L’Institut français du Mali, accueille depuis le mardi 8 novembre dernier, une exposition collective intitulée « Fil rouge/Surréalisme » de jeunes artistes plasticiens des collectifs Tim Arts et Sanou’Arts. L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 novembre prochain.
Pour sa toute première exposition d’art depuis sa prise de fonction en sa qualité de directrice de l’Institut français du Mali, en septembre dernier, Flore M’Bongo a misé sur deux collectifs de jeunes artistes plasticiens maliens : Tim’Arts et Sanou’Arts. Des artistes et amateurs d’art ont rehaussé l’éclat de la cérémonie de vernissage de cette exposition regroupant 4 artistes aux démarches et styles divers.
Les collectifs Tim’Arts et Sanou’Arts sont assez représentatifs de la génération montante de la scène des arts plastiques au Mali. Et leur choix pour cette exposition inaugurale à l’Institut français du Mali est loin d’être fortuit pour la directrice Flore M’Bongo. « En visitant les collectifs Tim’Arts et Sanou’Arts, j’ai été frappé par la diversité des techniques d’approches et l’imagination débordante des artistes. Mais aussi par leurs imperfections, leurs prises de position environnementale et leur vision du chaos », nous confie-t-elle.
De la particularité, de l’imagination de la philosophie
Fil Rouge/Surréalisme est la double thématique retenue pour cette exposition. « Fil rouge présente à la fois une énergie, une arrogance, une fragilité, un « tape à l’œil ». Fil rouge est ce qu’il me paraît évident pour lier ces quatre jeunes artistes… », poursuit-elle.
Au-delà de ce fil qui les lie, les quatre artistes exposants ont chacun une manière particulière de toucher le spectateur de par leur démarche, leur style et les thématiques diverses mais contemporaines qu’ils abordent dans leurs créations. Si certains d’entre eux s’inspirent du patrimoine culturel malien et africain, d’autres traitent des thèmes plus actuels parfois avec une dose d’imagination voire de philosophie.
C’est le cas de Dramane Diarra du collectif Sanou‘Arts, qui avec ses toiles figuratives, traite des sujets aussi spirituels que philosophiques tout en s’adossant à l’écriture automatique qui est utilisée par les artistes surréalistes. « Ces toiles sont le fruit de l’inconsciences et de la transcendance spirituelle », nous explique l’artiste qui évoque en général des sujets d’actualité comme l’immigration clandestine ou encore le réchauffement climatique.
La richesse culturelle du Mali
Habibatou Yaye Kéïta de Sanou’Arts, seule femme du groupe, propose des toiles qui magnifient la femme malienne et africaine. Son travail artistique s’inspire de la richesse culturelle du Mali notamment les tresses traditionnelles qu’elle tente de mettre en valeur. A travers des autoportraits, elle défend une identité culturelle propre au Mali et à l’Afrique. La jeune artiste, actuellement en résidence de création à Assinie en Côte d’ivoire dans le cadre de la 3e édition du Festival des arts de la rue d’Assinie (FARA), utilise une technique mixte de tissage de laine sur toile avec de la peinture acrylique.
Ibrahim Bemba Kébé s’inspire lui de la richesse culturelle malienne, notamment de la société initiatique Korèdugaw. L’artiste présente des toiles de peintures et des sculptures à cette exposition. Ibrahim Kébé aspire à rendre contemporain un art ancestral malien. C’est pourquoi, il se sert des Korèdugaw pour évoquer des thèmes d’actualité comme la place de la jeunesse dans la construction de l’édifice national, l’éducation la politique entre autres. Ses œuvres sont créées avec du matériel récupéré donc un artiste écolo.
Membre du collectif Tim’Arts, Dramane Toloba définit son art comme écoresponsable, car basé sur la récupération des objets comme des tissus usés, le papier mâché et des canettes de boisons. Ses œuvres abordent l’évolution de la technologie avec comme conséquence la robotisation du monde. La condition féminine occupe également une place importante dans son œuvre comme sur certaines toiles présentées à cette exposition. Issues de la série La lumière, l’artiste y lance un message de reclassification de certains métiers aujourd’hui considérés comme métiers d’homme et auxquels les femmes n’ont pas accès ou ont peur d’exercer par peur du regard de la société.
« C’est une jeune génération qui s’affirme et s’engage au travers de leur travail. S’ils avaient été écrivains, ils écriraient du Slam qu’ils scanderaient, s’ils avaient été musiciens, ils seraient rappeurs. Certains d’entre eux auraient pu être des philosophes », imagine Flore M’Bongo.
L’exposition reste visible à l’Institut français jusqu’au 30 novembre prochain.
Youssouf Koné