Le festival Les Praticables est de retour. Cet évènement qui, à sa naissance en 2017 se déroulait tous les ans, est passé en biennale. Cette année, il signe sa cinquième édition, au grand bonheur du quartier de Bamako Coura qui l’abritera jusqu’au 17 décembre 2023. Ressembler aux populations, les rassembler, être guidé par leurs aspirations afin de les faire ressortir dans les créations, telle est la vision de ce festival.
Un visuel assez atypique, particulier, du style jaune et blanc dégradée, sur lequel on peut lire : « Fabrique citoyenne d’un nouveau théâtre d’art populaire », « Faire de rien quelque chose… » Tout est résumé. Les Praticables, depuis sa mise en place en 2017, s’est fixé pour mission de valoriser « le pluriel », de faire communauté, en mettant le théâtre au service des populations.
Les organisateurs, au fil des ans, ont su composer avec le quartier de Bamako Coura qui s’est finalement approprié le rendez-vous. Au-delà des différents sites qui accueillent les activités, tout le quartier est devenu un laboratoire artistique où les énergies se rencontrent pour donner et recevoir, partager, rêver, espérer, chanter et promouvoir le vivre ensemble « Ce festival nous fait du bien car il nous ressemble, mieux, il nous rassemble. Il permet les retrouvailles et met en avant la cohésion sociale », se réjouit madame Coulibaly dont le domicile accueille, traditionnellement, la conférence de lancement à chaque édition.
Un programme dense
La conférence de lancement s’est tenue ce vendredi 8 décembre 2023 et a permis, non seulement de rappeler la philosophie de cette cinquième édition de Les Praticables mais a aussi été l’occasion de dévoiler son programme. Programme d’une densité alléchante. En effet, les activités, diversifiées, ne se limitent pas qu’au théâtre. Nous avons aussi de la danse, de l’art visuel, des concerts, de la poésie, du Djing, des discussions, de l’animation ainsi que des parades. Dans la soirée, les habitants de Bamako Coura ont pu assister à la parade des bouchers qui fut la première ambiance de cette édition. Il s’agit d’une manifestation qui se tient traditionnellement à Mopti. Lamine Diarra, directeur artistique du festival qui a grandi dans cette région et qui a eu l’occasion d’assister plusieurs fois à cette parade, a eu l’idée de l’inclure dans le programme de cette année afin de la faire découvrir aux jeunes Bamakois.
Les autorités administratives et coutumières de Bamako Coura, la jeunesse bamakoise, les artistes aux disciplines diverses, passionnés d’art de manière générale, les femmes, les journalistes, tous étaient présents pour donner ensemble le coup d’envoi de l’évènement dans un élan d’espoir. « Nous ne pouvons pas estimer la valeur réelle du festival car sa portée est énorme. Depuis sa mise en place, à travers son programme axé sur l’éducation, les enfants tout en s’amusant apprennent beaucoup de choses et cela nous réjouit », confie Bakary Diarra dit Abel, ancien député de la commune III qui accompagne Les Praticables depuis le début.
Discuter des « vrais problèmes »
L’événement mettra à l’œuvre plus d’une cinquantaine d’artistes nationaux et internationaux durant 9 jours. Ces artistes, à travers les œuvres créées, questionnent le quartier, le monde, ils posent des questions mais cherchent aussi des réponses. L’idée est de fusionner, faire du quartier de Bamako Coura un théâtre de reconstruction au sein d’un Mali fragilisé par sa situation socio politique. « Ce projet est un projet de création. Les artistes vivent une véritable immersion pendant laquelle ils rencontrent les populations, discutent avec elles, mangent avec elles, jouent à la belotte etc. pour ensuite créer des pièces inédites », nous informe Lamine Diarra.
« Depuis l’antiquité du théâtre, il y a une chose sur laquelle on surélevait le comédien, pour qu’il soit au même niveau que les aspirations de la société. Cette chose s’appelle “Praticable” » a rappelé l’auteur et comédien congolais Dieudonné Niangouna, pour expliquer l’origine du nom du festival et la vision de Lamine Diarra qui, à travers ce rendez-vous, veut permettre aux populations de discuter des « vrais problèmes » afin de trouver des solutions communes.
Issouf Koné
