Alors que de nombreux pays ont initié des politiques encourageant l’enseignement des langues locales en classe, la mise en œuvre d’une éducation bilingue ou multilingue par le gouvernement du Mali a été fortement souhaitée par la population malienne et fait partie des 517 recommandations des assises nationales. C’est dans ce cadre que la Fédération des Associations et Mouvements pour la valorisation de l’alphabet N’Ko, des langues nationales et des cultures, dénommée Wassabaya, a organisé une conférence de presse le mardi 24 septembre 2024 à la Maison de la Presse afin d’inviter le gouvernement à en tenir compte et à en faire une priorité.
« Le N’ko est une écriture créée par Solomana Kante en 1949 comme système de transcription des langues mandingues en Afrique occidentale. Le mot N’ko signifie “je dis” dans toutes les langues mandingues », a expliqué Ousmane Coulibaly, président de la Fédération des Associations et Mouvements pour la valorisation de l’alphabet N’Ko, des langues nationales et des cultures, dénommée Wassabaya. Kanté a créé le N’ko pour combler, selon lui, l’absence d’un système de transcription plus adapté aux sonorités propres aux langues mandingues que l’alphabet latin ou l’alphabet arabe, ajoute-t-il, avant de dévoiler que le N’ko a d’abord été utilisé à Kankan, en Guinée, et s’est ensuite diffusé dans d’autres régions où l’on parle mandingue en Afrique occidentale.
« Le sens d’écriture est de droite à gauche et l’alphabet comprend, outre 20 consonnes dont une syllabique, toutes les voyelles, au nombre de 7 ; il comprend également 8 signes diacritiques destinés à marquer les tons. Son insertion dans le cursus scolaire malien permet l’intégration entre l’école et le milieu, conformément aux principes des méthodes. Il favorise la compréhension mutuelle et le respect d’autrui et contribue à préserver la richesse du patrimoine culturel et traditionnel enraciné dans toutes les langues du monde », soutient-il, et estime que l’enseignement en langues nationales facilite également le contact entre les élèves et leurs parents n’ayant pas été scolarisés.
Il a ensuite dénoncé, selon lui, les actes discriminatoires de la commission d’élaboration de la nouvelle loi organique qui se trouve au niveau du CNT et demande au président de cette structure de les consulter afin qu’ils soient associés au processus avant la finalisation du projet. « La mise en œuvre d’une éducation bilingue ou multilingue par le gouvernement a été fortement souhaitée par la population malienne et fait partie des 517 recommandations des assises nationales. Nous nous battrons afin que cela devienne une réalité au Mali, car la construction du nouveau citoyen modèle en dépend et nous devons tous œuvrer pour cela », a-t-il déclaré.
Moussa Samba Diallo
Source : le Républicain