Du 12 au 13 avril 2024, s’est tenue à Ségou, la Rentrée artistique et culturelle du Groupe Kôrè Art et Culture, sous le thème « diversité culturelle, paix et unité ». Deux jours marqués par une séance de formation, un moment de discussion, un vernissage et des programmations artistiques.
La ville de Ségou, de plus en plus, renforce son statut de vitrine culturelle et artistique par excellence où créations maliennes et africaines s’expriment avec brio, liberté et engagement. Et cela, grâce aux artistes, aux associations, aux Centres de formation et entreprises culturelles qui, de jour en jour, naissent, en mettant en avant une diversité qui fait la beauté de l’écosystème culturel ségovien, voire malien.
Parmi ces institutions, incontournable est le trio Fondation festival sur le Niger – Centre culturel Kôrè – Institut Kôrè des Arts et Métiers. Trois structures désormais réunies en un consortium dénommé Groupe Kôrè Art et Culture (GKAC). Une fusion qui prône l’unicité, le travail en synergie ; des valeurs que les trois structures partagent déjà, notamment avec le concept du Maaya qu’elles développent depuis de belles années : « Ce consortium vise à renforcer la mutualisation des efforts, la mobilisation des ressources humaines. Cela nous facilite le travail et nous plonge davantage dans cette philosophie du Maaya que nous avons toujours prôné » explique Mamou Daffé, président de la Fondation Festival sur le Niger.
Une rentrée culturelle remarquable
Formation des directeurs de centres culturels, renouvellement d’un cadre de discussion dénommé « Kôrè Baro » dans le cadre du dialogue inter-Maliens initié par les autorités de la transition, restitution d’une création (symphonie pour la paix avec plus d’une dizaine d’artistes sous la supervision du musicien Cheick Tidiane Seck) afin de renforcer le message de paix et de cohésion sociale à l’endroit des Maliens, concert inaugural avec les artistes Dabara Junior et Virginie Dembélé, lancement officiel d’un concours « dénommé peindre la paix » et vernissage de l’exposition intitulée « Fitinè » de l’artiste Ibrahima Ballo, la Rentrée artistique et culturelle du Groupe Kôrè a été un moment unique de mettre en avant la vision du consortium Festival sur le Niger – Centre culturel Kôrè – Institut Kôrè des Arts et Culture pour la saison 2024 – 2025.
« Nous allons beaucoup travailler sur les questions environnementales à travers le programme Jeunesse, Environnement et Citoyenneté (JEC), les questions liées à l’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement et aussi sur les questions liées à la scolarisation des filles », a déclaré Attaher Maïga, coordinateur du Groupe Kôrè Art et Culture.
Au-delà de cette vision, cette rentrée culturelle a été l’occasion d’évoquer la célébration des 20 ans du festival qui rappelons-le, se poursuit jusqu’au 31 décembre 2024, avec des activités majeures comme le retour du concours talent de la cité, le concours national de musique et de tresse, la deuxième édition de la nuit du pagne tissé entre autres. Au niveau de l’Institut Kôrè des Arts et Métiers, aura aussi lieu le lancement de la 3eme promotion du Master en management culturel avec des auditeurs originaires d’environ 5 pays de l’Afrique de l’Ouest. « Nous allons continuer en profondeur sur notre concept d’art social et de changement de comportement pour lequel nous travaillons depuis une dizaine d’année », a notifié Mamou Daffé.
Formation des directeurs de Centres culturels
Des Centres culturels, on en trouve à foison aujourd’hui au Mali. Dans toutes les régions, des espaces plus ou moins aménagés accueillent les créateurs et participent à la promotion de la culture malienne. Une belle dynamique qui démontre l’intérêt des acteurs culturels pour le développement de l’art au Mali même si le pilier, à savoir la formation, fait défaut.
Fort de ce constat, le Groupe Kôrè Art et Culture a jugé nécessaire, en marge de cette Rentrée artistique et culturelle, d’accorder une importance particulière à la formation. L’une des activités phares qui a marqué cette rentrée culturelle et artistique est donc un renforcement de capacité à l’endroit des directeurs de Centres culturels du Mali.
