« Ecole du slam » : l’art et l’engagement citoyen

L’école du slam 2022 a officiellement ouvert ses portes ce lundi 15 août au siège de l’Association culturelle Jeuness’Art. En prélude au lancement de cette 6e édition, ses organisateurs ont dévoilé, le samedi dernier, lors d’une rencontre avec la presse, les objectifs réels de l’école, qui au-delà d’enseigner le slam se veut également une fabrique d’artistes engagés pour la cause leur communauté.    

Sur plus d’une centaine de candidatures enregistrée, seulement 30 aspirants slameurs ont été retenus pour la 6e édition de l’école du slam, à l’issue du casting. La rentrée de l’école a été effective le lundi 15 août 2022 au siège de l’association Jeuness’Art. Durant cette formation qui durera un mois, les participants seront formés en slam à travers des modules tels que la genèse et l’évolution du slam, l’écriture, la technique de scène, la diction, la communication, la science du langage etc.  

« Très heureuse d’être retenue pour cette formation. C’est une fierté d’être parmi les 30 admis. En tant qu’autodidacte, je crois que cette formation me sera très utile dans ma carrière de slameuse. Mon ambition est de devenir une slameuse professionnelle et j’espère que cette formation m’aidera dans ce sens », a confié Kadiatou Mariko, élève à l’école du slam. Un sentiment partagé par beaucoup d’autres élèves de cette édition.

L’engagement

Cependant, au-delà de la formation en slam, les organisateurs de l’école ont décidé de rester fidèles à l’une des plus grandes vocations de la discipline : l’engagement. Le slam rime avec ce devoir et le slameur porte ce combat depuis la naissance de la discipline. Ainsi, l’Ecole du slam ne compte pas trahir cette mission aux dires de ses initiateurs selon qui cette école entend inciter une prise de conscience des élèves à travers le slam.

« Nous pensons que la réelle motivation de l’école du slam est plus une cause citoyenne qu’artistique. Le slam c’est de l’art certes, mais un art engagé et donc un slameur se doit d’être engagé pour la cause de sa société » a expliqué Sory Diakité alias Saccharose Buccal Agréable, directeur artistique de l’Ecole du slam. Il ajoute qu’ilsforment ces slameurs pour faire de l’art mais aussi pour porter la voix de leur société afin que les choses s’améliorent.

La grande restitution de l’école du slam est une parfaite illustration de cet engagement. Cet événement devenu incontournable dans l’espace slam au Mali est un cadre annuel incontesté de l’engagement artistique. Les élèves, à travers le thème choisi, mettent des mots sur les maux qui gangrènent notre société. Se servant de l’actualité politique du pays, ils sensibilisent, dénoncent et proposent. Il se font porte-voix des sans voix par leur art.   

Un manque d’accompagnement

Les membres de l’Association Jeuness’Art regrettent tout de même le manque d’accompagnement de l’école du slam par les autorités maliennes. L’initiative survit grâce à la seule passion de ses initiateurs et du soutien du Projet Donko Ni Maaya de la coopération allemande GIZ. Ce que déplorent le plus les organisateurs, c’est surtout l’indifférence des autorités à l’endroit de cette initiative. « Ils ne sont jamais là malgré les invitations. L’une des raisons pour lesquelles les autorités doivent assister à la restitution de l’école du slam, c’est que nous y faisons passer des messages en lien avec ce que le bas peuple pense. Ce peuple qu’on n’entend jamais. Ecouter ces messages les aiderait à comprendre les besoins de ce peuple afin qu’ils y apportent des solutions adéquates », ajoute Saccharose.

Evoquant le bilan de l’école du slam, de ses débuts à nos jours, le président de l’Association Jeuness’Art, Aboubacar Camara dira qu’il est positif : « Nous pouvons aujourd’hui dire sans le risque de se tromper que 50% des slameurs maliens de la nouvelle génération sont issus de l’école de slam. Nous avons environ 150 slameurs formés de 2017 à nos jours », défend-t-il.

L’édition 2022 de l’Ecole compte 18 hommes et 10 femmes. La question de la parité entre les genres se pose. Mais elle est vite tranchée. « Notre principal critère de sélection est le mérite. Pas le genre. Nous faisons la sélection selon les critères de notation de l’école qui ne se repose pas sur le genre. Ceux qui sont les meilleurs sont retenus à la fin du casting », précisent les organisateurs.

La formation se poursuivra jusqu’au 16 septembre 2022.

Youssouf Koné

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