Dans le cadre de l’édition 2022 de la Biennale de Paris, un colloque sera organisé à Abidjan, la capitale économique de Côte d’Ivoire, sur l’art invisuel. « Le colloque international sur l’art invisuel » qui réunira des artistes, chercheurs … servira de cadre de réflexion sur le devenir de l’art africain libéré des modèles occidentaux.
L’art invisuel selon la Biennale de Paris est une forme qui met en valeur l’art sans s’embarrasser du matériel, du réel, en somme : on se déleste de l’idée même d’« œuvre d’art ». Et le temps semble arriver d’exposer l’idée que l’on se fait de l’art invisuel et d’activer l’immense potentiel de l’art en Afrique tout en s’affranchissant des critères occidentaux.
C’est dans cette optique que l’Institut de recherche, d’expérimentation et de démonstration international en art (IREDIA), la Biennale de Paris, la Maison des artistes (Assouinde, Côte d’Ivoire) et l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle d’Abidjan (lNSAAC), organiseront un colloque international sur l’art invisuel le 14 novembre 2022 dans la capitale ivoirienne.
Le Colloque international d’art invisuel en Afrique est une initiative de Michel Charmasson, artiste, essayiste, conceptuel (ACE) et conférencier et d’Alexandre Gurita, artiste fondateur de l’art l’invisuel et directeur de la Biennale de Paris et de l’Ecole nationale d’art (ENDA).
« Valoriser les artistes vivant en Afrique »
Ce colloque, selon ses initiateurs, souhaite mener une réflexion appropriée sur la source de l’art, ses modes de création, ses rémunérations et son fonctionnement. Objectif : mettre à la disposition des artistes les outils les plus avancés de la recherche en art invisuel et répondre aux problématiques invisuelles à fortes potentialités de développement, théorique et pratique.
Il est prévu, au cours de ce colloque, des agoras, des débats, des échanges, des partages publics, des conférences, des séminaires sur le grand continent africain. Y sont invités des artistes, chercheurs, expérimentateurs, démonstrateurs, enseignants, critiques, historiens de l’art entre autres. « Ce colloque mettra en exergue la part de spiritualité dans l’art africain connectée à la part invisuelle de l’art occidental. Il vise à valoriser les artistes les plus singuliers vivant en Afrique pour faire de la Côte d’Ivoire un espace d’avant-garde et une référence sur la scène artistique internationale. La part invisuelle de l’art occidental exprime cette part de l’intime qui se partage et qui fait lien entre les êtres », expliquent les initiateurs.
Une vingtaine d’artistes d’Afrique et d’Europe interviendront lors du colloque. Parmi eux, le danseur chorégraphe malien Lassine Koné, directeur artistique de la compagnie Don Sen Folo, initiatrice du projet La Pirogue du Zèmè, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par la fédération Founoufounou. La Pirogue du Zèmè est un espace flottant (une grande pirogue) de résidence artistique et une scène nomade qui vient à la rencontre des populations des bords du fleuve Niger au Mali.
Des questions qui méritent réponses
L’artiste interdisciplinaire André Éric Létourneau viendra spécialement du Canada pour l’occasion. André Éric Létourneau poursuit des recherches sur la transduction du geste performatif, les modes de notation d’œuvres interdisciplinaires et la dématérialisation de l’art par l’acte ou par l’invisuel. Il est également auteur de textes portant sur l’interdisciplinarité, l’art action et la relation entre l’être, le non-être, la technique et la vie.
Quelle est la situation de l’art en Côte d’Ivoire et sur le continent africain, qu’entend-on par référence en l’état du marché de l’art africain ?, la façon dont les références sont construites garantissent-elles l’indépendance des pratiques artistiques ?, les enseignants, les critiques ou la presse se référent-ils aux nouvelles références en art africain ?, le critique d’art n’est-il pas un acteur important de l’œuvre créatrice de l’art africain ? Voilà entre autres des questions auxquelles le colloque tentera d’apporter des réponses.
Un document de plaidoyer et une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations du colloque seront élaboré au terme de la rencontre.
Youssouf Koné