Le musée national du Mali accueille la première édition du Festival international Sogobô de Bamako (prévue du 20 au 26 mai 2024), un évènement exclusivement dédié à l’art des masques et de la marionnette. A travers ce festival, Yaya Coulibaly, marionnettiste de renommée mondiale, s’est mixé pour mission de transmettre à la nouvelle génération ses expériences accumulées au fil de plusieurs décennies de pratique.
Cette première édition du Festival Sogobô, fruit de longues années de formations, de recherches, de récolte de données, de collaborations avec des troupes traditionnelles des quatre coins du Mali et d’ailleurs, est, aux dires de Yaya Coulibaly, fondateur de la compagnie Sogolon, avant tout un festival scientifique. « Il s’agit pour moi, à travers cette initiative, de mettre en avant la dimension scientifique d’un festival. Le Sogobô est sacré et nous valoriserons le sacré ».
Yaya Coulibaly veut surtout transmettre. Un point sur lequel il insiste. En plus de quarante années au service de l’art de la marionnette, l’homme a été sur tous les continents. Il a donné mille et une représentations à de nombreux évènements culturels de renom avec la troupe Sogolon. Il a également glané des reconnaissances et participé à des rencontres scientifiques, artistiques et culturelles dans le but d’apporter son expertise sur l’art de la marionnette, un art millénaire sur lequel, au delà de l’aspect festif, repose bien d’autres valeurs dans d’innombrables sociétés africaines.
Le festival a commencé par une série de formations à l’endroit des enfants en situation de vulnérabilité, qu’ils soient provenant de la rue, des centres d’accueil ou des quartiers défavorisés. Ils sont en tout plus de 200 enfants qui ont pris part à ces formations en fabrication et manipulation de marionnettes du 10 au 17 mai dernier au Centre Sogolon. Ce fut l’occasion pour chacun d’eux de fabriquer sa marionnette à base de bambou, de calebasse, de fil et de peinture. Leurs travaux seront présentés au musée national du Mali. « Nous sommes très heureux de voir à quel point les enfants ont été mobilisés pour cette formation. Ils étaient motivés, émerveillés, et très participatifs. C’est un bon début pour le festival qui avant tout a pour but de transmettre », appuie Facinet Coulibaly, directeur du Festival international Sogobô.
Le 20 mai, une Master Class en technique de manipulation et de fabrication de marionnettes à l’endroit des étudiants du Conservatoire des Arts et métiers multimédia Balla Fasséké et de l’Institut national des Arts a fortifié cette idée de tranmission. Animé par Yaya Coulibaly en personne. Cette Master Class a été non seulement didactique mais elle a aussi permis à Yaya Coulibaly de planter le décor en rappelant le contexte du Festival international Sogobô de Bamako. « Ce festival est celui de la véritable renaissance culturelle. Après tant d’années à promouvoir l’art de la marionnette, il fallait enfin un rendez-vous pour capitaliser, valoriser tout ce que nous avons accumulé au cour de ces années d’apprentissage, de découverte et de partage » a confié l’artiste.
Le jour d’après, ce fut au tour de Dr Salia Malé d’animer une conférence sur l’importance des masques et marionnettes dans la société. Quels est la définition d’une marionnette, quels sont les différents types de marionnette et leurs formes en fonction des communautés qui les détiennent, quels sont leurs rôles dans la société et leur apport sur le plan scientifique, humain, politique, économique, thérapeutique, didactique, distractif ect…
Le festival, dans son programme, a multiplié les Master Class en lien avec l’art des masques et de la marionnette. Le samedi 25 mai, dans la salle de conférence du musée national, deux tables rondes ont eu lieu. La première, avec deux panelistes, le professeur Salia MALE et son collègue Dr Fodé Moussa SIDIBE qui sont revenus sur plusieurs aspects clés concernant la place des masques et marionnettes dans la société malienne.
Le deuxième panel, avec au présidium M. Modibo BAGAYOKO de l’UNESCO Mali et Yaya COULIBALY, ont permis d’en savoir un plus sur le parcours du maitre marionnettiste et aussi sur la place qu’occupe les masques et marionnettes dans le patrimoine mondial de l’UNESCO.
Bien que privilégiant l’aspect « école…apprentissage… », le festival a aussi été l’occasion de faire la fête. Des marionnettistes et groupes traditionnelles sont venus de Bamako, du Bèlèdougou, de Markala, de Ségou, de Koulikoro et de bien d’autres contrés, pour apporter à cette première édition une fraicheur inoubliable.
Les maitres forgerons, en présence du ministre de la Culture, de l’Artisanat, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo, ont procédé lors de la cérémonie d’ouverture à un rituel en faveur des ancêtres afin que le festival se passe bien mais surtout que le Mali guérisse de cette angoisse qui la ronge depuis plus d’une décennie.
Moment de joie, de partage, de retrouvaille, de découverte, de lutte contre l’insalubrité, d’apprentissage, de brassage culturel, de promotion de la cohésion sociale mais également de prière, cette première édition du festival international Sogobô de Bamako intègre avec perfection l’écosystème des initiatives culturelles maliennes.
Issouf Koné