La 22eme édition du festival des masques et marionnettes de Markala a été l’occasion pour certains festivaliers de découvrir une pratique très importante dans la culture marakalaise : le spectacle des marionnettes sous l’eau.
La foule est là. Des heures avant le début du spectacle. Impatiente. Le long du fleuve est occupé sur une trentaine de mètres environ. Plus de places assises. On s’entasse, les uns coincés aux autres. Une véritable course à la meilleure posture pour mieux en profiter. Enfants, femmes et hommes de la ville ainsi que les festivaliers venus d’ailleurs veulent tous voir le spectacle des marionnettes sous l’eau. Une pratique artistique et culturelle assurée par la communauté bozos de la localité. A chaque édition du festival des masques et marionnettes de Markala, cette sortie à lieu et elle fait partie des activités de l’événement qui draine le plus de monde.
Les yeux sont rivés vers le fleuve. Tous guettent le moindre mouvement qui y provient. Quelques pirogues qui passent et repassent…On aperçoit un, deux, trois individus qui se concertent, on espère que le spectacle débutera mais toujours rien. C’est le terrain qui se prépare, jusqu’à ce que l’heure, enfin, se pointe. Mais, il faut encore patienter car les officiels ne sont pas sur place. Les sourcils se froissent un tout petit peu. Une trentaine de minutes après, on les aperçoit. Le spectacle peut commencer.
Sur la berge, à peine les pieds dans l’eau recouverte de plantes aquatiques, une cantatrice accompagnée d’un percussionniste et de jeunes filles maniant des calebasses, amuse le public de par son répertoire riche en chants traditionnels. Des chansons épiques se succèdent en fonction de la scène offerte par les pêcheurs : « Salila bama, Minian ba, Faro, tininni…).
Les marionnettistes se déplacent dans l’eau, guidés par une cloche agitée par l’un des leurs. Le spectacle met en scène plusieurs situations courantes chez les peuples pêcheurs. Leur rapport avec l’eau, leurs liens avec les êtres aquatiques, qu’ils soient physiques ou spirituels. Plusieurs scènes de pêche au filet, de marionnettes en petits et gros poissons ont diverti le public.
Il arrive aussi que des pêcheurs (selon des témoignages), se retrouvent dans des situations parfois délicates, confrontés à des crocodiles ou des pythons qui sont difficiles à dompter. Une mise en scène pour montrer la manière dont ceux-ci gèrent ce type de situations a été orchestrée par les marionnettistes.
Aussi, ce spectacle était une occasion de rendre hommage à la divinité Fâro. Très importante dans la tradition mandingue, notamment malinké et bambara, Fâro est considérée comme la déesse de l’eau. On l’associe généralement au fleuve Niger où elle se manifesterait le plus et servirait de repère dans la vie des pêcheurs qui lui vouent un culte.
Le spectacle, qui a duré deux heures environ, a été une occasion pour les uns et les autres de re(découvrir) cette belle pratique très populaire à Markala, localité qui a la réputation d’être un foyer très important de l’art de la marionnette.
Issouf Koné