Fespaco 2023 – Cheick Oumar Sissoko: « Les gens ont douté mais le Mali est arrivé à relever le défi »

Après plus d’une vingtaine d’années d’attente, le réalisateur malien Cheick Oumar Sissoko a désormais sa statue au boulevard des « monstres sacrés » du cinéma africain à Ouagadougou. Elle a été dévoilée en marge de de la 28e édition du Fespaco en cours dans la capitale burkinabé. Entretien !

Mieux vaut plus tard que jamais. Après son compatriote Souleymane Cissé (double Etalon de Yennenga), Cheick Oumar Sissoko, qui est le deuxième malien et jusqu’ici le dernier réalisateur malien à remporter la récompense suprême du Fespaco en 1995 pour son film « Guimba, un tyran une epoque », trône désormais sur la colonne des Etalons à Ouagadougou.

La statue de Cheick Oumar Sissoko sur la colonne des étalons, crédit photo : Fespaco

Sa statue réalisée grâce aux efforts du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM), a été inaugurée le 26 février dernier en marge de la 28 édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), soit environ 27 ans après son sacre.

Titulaire d’un DEA en histoire et sociologie africaine et d’un diplôme de l’école des hautes études en sciences sociales, en histoire et cinéma, Cheick Oumar Sissoko est un cinéaste et homme politique malien. Ancien ministre de la culture du Mali, il compte plus d’une dizaine de films à son actif. En 1995, son film Guimba, un tyran une époque reçoit le prix spécial du jury au Festival de Locarno en Suisse et l’Étalon de Yennenga au Fespaco au Burkina Faso.

Nous l’avons rencontré à Ouagadougou pour une interview exclusive sur l’hommage qui lui a été rendu ainsi que la participation du Mali en sa qualité de pays invité d’honneur de cette 19eme édition du Fespaco.

Cheick Oumar Sissoko désormais sur la colonne des étalons, crédit photo: Fespaco

Konexion Culture : Votre statue a été inaugurée le dimanche 26 février dernier, au boulevard des Etalons d’Or en marge de la 28e édition du Fespaco. Comment vous accueillez cet hommage ?

Cheick Oumar Sissoko : Je l’ai très bien accueilli et surtout ça m’a rappelé la toute première cérémonie de remise dans ce pays en 1995. Dans ma tête, j’ai revécu cela et c’était le même sentiment de bonheur mais surtout pour l’honneur qui m’a été fait. Je suis heureux parce que même si je ne laisse rien du tout à mes enfants, je leur laisse au moins une statue qui va leur faire dire que leur Papa a eu un rôle, une place dans le cinéma Africain.

Le Mali est l’invité d’honneur de cette édition du Fespaco. Une invitation tardive soit à seulement trois semaines de l’événement. Le défi est-il évident a révéler pour le Mali qui traverse une période très difficile de son histoire ?

A l’impossible nul n’est tenu. Les gens ont douté mais le Mali est arrivé à relever le défi. Je pense que ce sont des circonstances que nous ne connaissons pas et qu’on n’a même pas besoin de connaitre qui ont certainement poussé les autorités burkinabè à choisir le Mali. Mais, entre autres considérations, on peut comprendre le besoin d’amener les peuples burkinabè et maliens qui ont les mêmes valeurs de culture à se rapprocher davantage. Quel autre lieu mieux que le FESPACO pour le faire, le plus grand évènement culturel du continent et le plus beau.

Cheick Oumar Sissoko désormais sur la colonne des étalons, crédit photo: Fespaco

A mon avis, c’est dans les perspectives à venir, au moment où on essaie plus ou moins de nous séparer à cause donc de disposition politique que nous avons prise par rapport à la CDEAO, par rapport à la Communauté internationale, par rapport à notre propre souveraineté à nos indépendances. Donc, penser à amener le Mali au FESPACO c’est amener un rapprochement et faire taire un peu tous ceux qui peuvent dire que le Mali et le Burkina ne peuvent se mettre en place, c’était une bonne intelligence.

Vous avez été, avec Souleymane Cissé, les réalisateurs maliens à avoir remporté la récompense suprême du Fespaco. Quel est votre message à l’endroit de la nouvelle génération qui souhaite emboiter vos pas ?

Mais le jour de la remise j’ai tendu la main, je dis quel est le jeune qui va prendre la relève, c’est une jeune dame Salimata Tapily qui a pris ma main donc on a passé le relai, j’espère qu’elle pourra le faire sinon j’espère que les jeunes vont pouvoir se mettre à travailler sérieusement, apprendre le métier du cinéma, à savoir écrire des scenarios ou à savoir choisir de très bonnes histoires et à faire un travail collectif parce que le cinéma est un travail collectif comme il faut.

Cheick Oumar Sissoko et Souleymane Cissé, crédit photo: Fespaco

Un conseil pour ces jeunes que vous inspirez aujourd’hui ?

Ce qui manque aux jeunes c’est la connaissance de l’art cinématographique. Ce qui leur manque aussi c’est la culture générale. Il faut connaitre les pays, leur culture, leur économie, leur histoire. Ça c’est capital parce que sinon on ne fait pas de bonnes histoires. Et puis il faut respecter ces collaborateurs, les cinéastes, les comédiens et nous avons besoin de nous préparer encore parce que ce qui se fait maintenant, je ne dis pas que c’est entièrement mauvais mais ce n’est pas encore au niveau que les anciens ont atteint.

Youssouf Koné, depuis Ouagadougou

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