités du pays et de la diaspora. Depuis la tribune où ils étaient et où siégeait également le premier ministre de la République du Mali, le docteur Choguel Kokalla Maïga, le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, et leur invité, le ministre burkinabé de la communication, de la culture, des arts et du Tourisme monsieur Jean Emmanuel Ouédraogo, les spectateurs ont vécu quelque chose de vibrant.
Un voyage dans le temps
« Magnifier le Mali par un grand ballet qui illustre sa marche à travers les âges du XIIIe au XXIe siècle est le but de cette prestation », explique monsieur Karim Togola qui depuis les devants de la pelouse, face à la troupe, dirigeait la prestation.
A travers les différentes scènes, se sont enchaînées plusieurs descriptions. Un voyage progressif dans le temps. D’abord, les spectateurs ont eu droit à un tableau illustrant l’histoire du Mandé à son apogée avec l’empereur Soundiata Keita. L’histoire de plusieurs grands empires et royaumes qui ont marqué la zone géographique du Mali et ses alentours ont été abordés dans la pièce. Des empires, Songhaï, Peul, Bambara, Sénoufo etc., et les grands guerriers malinkés, bambara, songhaï et Touaregs, ont succédé des scènes mettant en avant l’époque coloniale, la période de l’indépendance, le Mali contemporain pour enfin déboucher sur un questionnement sur le futur du Mali, « ce bateau qui tanguera mais jamais ne chavirera », pour employer les mots des chorégraphes.
La création avait quelque chose de métissé, de cosmopolite, mettant en avant la richesse culturelle du Mali dans son entièreté. « Cette création sur laquelle nous avons travaillé durant des mois, à pour objectif de valoriser les costumes maliens, mettre l’accent sur les rythmes et les danses du Mali ; mettre les historiens en contribution pour réécrire l’histoire du Mali », déclarent les organisateurs.
Un appel à la paix, à l’union
Le Mali, depuis plus d’une décennie, est touché par une situation difficile qui rend pénible son fonctionnement. Les Maliens, contre vents et marrées, sont dans une quête de souveraineté, de paix, au prix de leur vie. Ce grand ballet qui a duré une heure environ a passé en revue toutes les aspirations profondes du peuple de Modibo Keita.

Les différents tableaux, dans leur progression, ont mis en exergue cette soif de paix, exhortant les Maliens au vivre ensemble, à la coopération, à l’union, à la paix. Après le décor sur les grands empires, des scènes sur la période indépendantiste du Mali, avec des extraits sonores du président Modibo Keita, proclamant l’indépendance du Mali, la manifestation de joie des différentes communautés, peule, dogon, bambara, Sénoufo, Malinké, Dafing, Minianka, Sarakolé, Sonrai, bozo, touareg etc. mimant des corps de métiers comme l’élevage, la pêche, l’agriculture…ont magnifié le spectacle à travers des chants, danses, masques etc.
Cette scène a ensuite été marquée par la mouvance démocratique avec des jeux de scène, de révolte, de colère, d’affrontement, de tristesse, de chaos qui se sont illustrés par des images fortes : des femmes peules portant des calebasses trouées et des masques dogons refusant de danser.
Le dernier tableau, sur le célèbre titre « Armée Mali » de l’artiste Djeneba Seck, a fait apparaître les militaires qui sont venus en sauveur du Mali. Leur jeu scénique était marqué par des danses contemporaines militaires, et la mise en scène d’une intervention salvatrice pour ce pays auparavant agonisant.
Une belle fresque qui s’est terminée par une répartition des artistes sur toute la pelouse du stade pour former le mot Mali.
Issouf Koné / Youssouf Koné, Biennale Mopti 2023