Fraîchement publié aux éditions La Sahélienne, le recueil de conte « La belle Fatimata et l’homme sans cicatrices », signé Anne Dudte Jhonson alias Mamou Koné, a été officiellement présenté au public lors d’une cérémonie officielle de lancement. Elle s’est tenue dans la salle de conférence de l’Académie malienne des langues (AMALAN), le 7 septembre dernier.
« La belle Fatimata et l’homme sans cicatrices » est un livre bilingue. Écrit en bamanankan en plus de la version française. Il constitue le fruit de plusieurs années de recherche auprès de personnes ressources (griots pour la plupart) de la localité de San, zone géographique du Centre du Mali où l’auteure, Anne Dudte Jhonson alias Mamou Koné a travaillé comme volontaire du Corps de la paix entre 1994 et 1997.
De cette aventure malienne qui l’a conduit dans les zones rurales les plus reculées de San, elle a recueilli environ une trentaine de contes dont le premier volume « La belle Fatimata et l’homme sans cicatrice » pour la version française et « Fatimata Ceni ani Ce Jolifon Ntan » pour ce qui concerne la version en bamanankan. Le livre, en tout, est composé de cinq contes : La belle Fatimata et l’homme sans cicatrices, La vieille femme seule et très pauvre, Le grand Caïlcédrat et l’orphelin, Le lièvre et la grande hyène et enfin Le chasseur à la conquête de la Kora enchantée.
La présentation du livre s’est tenue à l’Académie malienne des langues, le 7 septembre 2023, en présence de l’auteure, spécialement venue de Conakry où elle exerce comme diplomate à l’ambassade des Etats-Unis et de son éditeur Ismaila Samba Traoré, fondateur des éditions La Sahélienne. Beaucoup d’autres personnalités du monde des lettres (éditeurs, écrivains, libraires etc…) ont également effectué le déplacement pour découvrir l’œuvre, saluer le travail de l’auteure et discuter de la place du conte au sein de nos sociétés.
« J’avais 21 ans… »
Anne Dudte Jhonson se souvient encore du début de cette aventure, entamée lorsqu’elle n’était qu’une jeune fille venue tout droit du pays de l’oncle Sam. « J’avais 21 ans et je venais d’arriver des Etats-Unis. Je m’imprégnais souvent des histoires racontées par les griots, des histoires que j’aimais beaucoup », témoigne-t-elle.
La polyglotte qu’elle est devenue aujourd’hui, s’était fondue à l’époque dans sa communauté d’accueil, y a appris le bamanankan, une nécessité non seulement pour ses activités dans le cadre professionnel mais aussi pour mieux comprendre toutes ces histoires qui se racontaient autour d’elle. « Ce recueil est pour moi très significatif car il traduit mon attachement pour le Mali, ce pays, grand par son histoire ».
Contribuer à la sauvegarde du patrimoine culturel malien
L’ouvrage de Mamou Koné, « la plus malienne des américaines », qui considère l’Afrique de l’Ouest comme sa seconde patrie, pour y avoir longtemps travaillé (elle y travaille encore), est un rappelle à ce que le conte représente comme richesse en Afrique. Au-delà de son caractère ludique et didactique, constamment rappelé, l’auteure ajoute que les contes sont des points de convergence de la magie, de l’histoire, de la culture et des valeurs, enveloppés de langue et de sens. Quant aux griots, elle dira d’eux qu’ils sont à la fois des historiens, des artistes et des enseignants.
A travers ce bouquin, Mamou Koné apporte sa part à la promotion du patrimoine culturel malien ; richesse qui nécessite une sauvegarde urgente. « C’est un honneur pour La Sahélienne d’éditer ce livre de l’auteure Anne Dudte Jhonson. On ne parlera jamais assez de l’importance du conte dans nos sociétés. Mamou a fait un excellent travail et nous la remercions pour cela », confie Ismaila Samba Traoré.
La cérémonie fut un cadre d’échange marqué également par la présence des tout-petits, les principaux concernés dont certains qui avaient déjà lu le recueil. Ce fut l’occasion pour l’un d’entre eux de conter l’élément éponyme sur les cinq que compte le livre, histoire de joindre l’utile à l’agréable.
Le livre est désormais disponible aux Éditions La Sahélienne au prix unique de 5 000 francs.