Cinéma : immersion dans l’univers de Yaya Coulibaly, avec le réalisateur Christian Lajoumard

Le film documentaire intitulé « Yaya Coulibaly, marionnettiste et magicien », du réalisateur français Christian Lajoumard a été projeté le mardi 14 juin dernier, à l’Institut français du Mali. D’une durée de 52 minutes, le film nous entraine dans l’univers artistique passionnant du marionnettiste Yaya Coulibaly. Une captivante découverte de l’art de la marionnette, un art millénaire qui passionne par son intemporalité.

De nombreux reportages et émissions sur le plan national et international ce sont intéressés à Yaya Coulibaly. Mais, c’est une première de célébrer l’homme et son art à travers un film. Réalisé par le françaisChristian Lajoumard, Yaya Coulibaly, marionnettiste et magicien, selon le directeur de l’Institut français du Mali, Patrick Giraudo,est un film pour rêver et s’abandonner.

C’est un documentaire de 52 minutes qui nous plonge dans l’univers artistique et familial de l’héritier et gardien de cet art millénaire. Pour commencer, Yaya Coulibaly dresse l’historique des marionnettes dont certaines datent du 12e siècle. Aujourd’hui, le magicien est à la tête d’un royaume d’environ 25 000 marionnettes dont certaines lui ont été transmises par sa famille, de générations en générations depuis le 11e siècle.

Yaya, les marionnettes, l’initiation

Sans fioritures, Christian Lajoumard nous plonge dans le quotidien de Yaya Coulibaly en compagnie de ses marionnettes, ses apprentis marionnettistes et sa famille. Tout au long du film, Yaya raconte et enseigne au spectateur l’art de la marionnette : de l’initiation à la fabrication en passant par la manipulation. L’on découvre également dans le film les différents types de marionnettes ainsi que les périodes de la saison où on les fait sortir pour telles ou telles cérémonies rituelles dans les villages, gardiens de cette tradition. Des scènes de spectacles de la troupe Sogolon dans certains quartiers de Bamako et à l’Institut français du Mali sont également présentées dans ce documentaire où seul Yaya Coulibaly a droit à la parole « officielle » qui parfois est côtoyée par des voix sporadiques des femmes depuis la cuisine, des enfants qui jouent par-ci, des passants par-là. 

Le film démontre également le grand humanisme et l’empathie qui caractérisent l’artiste. Ces aspects se manifestent notamment par ses rapports avec ses Hommes (collaborateurs, apprentis, enfants et le voisinage) et surtout par sa grande complicité avec ses petits-enfants. Cependant, il arrive que cette atmosphère conviviale soit par moment troublée par des interrogations sur les facteurs qui menacent l’art de la marionnette. Il a notamment cité l’exode rurale et l’immigration qui font que les villages pratiquant cette tradition millénaire se dépouillent de leur jeunesse, entrainant ainsi une rupture de la chaine de transmission de cet héritage.

Un film qui contribue à promouvoir l’art de la marionnette

La projection du film a été suivie d’un débat avec le réalisateur et le représentant de la compagnie Sogolon. Au cours des échanges, l’assistance a compris les raisons qui ont motivé la réalisation de ce film : « Yaya est quelqu’un d’assez passionnant, de fascinant et qui a beaucoup de charme « artistique » en plus d’être intelligent. Ce film témoigne également de mon attachement à la culture malienne. Je me suis dit que ce serait dommage que je ne fasse un film sur Yaya et son art. J’ai aussi été motivé par le fait qu’il n’y a pas vraiment un film assez fourni sur Yaya et ses marionnettes. Je trouve que les marionnettes sont considérées comme un art mineur alors que c’est tout à fait le contraire », a confié le réalisateur Christian Lajoumard.   

Facinet, fils ainé de Yaya Coulibaly et non moins Manager genéral de la compagnie Sogolon a salué la réalisation de ce film qui contribue à leur combat pour la promotion et la sauvegarde de la marionnette : « Ce film documentaire met en valeur notre combat de tous les jours à savoir la promotion, mais aussi la sauvegarde de cet art millénaire qui se transmet de génération en génération et de père en fils dans notre famille depuis des siècles. »

Un ambassadeur de la culture malienne

Les spectateurs n’ont également pas manqué d’apprécier le film. En première ligne, l’ambassadeur de l’Union européenne au Mali, son Excellence monsieur Bart Ouvry, grand amoureux de l’art de la marionnette et de la culture malienne en général, dont l’épouse Carine Ouvry-Bormans, travaille sur l’inventaire des marionnettes de Yaya Coulibaly dans le but de les préserver en tant que patrimoine culturel de notre humanité, qui a exprimé sa satisfaction. « Yaya fait le lien entre des cultures millénaires et il fait vivre ces cultures. Ce film est important. Il nous fait connaitre le travail de Yaya Coulibaly et participe à la promotion de l’art de la marionnette à travers le monde. C’est quelque part un ambassadeur qui fait connaitre la culture malienne ailleurs ».  

Ce fut également une belle occasion pour l’association Culture en partage, de présenter dans la salle d’exposition de l’Institut, son film en réalité virtuelle, Sogobo consacré aux marionnettes de Yaya Coulibaly. Une production faite dans le cadre du projet Musée initiatique, lauréat du programme Accès culture 2021 de l’Institut français et de l’Agence française de développement (AFD).

C’est un érudit et un passionné de l’art de la marionnette que l’on découvre dans de ce documentaire qui a déjà été présenté à plusieurs festivals à travers le monde. Un film à découvrir absolument. 

Youssouf Koné

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