En marge de la commémoration de la Journée internationale des droits des femmes, « Nyeleni », un projet artistique dans lequel six femmes photographes maliennes ont développé leurs histoires visuelles et personnelles, a été présenté dans une exposition multimédia internationale. Le vernissage de l’exposition s’est tenu ce mardi 07 mars 2023 à la Galerie de Médina. Elle prendra fin le 08 avril prochain.
Son enfant au dos, elle tient un canari en main, objet qu’elle vend sur les berges du fleuve Niger à Mopti. Cette potière, mère de trois enfants, travaille en famille. Le portrait photo d’Aminata Cissé la représentant est épinglé sur le mur de l’École centrale pour l’industrie, le commerce et l’administration (ECICA), au Boulevard du Peuple en face de la Galerie Médina. Les portraits d’une dizaine de femmes, accompagnés de mots relatant les peines que vivent ces amazones pourtant inconnues du pays, sont exposés en off de cette exposition multimédia internationale.
Ils sont tirés par la Minusma. Dans la Galerie Médina, rénovée, les visiteurs s’émerveillent des clichés accrochés au mur blanc. Ces clichés s’expriment sur l’univers souvent très particulier de la vie des femmes au Mali. Ces travaux ont été réalisés par six femmes. Elles exposent durant un mois. Il s’agit de Fatoumata Diabaté, Oumou Diarra, Dickonet, Mariam Niare, Kani Sissoko et Oumou traoré. « Avant toute chose, nous souhaitons témoigner notre respect aux six femmes photographes qui exposent aujourd’hui, pour le dévouement et la confiance dont elles ont fait preuve en partageant avec nous ce voyage créatif », a déclaré Mme Joyce Pennekamp (membre de l’équipe du projet).
Selon elle, ces femmes sont à saluer pour le fait qu’elles abordent des questions complexes qui touchent à des tabous sociaux et sont liées à des « expériences personnelles poignantes. » De son côté, le représentant du ministre en charge de la culture a félicité et encouragé les travaux artistiques de ces six femmes photographes. Il a ensuite rendu hommage à toutes les femmes du Mali, plus particulièrement celles qui sont dans les zones rurales, « ces femmes anonymes sont les grands piliers de nos familles au fond du pays. », a-t-il laissé entendre.
Projet Nyeleni
Nyeleni est un projet artistique collectif dans lequel six femmes photographes du Mali ont développé leurs histoires visuelles personnelles qui seront présentées dans une exposition multimédia internationale. Le projet se compose d’un atelier de coaching, d’une séance d’échange et d’une exposition itinérante pour les photographes sélectionnées, suivi d’un programme éducatif destiné aux écolières, aux étudiantes en art et aux jeunes artistes en carrière.
Le non Nieleny tire sa source d’un concept de féminité relatif à la bravoure des femmes. Elle est à interprétation multiple dans la culture Bambara. C’est un nom qui est donné aux filles aînées des femmes en pays bamana.
Les six regards photographiques
Dans cette exposition, Fatoumata Diabaté présente une œuvre intitulée Tiesiralan (attacher la ceinture). Elle examine les différentes fonctions et signification attribuées au balai. Le fourana (balai), qui est un élément important du trousseau de la mariée et symbolise l’union et le bien-être de la famille. Cet objet féminin dans la société malienne, idéalise la femme qui doit tenir à unir les individus en un tout harmonieux et fonctionnel dans la famille. C’est une reconnaissance à sa mère qui lui a appris à balayer.
Oumou Diarra a exposé la Chambre des jeunes filles, qu’elle a photographiée à travers le pays. La plupart des jeunes filles, femmes adultes ne possèdent pas leur propre chambre, mais la partagent soit avec leurs mères, tantes, sœurs, cousines, ou, une fois mariées, avec leur mari. Petite fille, Oumou rêvait, elle aussi, d’avoir sa propre chambre. Quelque chose qu’elle a finalement construit dans la cour familiale à travers ses économies.
Dans son installation numérique du trait d’union, Dickonet est accompagnée de quatre femmes maliennes. Elles racontent leurs expériences personnelles concernant des violences sexuelles subies dans leur enfance et leur adolescence.
Mariam Niaré présente une œuvre dénommée Mouna (pourquoi), où elle pointe son regard dans le jet de cauris. Une pratique très ancienne au Mali et qui est toujours d’actualité. Le Bùlon, (vestibule en français) est exposé par Kani Sissoko, une architecture immémoriale de divers peuples du Mandé du sud du Mali. Quant à Oumou Traoré jauge avec son œuvre ma trace de mère. Un travail qui retrace le vécu et presentent les objets de Tènèba Diarra, la mère de l’artiste.
L’exposition reste visible à la Galerie Médina jusqu’au 8 avril 2023.
Mohamed Camara