Sikasso, la cité verte de Kènèdougou accueillera du 21 au 29 février 2024, la 5e édition du festival Nangnerki. Fidèle à sa démarche de préservation et de promotion de l’identité culturelle de la région et du Mali en général, cette 5e édition mettra un accent particulier sur le Tata de Sikasso, aujourd’hui menacé de disparition. Des concerts géants, une foire d’exposition, des panels, des formations, des prestations folkloriques entre autres activités étofferont le programme de cette édition.
Après sa première édition tenue en 2020 à Bamako sous le thème « Le village à la recherche de ses enfants », rappelant les ressortissants de la région de Sikasso à leur source, le festival Nangnerki s’est installé dans la ville de Sikasso où il est en train de s’imposer comme l’un des événements culturels majeurs de la région voire du Mali. Il regroupe chaque année les différentes communautés du Mali et des pays de la sous-région créant ainsi un brassage culturel et identitaire autour de la culture malienne et africaine. L’évènement célèbrera sa 5e édition du 21 au 29 février 2024 au stade municipal de Sikasso avec comme sponsor officiel Orange Mali.
Le festival Nangnerki qui tient son nom de l’arbre servant à fabriquer le balafon, instrument musical phare de la communauté senoufo (communauté d’Afrique de l’ouest), se veut un symbole de l’unité, de rassemblement, du raffermissement des liens sociaux et d’intégration des peuples. « Le festival Nangnerki, est un évènement intégrateur annuel qui vise à sauvegarder et à valoriser le potentiel culturel des communautés du Mali, de la Côté d’Ivoire, du Burkina Faso, du Benin et du Ghana », explique Kassim Bengaly, fondateur du festival.
Un brassage culturel
C’est dire que le festival Nangnerki ne s’enferme pas dans un carcan communautariste mettant uniquement en exergue la culture senoufo. Cet événement melting-pot s’ouvre à toutes les zones culturelles du Mali et de la sous-région. L’édition 2023 avait d’ailleurs pour invitée l’Association des communautés du nord du Mali, Ir Ganda. Aussi, les scènes du festival Nangnerki constituent un véritable espace de rencontre, de dialogue et de partage entre les différentes communautés tout en promouvant leurs valeurs traditionnelles et les pratiques artistiques culturelles de leur terroir.
C’est en 2020 que cet originaire de Sikasso, entouré de quelques passionnés et assoiffés de leur culture décident d’initier cet évènement afin non seulement de préserver la culture sénoufo et malienne mais aussi contribuer au développement socio-économique de la région voire du Mali. Ils restent convaincus que les événement culturels constituent aujourd’hui de réelles opportunités de développement local. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une conférence autour du thème : « L’impact d’un festival sur le développement local : cas de Ségou’Art festival sur le Niger », sera animé par Attaher Maïga, secrétaire général de la Fondation festival sur le Niger. Un moment de partage autour de l’impact socioéconomique du festival sur le Niger en 20 ans d’existence sur la ville de Ségou et au-delà.
Au chevet du Tata Sikasso
Placée sous le thème : « le Tata et ses éléments associés, patrimoine en péril », cette édition du festival mettra un accent particulier sur le Tata de Siaksso à travers une série de panels animée par des experts du domaine. Ces activités de réflexion approfondie autour du Tata entendant aboutir à des actions fortes dans le sens d’une réflexion des recommandations fortes et pertinentes afin de préserver ce patrimoine de la région et ses éléments associés notamment le Samory Kuruni, le Nakafali Kuru, le Mamelon, la Fosse commune, la tombe du Lieutenant Loury. Le Tata ses éléments constituent des symboles les plus représentatifs de la résistance à l’occupation estrangère au Mali. Les organisateurs du festival entendent ainsi apporter leur contribution aux efforts de préservation de ces biens culturels.
Le festival Nangnerki accorde une place de choix à la formation depuis ses débuts et il compte respecter la tradition cette année. Plusieurs formations sont prévues lors de cette 5e édition. Il est notamment prévu un atelier de formation destiné à 20 journalistes de Sikasso. Ledit atelier qui sera animé́ par le journaliste émérite Salif Sanogo et tournera autour de trois modules : le rôle de l’animateur-présentateur, la collecte de l’information et comment préparer une bonne interview. Salif Sanogo donnera également une formation aux élus locaux sur l’importance de la digitalisation. Aussi, 20 jeunes seront formés à la fabrication sur les différents types de balafon par le célèbre balafoniste Souleymane Traoré alias Nèba Solo.
Des artistes de renom
Côté festif, cette édition du festival offrira une programmation riche et variée avec notamment un mélange d’artistes modernes et traditionnels. Des artistes de renom comme le rappeur Mylmo, la chanteuse Mamou Sidibé seront accompagnés des artistes de la nouvelle génération Lil Dou, Seydou Chee, Esco P, Lil Zed, Fardo Mix, Bakoro Sidibé, Kènè Star, Oumar Konaté, Zamo, Anara, Dido Takoi entre autres.
Toujours en musique et manifestations folkloriques, des troupes traditionnelles comme les Koredougaw de Koulikoro, les Tièbléntiè de Kolokani, les masques de Boura, la danse Goron ainsi que des troupes de côte d’Ivoire et du Burkina Faso prendront d’assaut les scènes de cette 5e édition du festival.
D’autres activités comme la foire d’exposition offrent une vitrine aux artisans locuax et d’ailleurs, des visites touristiques, Sikasso ville propre, un concours d’assainissement entre opposant les quartiers de Sikasso, un défilé de mode ainsi que la coupe Nangnerki, une compétition de football, qui se veut un espace de retrouvailles et de cohésion entre les jeunes de Sikasso, sont egalement au programme.
Placée sous le haut parrainage du ministre de l’artisanat, de la culture, de l’industrie hôtelière et du tourisme M. Andogoly Guindo, cette édition aura comme invité d’honneur M. Rimtalba Jean Emmanuel Ouedraogo, ministre de la communication, de la culture, des arts et du tourisme du Burkina Faso.
Youssouf Koné