Danse : le spectacle « Les choses de la vie » pour redonner le sourire aux déplacés de Faladiè

La compagnie de danse Mendjenè, a procédé le jeudi 21 juillet dernier, au camp des déplacés internes de Faladiè, à la restitution de son spectacle intitules « Les choses de la vie ». Ce fut un véritable moment de joie et d’espoir pour ces personnes ayant fui leur localité suite à la crise sécuritaire.

Les bienfaits de l’art sont estimables. Il a cette magie de soigner les blessures, de nous faire oublier nos soucis, de faire germer un sourire sur le visage de ceux qui semblent perdre tout espoir en la vie. La représentation du spectacle intitulé Les choses de la vie, de la compagnie de danse Mendjenè (aiguille en langue dogon), au camp des réfugiés internes de Faladiè en est une parfaite illustration. Le temps du spectacle fut un véritable moment de bonheur, de joie, de partage d’ondes positives avec les habitants du camp apportant ainsi un peu de couleur à leur quotidien terne.

Cependant, tel le titre de la pièce, Les choses de la vie, ne sont pas que positives. Tout n’est pas rose. Bien de situations moins reluisantes et peu flatteuses aussi rythment notre vie, notre quotidien. Les choses de la vie se dresse comme une interrogation sur la condition de ces personnes qui, poussées par les crises sécuritaires, ont dû tout abandonner : leur mode de vie, leur culture, leurs biens… pour se réfugier dans les périphéries de la capitale et ce dans des conditions très peu enviables. 

Les premières scènes du spectacle ont donné des frayeurs aux plus jeunes dont certains ont déguerpi les lieux suite à l’apparition de l’une des artistes à l’accoutrement peu ordinaire, semblable à un extra-terrestre, avant de reprendre leur place pour savourer la performance. Cette scène peut nous paraitre évidente. Car elle démontre quelque part ce sentiment de méfiance installé chez ces personnes envers les inconnus, quand on imagine tout ce qu’elles ont pu subir chez elles et ce qui les a poussé à vivre dans ces habitations de fortunes en marge de la population, tels des paria .

Entre texte en monologue, expressions corporelles en solo, duo et quatuor, les artistes ont, dans une pluralité artistique (théâtre, danse et musique) fait vivre aux spectateurs les différents états d’âme ou situations dans lesquels chaque être humain peut se retrouver au quotidien : l’abandon, la dépression, le doute, le courage, l’amour et l’espoir. L’abandon est la situation qui répond le plus à la condition de ces habitants du camp dont les habitations et l’environnement de vie sont beaucoup plus interpellateurs.  

Cette représentation au camp de Faladiè faisait suite à celle donnée dans un orphelinat à Kati quelques jours auparavant. L’idée pour les artistes est de faire bénéficier ces personnes qui n’ont pas accès aux spectacles du genre. « Nous savons tous que les enfants des camps de déplacés ont subi beaucoup de traumatismes directs ou indirects. Les conséquences sont visibles. Il y a peu de couleurs, de joie, de rires, dans leur environnement. Nous voulons, avec ce spectacle, leur donner à voir la vie d’une autre façon en apportant de la joie dans leur cœur et des rires sur leur visage », nous confie Isabelle Sianwa Koné, artiste comédienne et membre de la compagnie Mendjenè.   

Il a fallu dix jours de résidence de recherche et de création au centre culturel Andale Art du chorégraphe malien Alou Cissé alias Zol, pour atteindre ce résultat. « Les artistes ont fait beaucoup d’efforts pour avoir ce résultat en quelques jours seulement. Je crois que s’ils arrivent à bénéficier d’un soutient financer, ils peuvent faire mieux car il y a beaucoup de choses à améliorer encore », soutient Alou Cissé « Zol » qui a apporté, à la pièce, son regard extérieur lors de cette résidence. Le chorégraphe malien apprécie également l’idée d’aller vers les populations nécessiteuses avec la pièce.   

Les choses de la vie est toujours en résidence de création et les membres de la compagnie prevoient, si les moyens le permettent, continuer à la jouer pour des personnes qui n’ont pas accès aux salles de spectacles, notamment dans les orphelinats et les camps de déplacés. 

 Youssouf Koné

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