L’interview de la semaine : le plasticien Dramane Toloba et son intérêt pour le recyclage

Avec des tissus usés, notamment le wax, le bazin, le satin, du papier mâché, des canettes de boisson récupérées çà et là, l’artiste plasticien malien, Dramane Toloba, à travers une technique de collage sur toile, s’engage contre le changement climatique. Ses œuvres abordent l’évolution de la technologie avec comme conséquence la robotisation du monde. Aussi, l’intérêt accordé à la condition de la femme dans nos sociétés est un aspect qui revient dans son œuvre. Konexion Cultrure s’est entretenu avec l’artiste.

Avenir lunmineux

Konexion Culture : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Dramane Toloba : Je me nomme Dramane Toloba, artiste plasticien malien. Je vis et travaille à Bamako. Je suis beaucoup plus dans le recyclage de tissus abandonnés auxquels je redonne une seconde vie.

KC : Comment avez-vous fait le saut dans le monde des arts ?

Dramane Toloba : Je dirais que c’est l’art qui est venu à moi.  Depuis l’école fondamentale, j’avais comme passe-temps favori le dessin des personnages de bande-dessinées. J’exécutais aussi les croquis des cours de sciences naturelles pour mes camarades. Après l’obtention de mon baccalauréat en sciences exactes, j’ai commencé des études en sciences économiques à l’université de Bamako. C’est un ami qui m’a conseillé de faire le concours du conservatoire des arts. Je l’ai fait et je l’ai réussi. Tout est parti de cette école.

Guitare et vent

KC : Comment le choix pour la peinture est-il né?

Mon admission au concours du conservatoire des arts m’a fait découvrir que je pouvais faire de la peinture mon travail car j’ai vu qu’on pouvait en vivre en voyant les grands maîtres comme M. Abdoulaye Konaté.

KC : Comment votre choix de vouloir devenir artiste a-t-il été perçu dans votre entourage ?

Dramane Toloba : En toute franchise, je n’ai jamais eu de problème sur ce point car l’art fait partie de ma culture (Dogon), du coup, la famille n’en a pas fait un problème. Et vu que j’avais déjà obtenu une licence en économie et une maîtrise en gestion, cela a facilité les choses et atténuer les préjugés vis-à-vis de la vie d’artiste.

KC : Quelle est votre définition de l’art ?

Dramane Toloba : Pour moi, l’art c’est de faire naître une lumière dans la vie de son monde, c’est donner une seconde vie à des objets destinés à la poubelle et par la même occasion réduire la pollution de la nature.  

KC : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés en tant qu’artiste plasticien ?

Les difficultés auxquelles je fais face en tant qu’artiste sont relatives au problème d’espace d’expression (galerie). On en a très peu au Mali en plus d’avoir un problème d’acquéreurs. En effet, vendre ses toiles sur place n’est pas évident.

Divine lumière

KC – Comment vous définissez-vous en tant qu’artiste ?

Dramane Toloba : Je me vois comme un chercheur de lumière dans un monde obscure. Je redonne vie à ce que les autres abandonnent.

KC : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Dramane Toloba : Je suis inspiré par le mouvement du corps humain mais aussi par mon écosystème. Je traite souvent des thématiques de la place des nouvelles technologies dans nos vies. Cette thématique mérite d’être traitée vu que parfois elle remplace l’humain ou le déconnecte de la réalité. La part sociale et réelle diminue au profit du virtuel et du paraître. La plastique féminine m’inspire beaucoup également. Les courbes, les formes et les mouvements de la physique féminine épousent parfaitement mes compositions avec les lampes et les objets sources de lumière. Je suis un grand nostalgique du passé donc je représente souvent des scènes devenues plus rare à voir de nos jours comme l’usage des lampes à huile et à pétrole.

La dame aux oiseaux

KC : Parlez-nous de vos projets futurs ?

Dramane Toloba : Je travaille sur une nouvelle série pour approfondir encore plus ma technique et je suis également à la recherche de potentiels collaborateurs pour élargir mes horizons.

Propos recueillis par Youssouf Koné

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