Après la phase de Ségou qui s’est déroulée le 13 octobre, Bamako a accueilli la deuxième phase de la restitution du projet « Donko Blon » le 27 octobre dernier. Elle a eu lieu à l’ancienne résidence de l’Ambassadeur d’Allemagne au quartier du fleuve.
L’agence culturelle 6.6 Studio Production, suite à un boot camp à l’endroit de 20 jeunes ségoviens (10 femmes et 10 hommes), dans les domaines du rap du slam de la danse et du Djing, a organisé deux cérémonies de restitution ; une première à Ségou qui a permis aux jeunes apprenants d’exposer via des spectacles variés ce qu’ils ont appris et une autre restitution à Bamako le 27 octobre dernier, pendant laquelle ils se sont livrés au même exercice.
Donko Blon a été possible grâce au soutien des structures au service de la culture malienne comme la GIZ Donko Ni Maaya, l’Institut Korè des Arts et Métiers, la fondation Festival sur le Niger.
C’est un public hétéroclite, venu des quatre coins de Bamako qui a profité de cette soirée pendant laquelle ces jeunes Ségoviens ont fait preuve d’un savoir-faire épatant. La restitution a donné lieu à un lot de spectacles qui a débuté par le slam. Les jeunes artistes, à travers la force des mots, ont fait passer un message de paix, d’amour et de vivre ensemble ; des valeurs dont le Mali, plus que jamais, a besoin. Jonas Aly, entrepreneur culturel et fondateur de 6.6 Studio Production, à juste titre, a rappelé l’un des objectifs clés du projet : « Nous travaillons à ce que le projet Donko Blon puisse permettre aux jeunes maliens d’être des acteurs du changement via des moyens d’expressions artistiques qui font partie de leur quotidien ».
Rap, slam, danse et Djing
Au Mali, le rap est la musique la plus écoutée par la jeunesse. Des pionniers à la nouvelle génération, les artistes rappeurs font des salles combles partout sur le territoire malien et remplissent même des stades. Autour de cette musique, s’est développé un véritable business rentable aussi bien pour les professionnels du domaine que pour les travailleurs d’autres secteurs comme les vendeurs ambulants, les sociétés de sécurité, les chaines de télévisions, les sociétés de production, de communication etc.
Le slam, quant à lui, commence à se faire une place importante au Mali avec de jeunes talents qui décrivent de manière sublime et poétique leur vécu, leur milieu, les réalités du Mali. La danse à déjà une place, sauf qu’elle mérite d’être mieux valorisée.
Le Djing, malheureusement, n’est pas très promu. Il fait partie des plus grands oubliés de la scène musicale urbaine malienne. Rares sont les Djs qui réussissent à accéder à une certaine notoriété au pays de Modibo Keita. « Ce volet du boot camp fait partie des plus préoccupants de la structure 6.6 Studio Production qui veut faire du Djing un art auquel la valeur accordée au rap et au slam soit également accordée », explique Jonas Aly.
Une soirée inoubliable
Cette soirée de restitution a permis aux spectateurs de se rendre compte du potentiel artistique des jeunes de la région de Ségou. Du début à la fin des prestations, ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes en montrant au public que les jeunes issus des autres villes avaient aussi des choses à dire, à faire. « Donko Blon, en pariant sur une ville autre que Bamako fait ainsi un geste fort. Il faut cibler de plus en plus les régions, elles regorgent de potentiels inestimables », conseille Dj Maittai qui faisait partie des formateurs dans le cadre du projet.
Pour les jeunes artistes, notamment le rappeur Bolzin, cette expérience est inoubliable. « Nous nous sommes bien amusés, nous avons beaucoup appris et je compte appliquer tous les conseils qui nous ont été donnés afin qu’ils m’aident à avancer dans ma carrière ».
Issouf Koné