Communiqué : 5 Mondes Gallery ferme ses portes à Bamako

Ouverte à Bamako le 25 février 2022, la galerie d’art contemporain 5 Mondes Gallery a officiellement fermé ses portes. L’annonce a été faite par son directeur, le galeriste français Floréal Duran via un communiqué qu’il a transmis à Kone’xion Culture. Plusieurs raisons sont à la base de ce départ. Pour vous l’intégralité du communiqué en exclusivité.

« J’ai décidé de mettre un terme au projet qui m’a conduit au Mali et d’une façon plus générale à mes activités sur le continent africain. Les raisons en sont multiples et complexes mais elles relèvent du bon sens et d’une approche pragmatique.

J’en suis en effet arrivé à un constat sans appel. Au Mali les gens ne s’intéressent que très rarement à l’art mis à part les artistes eux-mêmes du moins quelques-uns plus impliqués que d’autres si je peux me permettre de le souligner. Les institutions sont peu visibles sur le terrain et les opérateurs culturels ne s’affichent que lorsqu’ils y trouvent un intérêt à leur avantage. Quant aux acteurs économiques, ils se sentent très peu concernés à une ou deux exceptions près et je le regrette vraiment. Je ferme donc cette galerie dans la même indifférence dont elle a souffert depuis son ouverture. Ne dit-on pas que les absents ont tort ?

Je ne crois absolument plus à la nécessité de maintenir 5 Mondes Gallery pour les raisons précédemment invoquées et surtout parce qu’il n’existe aucune perspective sérieuse liée à l’émergence d’un marché de l’art au Mali. Tous les discours et autres faux semblants ne sont qu’illusoires. Aucune condition n’est réunie pour inscrire dans la pérennité une activité qui aurait pu stimuler, même à mon modeste niveau, un secteur quelque peu en friche. Je ne prétends pas être l’homme de la situation ni le galeriste de l’année mais à l’impossible nul n’est tenu. Je n’ai ni la force, ni les moyens ni même bénéficié de quelques signes d’encouragement ou de soutien pour poursuivre cette mission. D’autres, mieux placés que moi, pouvaient s’investir dans ce vaste chantier consistant à créer une vraie synergie économique et culturelle. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Je les y encourage même si à mon avis il est désormais trop tard.

Je dirai par ailleurs que ma réputation de “méchant” est surestimée. A ceux qui le prétendent je répondrai qu’il ne faut pas confondre méchanceté et exigence tout comme il convient de ne pas assimiler gentillesse et faiblesse. J’ai du caractère, des propos parfois percutants, je le reconnais, mais c’est pour tenter de faire bouger les lignes et faire prendre conscience aux artistes que toute démarche non qualitative a peu de chances d’aboutir. Au risque de surprendre certains, je suis un homme qui doute. Le doute est un sentiment profondément humain car ceux qui avancent avec la certitude de l’opportuniste se trompent et tombent un jour ou l’autre de leur piédestal.

Cette exigence est au cœur du métier de tout galeriste digne de ce nom. Faire le choix de certains artistes ne signifie pas que les autres soient mauvais. C’est une affaire de goût, d’alchimie entre émotions procurées par des œuvres et des options artistiques affirmées. C’est bien sûr une relation personnelle à des œuvres et à leurs créateurs. Ça ne s’explique pas autrement. Certains artistes, je le regrette, ne l’ont pas compris ou font semblant de ne pas le comprendre.

Dois-je rappeler que j’ai toujours travaillé sur projet ? Projet faisant la part belle à une intention artistique autour d’un thème majeur et original porté par le créateur ou projet émanant de la galerie. Il semblerait que cette culture du projet soit absente du paysage artistique malien malgré sa richesse et sa diversité.

Toutes ces considérations étant, il me semble logique de tirer les leçons de cette expérience à la fois riche en rencontres et en enseignements. Il s’agit néanmoins d’un adieu et non d’un au-revoir. Je partirai sans regrets mais avec un goût d’inachevé. Je souhaite vivement remercier les très rares personnes qui m’ont témoigné soutien et encouragements. »

Floréal Duran

La rédaction

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