e directeur de l’Institut français du Mali, Patrick Giraudo, a officiellement quitté Bamako le 31 août dernier au terme de son mandat à la tête de l’Institut. Une cérémonie d’au revoir en son honneur, au Complexe culturel Blonba, a permis aux uns et aux autres de dire merci à l’homme pour son apport au monde culturel malien.
Ils étaient acteurs culturels et politiques maliens, des représentants d’institutions diplomatiques… à dire au revoir à Patrick Giraudo, à la valeur d’un pot d’au revoir le 29 août 2022 au complexe Blonba. Les invités à cette sobre mais importante cérémonie qui s’attendaient certainement à des prestations d’artistes ont plutôt été gratifiés d’un méchoui dans une ambiance bon enfant.
Ce pot d’au revoir fut un moment de forte émotion, ponctué de témoignages dont certains très émouvants sur l’homme tant sur le plan professionnel qu’humain. « Patrick a été un bon directeur de l’IFM. Il a su apporter un grand soutien aux artistes maliens, que ce soit en termes d’accompagnement, de conseils et de financement des projets artistiques. C’était quelqu’un d’accessible et de vraiment sympa. En un mot, une belle personne », apprécie Kadidja Tiemanta, artiste danseuse et fondatrice de l’association Anw Ka Donko.
L’ambassadeur de l’Union européenne au Mali, Bart Ouvry, estime que Patrick a mis l’Institut français au service des acteurs de la culture malienne et a largement contribué à la création et au rayonnement des artistes contemporains maliens partout au monde. Ainsi, ajoute-il, « il a été un partenaire de coopération de premier plan, augmentant les capacités des acteurs de la culture malienne. »
De la collaboration entre l’Institut français et le complexe culturel Blonba, Alioune Ifra N’Diaye tire un bilan positif : « Personnellement, je le remercie pour la coopération intelligente, en lien avec le SCAC (service de coopération et d’action culturelle, NDLR) que nous avons su tisser pendant ses quatre années de fonction en tant que directeur délégué de l’IFM. Nous avons atteint plusieurs objectifs de créations, de productions, de programmations, de formations et de diffusions sous régionales. Nous n’avons pas tout réussi. Mais le bilan reste largement positif. Bon vent à Patrick pour la suite de sa carrière. »
Patrick Giraudo a également su donner la chance à de nombreux jeunes artistes maliens à travers des programmations leur permettant d’exhiber leur savoir-faire au public malien. Abdoulaye Doumbia, fondateur de la compagnie Karadoum fait partie de ceux-là. « Patrick a redonné la voix, la force et le courage à la jeune génération d’artistes et d’acteurs maliens dont moi, de booster leurs créativités et de s’imposer dans le « game ». Personnellement, Patrick a beaucoup contribué à ce que je suis aujourd’hui », nous a-t-il confié.
Durant son passage à la tête de l’Institut, Patrick a laissé sa marque à travers plusieurs initiatives et son apport considérable à d’autres projets existants. Il a travaillé à l’enrichissement et le développement des plateformes « culturethèque » et « Malithèque », la première étant une bibliothèque numérique de l’Institut français du Mali avec plus de 26 000 ouvrages disponibles et la seconde une partie exclusivement dédiée aux ressources maliennes dans différents domaines, avec des productions artistiques, culturelles et littéraires du Mali. Sa contribution à la promotion de la langue française, de la francophonie et du numérique à travers les ateliers du « novembre numérique » n’est pas aussi négligeable.
De nombreuses expositions d’artistes maliens, notamment photographes, plasticiens, designers… sous sa houlette ont contribué à la promotion de la créativité malienne. On pourrait également évoquer son appui aux artistes dans le cadre de leur résidence en France. Patrick Giraudo a largement contribué à la promotion de la littérature et de la lecture à travers les invitations d’auteurs maliens, français, maghrébins, francophones.
L’un des derniers grands projets de Patrick Giraudo, avant son départ de la tête de l’Institut est sans doute celui des box qui permettent un partage de ressources numériques à Bamako, Sikasso, Djenné, Mopti et dans les régions du nord voire dans celles ne disposant pas de connexion internet. L’objectif est de disséminer ces ressources dans les zones reculées où la connexion est mauvaise, voireinexistante. Un projet que sa successeuse Flore Mbongo, nous l’espérons, mènera certainement à son plein succès.
Youssouf Koné
