L’acteur culturel Boucary Ombotimbé, comédien, marionnettiste, metteur en scène et auteur vient de publier, chez prostyle éditions « Les dieux dogons sortent de la grotte », un livre qui met en avant plusieurs aspects de la culture dogon et appelle à une prise de conscience quant à l’urgence de la sauvegarder. Le livre, est un voyage dans cet univers passionnant du monde des falaises, une découverte de sa spiritualité, ses rites et traditions ainsi que ses us et coutumes.
« Les dieux dogons sortent de la grotte », ceci dit, chez les dogons compte-t-on d’autres dieux au-delà de Hama ?
Au pays Dogon, la question de dieu est plurielle. Nous avons certes le Dieu suprême qui est Hama mais nous avons aussi les dieux subalternes comme le dieu de la pluie, le dieu de la richesse, de la fertilité, de la chasse, etc. Le pluriel de « dieu » ici concerne ces dieux subalternes, ceux que les individus consultent. Par exemple, auprès du dieu de la pluie, on pourrait s’enrichir des techniques nécessaires pour faire tomber la pluie tout comme le dieu de la fertilité qui peut être consulté lorsqu’une femme n’arrive pas à procréer.
Il est important de noter que pour nous, l’homme est impur. Il ne peut donc pas directement s’adresser au dieu suprême. Il faut donc passer par les dieux subalternes qui sont le lien entre nous et le Dieu suprême.
Les hommes envoient leurs messages aux dieux subalternes qui, à leur tour, les transmettent au dieu suprême. En allant les consulter, ces dieux, en quelques sorte, sortent de leurs habitats pour enseigner, pour donner.
Pourquoi avoir décidé de prendre la plume que maintenant ?
J’ai compris que nous devons joindre nos efforts à ceux des devanciers afin de sauvegarder au maximum notre culture. Il n’est pas tard.
Le monde a connu plusieurs révolutions, notamment celle du feu, du fer, de la parole, de l’écrit et aujourd’hui nous sommes en plein dans l’ère du numérique. Le monde évolue et beaucoup de richesse peuvent se perdre.
C’est donc important pour moi, en tant que fils du terroir, homme de culture très attaché à la tradition, d’aborder cet aspect culturel en lien avec les divinités que je trouve incontournable, le partager avec les plus jeunes. Je le fais maintenant parce que chaque chose à son temps. Le moment est arrivé.
Le bouquin parle-t-il que de divinités ?
L’œuvre est un acte de diplomatie culturel à l’endroit du pays dogon et sa richesse intarissable. Il contient plusieurs messages.
D’abord, il y a celui en lien avec les dieux et leurs pouvoirs non négligeables. Ensuite, il était important pour moi de parler des rites et traditions, des fêtes initiatiques dont plus d’une trentaine que j’évoque. Je voulais surtout mettre en avant ces fêtes qui existent au pays dogons. Toutes les fêtes, à commencer par la plus grande, le Sigui, une fête qui a lieu chaque soixante ans.
Le livre est également essentiel pour comprendre les signes, symboles et significations de tous les animaux au pays dogon. Par exemple, l’endurance qui renvoi à l’âne, la longévité pour la torture, la mémoire pour l’éléphant, le cheval pour la noblesse, la cupidité pour le loup ou encore le lièvre pour l’intelligence. On y retrouve aussi tous les sens des masques dogons.
Est-ce le début d’une carrière d’écrivain ?
On pourrait dire que c’est le début d’une carrière d’écrivain. Je suis d’ailleurs sur le prochain livre qui est presque finalisé. Je travaille sur d’autres projets d’écriture en lien avec les chansons dogons qui sont bourrées de sens. J’ai déjà écrit sur les marionnettes du Mali. J’ai des pièces de théâtre au tiroir. Elles n’attendent que d’être publiées.
Le livre est disponible à Prostyle éditions.