Jonglage musical : une nouvelle discipline artistique adoptée par le Mali

L’artiste français, Thomas Guérineau, a bouclé le jeudi 13 octobre dernier, au Complexe culturel Blonba, sa troisième série de formation en jonglage musical avec une trentaine de jeunes maliennes. Organisée par la Compagnie Nama, cette formation est une première expérience qui fait découvrir cette pratique artistique aux maliens.

C’est en 2021 que le directeur de la Compagnie Nama, Yacouba Magassouba, faisait la connaissance de l’artiste français Thomas Guérineau et son art grâce à l’ancien directeur de l’Institut français du Mali, Patrick Giraudo. Il l’invite donc la même année, à son festival « Rendez-vous chez nous à Bamako », où l’artiste jongleur époustoufle ses hôtes sur scène.

Formation en jonglage musical dans le cadre du projet “Basketteuse de Bamako”

Quelques mois plus tard, avec le soutien du projet AWA (Art in West Africa), la compagnie décide de tenter l’expérience de cette nouvelle pratique se trouvant à la frontière de l’art et du sport mais, beaucoup plus artistique selon Thomas Guérineau. Il débarque ainsi à Bamako pour partager son expérience en jonglage musical. 

Le corps, un ballon de basket, de la musique

Après une longue série de formation avec une trentaine de filles maliennes, une séance de restitution a permis aux bénéficiaires de présenter au public, le 13 octobre dernier, au Complexe culturel Blonba, le résultat de ces longues semaines de travail de recherche et de création.

Discipline artistique nouvelle au Mali, le jonglage musical se pratique avec le corps, un ballon de basket, de la musique, du chant et de la percussion. Il peut se faire également avec la manipulation de divers objets comme la massue et des sacs plastiques. Mais Thomas Guérineau a jeté son dévolu sur le ballon de basket : « Personnellement, je ne suis pas quelqu’un qui s’intéresse au sport. Lorsque dans ma démarche de jonglage j’ai commencé à travailler avec le ballon de basket, ça m’a tout de suite intéressé pour son aspect percussif avec une sonorité du ballon qui donne un aspect dynamique à l’activité. Le ballon de basket, explique-t-il, m’a intéressé pour son aspect rebondissement qui donne des formes de corps et de danse. »

Formation en jonglage musical dans le cadre du projet “Basketteuse de Bamako”

Le son des frappes du ballon au sol et dans la paume de la main, combiné à la musique qui accompagne la performance et le chant, donne des sonorités originales. « Je travaille beaucoup plus intuitivement, je ne prépare pas tellement les choses. J’utilise beaucoup le langage musical, rythmique mais aussi le langage harmonique. »

Une découverte

Toutefois, Thomas Guérineau n’établit pas de lien direct entre le sport et l’art même malgré l’intervention du ballon de basket. A ses dires, le sport est quelque chose qui est normé scientifiquement ou rationnellement car le basketteur doit mettre la balle dans le panier, le footballeur doit la mettre dans une cage, l’athlète doit courir le plus vite possible pour arriver à un point avec un chrono. Ce qui selon lui, est tout le contraire chez l’artiste : « On n’a pas besoin de mesurer l’activité artistique. L’art est subjectif et intuitif. Il se fait sur la sensation que je veux débordante », poursuit-il.

Ballon de Jonglage musical

Mariam Diakité, danseuse chorégraphe et membre du groupe Les Pipi de Kati est l’une des bénéficiaires de la formation. Mariam dit avoir vécu une nouvelle expérience artistique à travers ce projet qui, selon elle, peut être bénéfique pour les jeunes apprenantes. « Cette pratique est nouvelle pour moi comme pour toutes les autres filles mais je n’ai pas hésité à prendre part à la formation car un artiste doit toujours innover et tenter de nouvelle expérience. C’est toujours bénéfique. Je crois que si nous faisons ce que la formation entend de nous, on va faire quelque chose de magnifique à la fin de la formation », nous explique-t-elle.

La Compagnie Nama et ses partenaires ne comptent pas en rester là. Les responsables de la compagnie ont décidé, qu’en septembre 2023, les bénéficiaires de cette formation se rendent à Paris pour deux mois de résidence au cours de laquelle, un spectacle sera créé, spectacle qui se jouera à l’ouverture des Jeux Olympiques 2023 à Paris. Une large diffusion dudit spectacle sera également programmée au Mali afin de faire découvrir davantage cette discipline encore très peu vulgarisée en Afrique. 

Youssouf Koné      

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