Placée sous le thème « Industries culturelles et créatives et développement local : rôle et place des Centres culturels », cette formation a permis, en deux jours, à plus d’une vingtaine de directeurs de centres culturels, venus des quatre coins du Mali, de bénéficier de renforcement de capacité en Administration, Structuration, et Gestion financière des Centres culturels et en Communication digitale et marketing des Industries culturelles et créatives. « Cette formation a été très importante pour moi car elle m’a apporté un plus en tant que directrice de Centre culturel. Elle sera d’un apport capital pour le développement de nos activités dans notre région », a témoigné Nathalie Sidibé, promotrice du Centre d’Entrepreneuriat culturel et artistique de Kayes et directrice du Festival Kayes Séko.
Kôrè Baro – Dialogue inter – Maliens
Des voix, de plus en plus, s’accordent sur le fait que les Maliens ont besoin de se parler afin d’avancer ensemble, main dans la main. Donner la parole à tout le monde afin que chacun fasse parler son cœur, fasse ressortir ses frustrations ou encore ses propositions pour un Mali fort est le but recherché par les autorités de la transition qui ont initié le dialogue inter-Maliens.
Durant la rentrée artistique et culturelle, la salle Youssouf Tata Cissé du Centre culturel Kôrè a servi de théâtre pour l’initiative Kôrè Baro, organisée en lien avec ce dialogue. Durant plus de deux heures, une discussion riche en contradictions et en propositions a opposé les acteurs culturels avec pour principal invité le griot Bourama Soumano, au côté de Mamou Daffé.
Dans un exposé riche, Bourama Soumano a donné sa vision du thème : « Dialogue Social : facteur de paix, de réconciliation et de cohésion sociale ».
L’homme est revenu sur les valeurs d’antan avec un accent sur l’organisation sociétale qui caractérisait le Mali d’hier et qui faisait que les conflits étaient évités au maximum. Fais le tout pour le tout pour sauvegarder notre culture, a-t-il expliqué, est essentiel pour aller de l’avant : « Nous devons recourir à nos valeurs fondamentales que nous sommes en train d’abandonner au profit de celles des autres. Notre mode de pouvoir actuel est à revoir. Totalement copié sur l’occident, il fait partie des sources majeures de nos difficultés ».
A la suite de l’intervention de Bourama Soumano, largement partagée par l’assistance, plusieurs autres déclarations et propositions ont marqué le Kôrè Baro. Les acteurs culturels comme Adama Traoré du groupe Acte 7, le docteur et traditionaliste Fodé Moussa Sidibé ou encore Mamoutou Keita de l’Union des Associations, des Artistes producteurs et Éditeurs du Mali (UAAPREM) ont pris la parole pour apporter leur point de vue sur la question. « La chaîne a été interrompue par nous-même qui avons échoué dans le processus de transmission de valeur que nos parents nous ont enseignés », s’est confessé pour sa part Magma Gabriel Konaté, membre du Conseil national de la Transition.
Spectacle et lancement du concours « Peindre la paix »
Au-delà des formations et du Kôrè Baro, la rentrée artistique et culturel a aussi été l’occasion de vivre d’intenses moments de divertissement avec une programmation artistique riche en théâtre, vernissage et propositions musicales.
La cour du Centre culturel Kôrè a accueilli un concert inédit de l’artiste Virginie Dembélé et deux spectacles de théâtre : Cercle au féminin d’Alima Togola et un One Man Show de l’artiste comédien Bintou Yôrô intitulé « Tiounè ».
Dans l’après-midi du 13 avril, la cour de la Fondation Festival sur le Niger a été le théâtre d’un vernissage intitulé « Fitnè » de l’artiste plasticien Ibrahim Ballo et de restitution d’une création musicale intitulée « Symphonie pour la paix ». Cette symphonie qui a regroupé plus d’une dizaine d’artistes et qui a été un voyage à travers les différents airs musicaux du Mali, a été dirigée par le musicien Cheick Tidiane Seck. Elle a porté sur la thématique de la paix et de la réconciliation nationale.
Pour terminer la rentrée artistique et culturelle en beauté, le lancement officiel d’un concours national d’Art contemporain a eu lieu. Il s’adresse aux artistes plasticiens, photographes et artistes numériques. Les jeunes artistes de toutes les régions du Mali peuvent proposer jusqu’à deux œuvres par candidat. Des œuvres qui portent un message de paix et de cohésion sociale.
Issouf Koné