Littérature : Mohamed Diarra – « Millésimes » : lecture d’une première de couverture significative

La première de couverture d’un bouquin, en tant que première page est d’une importance capitale. Elle mérite une attention particulière comme on le voit avec Millésimes (Éditions La Sahélienne, 2023), de Mohamed Diarra.

Difficile de plonger dans Millésimes sans s’attarder un tant soit peu sur sa couverture. Tout en bas, sur environ 1/4ème de la page entière, dans le sens de la hauteur, se décline une couleur noire. Symbolisant la peur, la tristesse, la déception, la perdition… elle est affectée d’un léger rouge, pratiquement noyé. Deux silhouettes d’hommes sont visibles juste au-dessus, avec en profondeur une sorte de forêt donnant l’air d’être emprisonnée par des flammes. Ce rouge feu, exprimant les blessures, résultat des efforts vers l’affranchissement, se repend vers le haut, diminuant en intensité pour laisser la place à un jaune visible à droite et légèrement sur le côté gauche. Ce jaune, encercle un soleil dont la pureté formule toute la puissance, signe de grandeur et de gloire. La quête des deux silhouettes en bas ?

Très expressive, cette couverture nous résume parfaitement toute la richesse qui se dégage du bouquin; richesse dont on parlera moins ici. L’illustrateur, avec imagination a su user du style dégradé sur le trio de couleurs jaune, rouge et noir pour faire ressortir en cette couverture du recueil, un peu des thèmes de chaque texte qui le compose. L’amour, la dépression, le rêve, l’existence, la souffrance, le mal, la mort, l’espoir, la thérapie…qu’on retrouve parfaitement dans les significations du noir, du jaune et du rouge.

Millésimes est un livre qui invite à se poser beaucoup de questions sur le monde, les humains, le but de l’existence. Il aurait pu s’appeler autrement, déclare Nabou Fall qui l’a préfacé. « La force du rythme apaisant des poèmes nous entraine avec sérénité vers une oasis de paix intérieure et pour moi, cet opus aurait pu s’appeler ‘‘Thérapie’’ ».

Vous l’avez, déjà, sans doute lu ou entendu quelque part : « On ne juge pas un livre à sa couverture ». Bien que justifiée, cette célèbre sentence, purement allégorique, a quelque chose d’un peu déstabilisateur pour la couverture. Hélas. D’une manière subliminale, elle pourrait fait entendre que celle-ci n’est pas si importante ( même si l’intention n’y est pas ) et que toute l’attention devrait se porter sur le contenu. Alors qu’un bouquin, c’est tout d’abord sa couverture. Il s’agit d’un seul élément, sinon de deux qui sont intrinsèquement liés.

La couverture représente en quelque sorte la carte d’identité d’un bouquin, l’élément par lequel le lecteur, même sans l’avoir touché, l’identifie ; ce morceau qui pourrait donner envie d’y entrer ou pas. Cette première page qui nous souhaite la bienvenue dans l’univers de l’auteur parle. Le but n’est pas que le contenu soit forcement jugé à travers elle mais elle doit dégager une certaine puissance. Elle pourrait, d’ailleurs, résumer le contenu et nécessite par conséquent une attention particulière lors de sa conception.

Une fleur, un buste, une statuette, un groupe de personnes, un monument, un mélange délicat de couleurs en fonction des thèmes abordés dans le bouquin…le tout mêlé au titre, avec une touche graphique particulière, la première de couverture donne au lecteur un avant-gout particulier. La couverture de Millésimes a réussi ce pari.

Issouf Koné

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