L’Institut français du Mali accueille depuis le 11 mars dernier l’exposition intitulée « Djamako », de l’artiste plasticienne malienne Massira Touré. A travers cette série d’une dizaine de toiles, l’artiste questionne les rencontres de son parcours d’artiste et d’entrepreneure culturelle. Mais pas que. Les œuvres de Massira Touré n’échappent pas à l’actualité.
Dans sa note d’intention, l’artiste précise qu’elle n’avait pas exposé depuis 4 ans. Toutefois, elle ne voudrait pas qu’on qualifie cette exposition de « retour » car elle pense n’avoir jamais disparu des radars en tant qu’artiste. « J’ai participé à des expositions collectives entre-temps », fait-t-elle savoir.
Sortante du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté de Bamako (CAMM), Massira Touré y a également enseigné en tant que professeure d’arts plastiques avant de se lancer dans l’entreprenariat culturel. Cette nouvelle trajectoire qui tend à se confondre avec son métier de prédilection, lui permet d’imaginer et de mettre en place en 2017, la plateforme Agansi qui se veut une galerie digitale et un espace de promotion des œuvres d’art.
Une histoire de foule
Artiste, elle a sans doute été interpellée par le besoin manifeste d’espaces de promotion pour les artistes et leurs œuvres au Mali tout comme dans plusieurs autres pays africains. Durant ces dernières années, cette activité lui a permis de sortir de sa zone de confort et de se confronter au reste du monde.
Cette exposition Djamako, qui peut être littéralement traduite par une histoire de foule, se veut la somme des rencontres et de diverses expériences accumulées par l’artiste. Et vivre en société, c’est croiser, sur notre chemin, plusieurs personnes et faire l’expérience des situations qui n’ont pas le même effet sur nous. « On découvre différentes personnes et situations. Certaines nous marquent positivement et d’autres négativement mais toujours est-il qu’on ne sort jamais perdant », soutient l’artiste qui dit s’enrichir de cette foultitude d’expériences diverses.
De l’espoir
Sur la dizaine de toiles semi-figuratives, trois aspects attirent l’attention du spectateur : le format circulaire des tableaux, un champ chromatique dominé par le bleu et le jaune ainsi qu’une représentation de la foule sur la majorité des œuvres. C’est un univers à la fois infini et proche. Notre parcours est parsemé de rencontres. Et chacune d’elles est une expérience nouvelle et unique, qu’elle soit positive ou négative.
Les toiles de Massira n’échappent pas à l’actualité du Mali et de nombreux autres pays de la région subsaharienne. La théorie de la foule est omniprésente dans ce travail. Au-delà des personnes rencontrées dans le cadre professionnel ou dans son quotidien, nous pouvons aussi facilement faire le lien avec des actions qui fédèrent les personnes, facteur de paix et de vivre ensemble.
Par exemple, sur l’une des toiles, le spectateur est face à des silhouettes présentées comme étant en train de pratiquer une activité sportive (probablement le football ou le basket-ball), qui peut être considéré comme un facteur de cohésion entre les jeunes. La communion et le brasage peuvent être lus dans les œuvres de l’artiste.
La vivacité et la chaleur des couleurs, notamment de trois des œuvres représentant des formes circulaires tout jaune peut susciter de nombreuses interprétations chez le visiteur. La symbolique du soleil levant en première ligne. Rien à voir avec le tableau Impression, soleil levant du peintre français Claude Monet exposé au musée Marmottan à Paris. Mais c’est un brin d’espoir que ces toiles peuvent faire naître dans un univers agité. L’espoir d’un lendemain meilleur. L’espoir de nouvelles rencontres riches de leurs expériences, de leurs leçons ?
L’exposition reste disponible à l’Institut français du Mali jusqu’au 30 avril 2023.
Youssouf Koné