Festival Afro Beat – Panel : « L’avion ne doit pas être un luxe pour l’artiste »

La question de la mobilité des artistes dans l’espace UEMOA était au cœur de l’un des panels organisés en marge du festival de musique Afro Beat de Ouagadougou. Les panelistes, durant les échanges, ont évoqué les multiples difficultés auxquels sont confrontés les artistes de la zone UEMOA qui font parfois des distances incroyables par voie terrestre alors que l’avion est plus adéquat pour qu’ils arrivent moins fatigués afin de donner le meilleur d’eux-mêmes.

Dans l’espace UEMOA, les œuvres bénéficient d’une circulation que les créateurs n’ont pas. Malheureusement. La question de la mobilité des artistes, depuis plusieurs années, revient lors des rencontres entre professionnels du secteur culturel. Bien que de brillantes propositions ne soient pas manquantes, les difficultés demeurent. Mobilité des artistes dans l’espace UEMOA : Quelle synergie d’action ? C’est autour de ce thème qu’à gravité l’un des panels organisés en marge du Festival Afro Beat

Festival Afro Beat – Panel : « l’avion ne doit pas être un luxe pour l’artiste »

« Aujourd’hui, beaucoup d’artistes ont une facilité en termes de voyage en Europe que dans l’espace UEMOA ». Cette déclaration du journaliste culturel Mory Touré, donne une image assez forte de cette difficulté à laquelle les artistes, quel que soit leur domaine (chanteur, musicien, peintre, danseur, cinéastes…), sont confrontés en termes de mobilité dans la zone UEMOA. Les acteurs culturels de l’ensemble des pays de cette zone ont du mal à trouver des solutions adéquates pouvant permettre aux artistes de circuler librement.

La mise en place d’un fond de mobilité

Afin de permettre aux artistes de pouvoir voyager sans difficulté, l’une des idées sur lesquelles les panelistes sont beaucoup revenus, est la possible mise en place d’un fond de mobilité « On pourrait envisager des réflexions pour la mise en place d’un fond de mobilité afin que les artistes, très connus ou pas, puissent en profiter pour leur déplacement dans l’espace UEMOA », a avancé l’artiste Alif Naaba, directeur de Rema.

Il a rappelé la question de la mise en place d’un VISA panafricain qui puisse permettre aux artistes de voyager, une préoccupation qui était au cœur d’un panel organisé, il y a deux ans de cela par Youssou N’dour au Sénégal. Au-delà de la carte d’artiste, ce VISA qui pourrait être pensé en prenant en compte les exigences des huit pays membres de l’UEMOA, pourrait faire office de « Carte de mobilité ».

Festival Afro Beat – Panel : « l’avion ne doit pas être un luxe pour l’artiste »

Il y a aussi les efforts que peuvent faire les ministères pour la mobilité des artistes. Au niveau du Burkina, le ministère chargé de la culture, le fait déjà à travers un mécanisme d’accompagnement à la mobilité sortante des artistes. Un dispositif d’accompagnement financier a été mis en œuvre de façon permanente pour permettre aux artistes de profiter d’une mobilité. Les autres ministères au niveau de l’UEMOA doivent pouvoir se mobiliser et faire de même, ont proposé des voix lors du panel.

L’avion, un luxe

Prendre l’avion étant encore un luxe dans la région, beaucoup de promoteurs de l’espace UEMOA font déplacer les créateurs par la route. Ce qui n’est pas sans danger pour les artistes quand on a conscience de toutes les difficultés auxquelles sont liées les voyages par la route. Difficultés d’ordre sécuritaire et tracasseries policières.

La route peut aussi être cause de retard et de fatigue et par conséquent empiéter sur la prestation de l’artiste. Un créateur ouagalais qui doit par exemple rejoindre Bamako par la voie terrestre via la route nationale 6, fera 12 heures 59 min pour 862,5 km de route parcouru. Sans doute qu’à son arrivée, il sera éreinté et cet état de fatigue, s’il doit prester tout de suite, jouera fortement sur ses capacités. Il s’agit pourtant de deux pays frontaliers de l’UEMOA. Si on doit prendre le cas d’un créateur togolais résident à Lomé qui doit rejoindre Dakar par la route, l’évidence ne sera pas au rendez-vous en termes de condition humaine pour que la performance puisse l’emporter dans le travail de l’artiste.

Festival Afro Beat – Panel : « l’avion ne doit pas être un luxe pour l’artiste »

Il y aussi un autre aspect évoqué par les panélistes, toujours concernant le voyage par la voie terrestre ; il s’agit du risque de perte en crédibilité qui pourrait frapper l’artiste. Celui-ci étant une vitrine, une star ou pas, le faire voyager dans un car avec d’autres passagers pourrait lui retirer sa valeur d’artiste qu’il ne doit pas banaliser. Tous les artistes doivent avoir la même valeur en termes de statut même si les considérations pour les artistes varient selon leur notoriété, ont soutenu certaines voix lors du panel, notamment celles de Lamine Ba, directeur Afrique de musique in Africa et Remy Sagna, expert en politique culturelle. 

Issouf Koné, envoyé spécial à Ouagadougou

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