Modibo Dama, écrivain malien, exprime une préoccupation importante concernant la littérature malienne contemporaine. Selon lui, bien que cette littérature soit dynamique, elle souffre d’un manque de qualité dans ses productions récentes. En particulier, Dama dénonce la médiocrité de certaines œuvres et la pression exercée sur les jeunes auteurs pour publier rapidement. Ses critiques mettent en évidence des défis majeurs qui méritent une réflexion approfondie.
Modibo souligne que « la littérature malienne actuelle est dynamique », ce qui est un indicatif positif du développement créatif. Par contre, il précise que « elle produit très peu d’œuvres de qualité ». Ce décalage entre dynamisme et qualité peut être attribué à plusieurs facteurs. Il déplore que les éditeurs se concentrent davantage sur les gains financiers que sur la qualité des œuvres. Ce constat est corroboré par Ibrahim Dramé, un grand lecteur qui critique sévèrement certaines publications récentes. Il observe que ces œuvres souffrent de « syntaxes à donner de maux de tête » et de « l’usage anarchique des temps verbaux », rendant ainsi la lecture « insupportable ».
Il est important de reconnaître que la situation actuelle ne peut être totalement attribuée à la seule volonté des éditeurs ou à l’impatience des auteurs. En effet, les maisons d’édition maliennes font face à des défis financiers importants. Les livres peinent à se vendre, ce qui limite les moyens disponibles pour un processus d’édition complet et rigoureux. Les éditeurs, confrontés à des contraintes budgétaires, sont parfois contraints de publier avec les ressources limitées dont ils disposent, ce qui peut expliquer l’absence de comités de correction ou de lectures approfondies. En ce sens, les critiques doivent être nuancées ; il ne faut pas « jeter le bébé avec l’eau de bain ».
De plus, les jeunes auteurs, souvent dépourvus de ressources financières suffisantes, se voient dans l’obligation de publier avec le peu d’argent dont ils disposent. Cela entraîne parfois une qualité inférieure, car les coûts associés à une édition soignée sont élevés. Ce manque de moyens impacte directement la qualité des ouvrages publiés, contribuant à une situation où les erreurs de syntaxe et les incohérences narratives deviennent plus fréquentes.
Il est également crucial de ne pas oublier que l’acceptation d’un texte ne dépend pas seulement de sa qualité immédiate, mais aussi du contexte littéraire et culturel dans lequel il est présenté. Historiquement, des auteurs comme Ahmadou Kourouma de la Côte d’Ivoire ,voire Moussa Konaté du Mali ont rencontré des résistances importantes avant de recevoir la reconnaissance qu’ils méritaient. Leurs travaux, initialement rejetés , sont aujourd’hui largement respectés et admirés. Ce rappel est important pour comprendre que la qualité littéraire peut parfois être reconnue tardivement.
Ainsi, tout en reconnaissant les problèmes actuels, il est essentiel de continuer à soutenir les jeunes auteurs et les éditeurs, en cherchant des solutions pour améliorer les processus éditoriaux et en tenant compte des réalités financières. Les critiques constructives doivent être accompagnées d’un soutien pratique pour surmonter les défis et encourager l’émergence de littérature malienne de haute qualité.
En fin, bien que la littérature malienne soit confrontée à des difficultés en matière de qualité et d’édition, il est important de considérer tous les aspects du contexte dans lequel elle évolue. Les défis financiers et les ressources ( humaines ) limitées jouent un rôle crucial dans cette situation. En soutenant les auteurs et les éditeurs tout en maintenant un regard critique, nous pouvons espérer voir émerger une littérature malienne qui conjugue dynamisme et excellence.
Lawale Chaka , Journaliste-écrivain