La scène Mangala Camara du Centre culturel Kôrè de Ségou a accueilli, le vendredi 13 octobre dernier, le grand spectacle de restitution du boot camp culturel « Donko Blon » organisé par l’Agence Culturelle 6.6 Studio production. Une vingtaine de jeunes artistes ségoviens ont émerveillé le public de par leur talent et leur créativité tout en promouvant les valeurs de la paix et du vivre ensemble.
La jeunesse malienne s’empare de plus en plus des arts urbains qui deviennent ainsi des expressions artistiques les plus prisées de celle-ci. Ségou, la capitale des Balanzans, n’en reste en marge. A chaque fois que l’opportunité leur est offerte, les jeunes artistes de la région ne manquent de faire montre de leur potentiel créatif. La grande restitution de la formation « Donko Blon » de l’Agence culturelle 6.6 Studio production, tenue le 13 octobre dernier au Centre culturel Kôrè de Ségou (CCK) en est une belle illustration. Cette première édition est soutenue par le Projet Donko Ni Maaya et le Fonds Maaya.
En effet, après trois mois de formation intense dans les disciplines choisies à savoir la musique, la danse, le slam et le Djing, la vingtaine de jeunes artistes Ségoviens a émerveillé le public du CCK à travers des prestations de belle facture. En ouverture, le public a eu droit à un spectacle de slam « melting-pot » qui a vu l’intervention d’autres disciplines comme le chant, la musique, le théâtre, le conte ente autres offert par une dizaine d’artistes dont des instrumentistes.
Message de paix et du vivre ensemble
La trame du spectacle s’est tissée autour de plusieurs thématiques allant de scènes nostalgiques des périodes de quiétude qu’a autrefois connu le Mali, à la déchirure du tissu social, en passant les conflits armés qui troublent cette paix et cette cohésion sociale et nationale qui ont toujours caractérisé notre pays. Ce spectacle haut en couleurs et plein de message de paix et de pardon est suivi des prestations musicales, d’abord en individuel, livrées par des jeunes rappeurs et une chanteuse loveuse et ensuite en collectif avant que les danseurs hip-hop et les Dj viennent boucler la soirée en beauté devant un public ségovien enthousiaste et très participatif dans une ambiance bon enfant.
Marie Joseph Diakité alias Majo est l’une des rares professionnelles du Djing au Mali. Elle a rehaussé l’éclat de cette soirée en compagnie de Fantastique Dj et DJ Maitai. Majo Dj est celle qui a assuré la formation des jeunes dans cette discipline dans le cadre de « Donko Blon ». Elle salue son intégration dans cette formation d’autant plus le Djing n’est pas assez valorisé au Mali et n’est considéré comme un métier de l’art. « le Djing est métier d’art comme toutes autres disciplines. Quand on parle de Dj, beaucoup pensent aux amateurs qui animent les soirées de rue (balani show) mais le Dj est tellement important qu’il peut aider un un artiste à donner un concert sans ses instrumentalistes. Le Dj, lui seul peut l’accompagner tout au long du concert. Je dis bravo aux initiateurs de Donko Blon d’avoir pensé à intégrer cette discipline dans cette formation », félicite-elle.
Professionnalisation des jeunes artistes
« Nous sommes très satisfaits du résultat de cette formation. Les jeunes artistes nous ont prouvé qu’ils ont du talent et de la volonté d’aller de l’avant dans leur carrière respective. Ils nous ont démontré cela tout au long de la formation et encore plus sur la scène de cette première phase de restitution ce soir », s’est réjoui Jonas Aly Sagnon Manager général de l’Agence 6.6 Studio production à la fin de la soirée.
L’un des objectifs ce boot camp, au-delà de la formation et du renforcement de capacité des jeunes artistes est de promouvoir la paix et le vivre ensemble. « Vous l’aurez remarqué sur la scène ce soir. La plupart des œuvres présentées portaient des messages de paix et de cohésion sociale pour qui connait la situation actuelle de notre pays. Cela pour dire combien l’art et la culture mais aussi l’implication des jeunes peuvent être des vecteurs de paix tout en sensibilisant les populations sur l’importance de la paix dans nos sociétés », renchérit M. Sagnon.
Au-delà de la promotion de la paix et du vivre ensemble, les organisateurs des initiatives comme « Donko blon » ont également une volonté claire de professionnalisation des jeunes artistes afin d’en faire des acteurs de développement de leur communauté. Ils sont convaincus que la consolidation d’une paix durable passe nécessaire développement. Les cultures urbaines offrent aujourd’hui des opportunités d’emploi pour les jeunes et peuvent donc contribuer au développement socio-économique de nos sociétés.
L’art, un vecteur de développement
« Cette initiative est une très belle opportunité pour les jeunes de pouvoir s’exprimer à travers l’art. Nous avons vu ce à quoi ils inspirent pour ce pays qui a tant besoin d’eux. J’ai vraiment été impressionné par ce qu’ils ont produit ce soir. Ce sont des créations de qualité. Nous sommes convaincus, avec tout ce qu’on a vu ce soir que ces jeunes, s’ils sont bien accompagnés, peuvent gagner leur vie à travers leur art », nous confie Adama Tièmoko Traoré, représentant du préfet de Ségou à la soirée de restitution.
« Donko blon », aux dires de Bourama Diarra, administrateur de Centre culturel Kôrè de Ségou (CCK), l’un des partenaires de l’événement, cadre parfaitement avec la promotion de la jeunesse mais aussi des cultures urbaines. « Placer cette initiative dans un cadre de cohésion sociale avec notamment d’implication des jeunes dans le processus de consolidation de la paix est salutaire. Aussi, en droite ligne de la vision du directeur du centre culturel Kôrè de Ségou, Mamou Daffé qui prône le triptyque : territoire, jeunesse et culture qui non seulement soutient le développement du territoire mais aussi de la jeunesse et de la culture », ajoute-t-il.
Après Ségou, un autre spectacle de restitution de la formation est prévu à Bamako le 27 octobre prochain.
Youssouf Koné