Hommage à Amahigueré Dolo : 9 choses très importantes à savoir sur l’artiste

Le sculpteur malien, Amahigueré Dolo est décédé ce 21 aout 2022. La nouvelle de sa disparition a été un véritable choc pour les acteurs culturels du Mali et d’ailleurs. L’artiste en 9 points essentiels.  

1-Son nom « Amahigueré »

Amahigueré Dolo a vu le jour à Gogoli (dans le cercle de Sangha), le 16 juin 1955. Il a eu six frères, à tour de rôle décédés aussitôt qu’ils sont nés. A sa naissance, il a été baptisé Amahigueré. Ce qui signifie en dogon Que dieu me tienne débout. « Ama » signifiant Dieu et « Higueré » qui veut dire en dogon tenir débout.

Photo : Guy Lenoir

2- Il s’intéresse au travail de forgeron à l’âge de 10 ans

Tout est parti du fait que l’intime ami de son père exerçait ce métier. Quand son père se rendait chez ce dernier pour passer du temps, Amahigueré l’accompagnait et était secrètement émerveillé par les figures que le forgeron réalisait avec le bois. Il n’avait que 10 ans et déjà, il aidait le ce dernier à rougir son fer, à attiser son feu. Il faisait aussi ses petites commissions. Le forgeron a fini par l’aimer et l’a autorisé à se rendre à l’atelier quand il le voulait. Amahigueré s’y rendait donc tout le temps, même sans son père. Il passait quasiment tout l’hivernage là-bas.

3- Soumis à un conseil de famille très tôt

Très tôt, il a commencé à s’intéresser à la fabrication des objets. Il avait du mal au départ car il brulait du bois sans cesse, sans parvenir à faire pareil que son maitre. Grace à la persévérance, il réussissait finalement à fabriquer des objets qui plaisaient aux touristes. Puisqu’il avait commencé à gagner de l’argent, les gens le prenaient pour un voyou et allaient même jusqu’à dire à ses parents qu’il était un voleur. Il a donc été soumis à un conseil de famille durant lequel ils lui ont fait comprendre qu’en tant que noble, il n’avait pas le droit de sculpter, qu’il prenait un risque énorme car des forgerons pouvaient l’en vouloir et attenter à sa vie s’il n’arrêtait pas.

Exposition de L’Artiste Amahiguére Dolo au Musée de Menil à Houston (photo Souleymane Ouologuem)

4- Il a trouvé inutile de faire une formation en sculpture à l’INA

Orienté à l’Institut national des arts de Bamako, bien qu’il aurait dû faire la section sculpture, il a préféré faire l’art plastique. Le dessin aussi l’intéressait et il ne pensait pas pouvoir apprendre quelque chose de plus en sculpture. Pour lui, ce serait perdre son temps que de faire une formation en section sculpture alors qu’il avait déjà appris beaucoup de choses dans ce domaine au village.

5- 10 ans au service de l’État à Gao

Après quatre ans de formation à l’INA, il a été envoyé à Gao en tant que fonctionnaire de l’État où il était responsable musées, sites et monuments. C’était un système de recherche mis en place par l’État pour des études concernant le patrimoine culturel malien. 10 ans après, il démissionne de la fonction publique pour se consacrer entièrement à la sculpture.

6- Il s’installe à Ségou pour sculpter en paix

Il s’est installé à Ségou pour ses activités car, en tant que noble et donc interdit de sculpter, il ne pouvait pas retourner à Sangha. A Ségou, il s’est dit qu’il pouvait paisiblement mener son activité sans qu’on ne lui rappelle à chaque fois qu’il n’était pas destiné à la faire.

Amahigueré Dolo dans son atelier à Ségou

7- Il accuse le catalan Miquel Barceló d’usurpation

Amahigueré Dolo et Miquel Barcelo se rencontrent pour la première fois à Gao en 1988. Fasciné par la technique de Dolo, Barceló veut apprendre auprès de lui la céramique. Ils deviennent de très bons amis. Amahigueré Dolo l’emmène même dans son village. Pendant longtemps, ils collaborent. En 2000, Amahigueré découvre une exposition dénommée « Barceló, un peintre et la céramique », qui se tient au Musée des arts décoratifs à Paris. Parmi les œuvres exposées, signées Barceló, il dit reconnaitre son travail et accuse le peintre catalan d’usurpation. Celui-ci dément. Amahigueré propose de vérifier car soutient-il « Mes empreintes sont incrustées dans la terre cuite. »

8- Que du bois mort

Il ne travaille que le bois mort, refusant de couper le bois frais par respect pour la vie qu’il contient. La cosmogonie dogon représente le cœur de son inspiration.

Photo : Laura Heurteloup

9- Un artiste reconnu à travers le monde

Amahigueré Dolo est un sculpteur à succès, l’un des plus importants d’Afrique. Il a exposé et donné des conférences partout dans le monde et vendu des œuvres à d’importantes personnalités, notamment au président Jacques Chirac.

Issouf Koné

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