Livre : « Ainsi va le monde », une poésie engagée et instructive

Récemment paru chez Les éditions Gafé, « Ainsi va le monde » de Claire Paul Coulibaly est un recueil d’une quarantaine de poèmes qui dénonce les tares de notre société mais se veut également un ouvrage plein d’enseignement. 

A 66 ans, la malienne Claire Paul Coulibaly vient de publier son premier recueil de poèmes intitulé Ainsi va le monde, paru en juin 2022 aux Editions Gafé. Il y a de la sagesse mais aussi de l’engagement et de la dénonciation dans les textes de l’ouvrage. Ainsi va le monde nous invite surtout à être utile à notre entourage, à notre société, à être juste, bon et équitable peu importe notre position sociale. La cause féminine n’en est pas moins évoquée.

Le sens de la responsabilité, le patriotisme, les violences faites aux femmes, la maladie, la complémentarité entre l’homme et la femme, l’amour, le respect, la dépigmentation, l’hommage et l’actualité sont entre autres les thématiques traitées dans cet ouvrage. Le recueil se dresse également comme un hymne à la bravoure et à l’honnêteté. 

L’auteure donne le ton, dès le premier texte Passage qui nous rappelle l’éphémérité de la vie de l’homme qui se doit durant ce court passage ici-bas de « marquer son passage par le seau indélébile et cher du devoir bien fait ». Dans ce texte, elle y invite à laisser quelque chose de meilleur à la postérité à travers nos faits et dires. Dans le texte Temps, l’auteure évoque la préciosité de celui-ci pour l’être humain ainsi que le changement qu’il peut opérer dans la vie et de façon fugace. Le temps ne nous appartient guère et nous devons nous adapter à son cours. 

Des thèmes d’actualité, la cause féminine

Des thèmes d’actualité comme l’hommage aux Forces armées maliennes (Famas) qui connaissent aujourd’hui une montée en puissance dans la lutte contre le terrorisme. Soldat est d’ailleurs le plus long texte de l’ouvrage allant sur deux pages. « Ma sécurité, c’est toi // Loin des tiens pour l’amour de la patrie // Pour honorer le serment « vaincre ou mourir » // Plus fort, plus déterminé // A poursuivre le combat // A toujours gagner. » 

Dans ses textes, Claire Paul Coulibaly s’engage également pour la cause féminine. Elle dénonce notamment les violences faites aux femmes encore à notre époque. La violence et Toi qui souffre sont des textes illustratifs de ce combat. Dans le premier, elle dénonce les hommes qui s’adonnent à ces pratiques se manifestant sous plusieurs formes en parole tout comme en acte. Quant au deuxième poème, il parle de la situation de celle qui, à force de subir ces violences, décide finalement de quitter son bourreau pour un autre homme qui sait apprécier sa valeur et la respecter. Toutefois, dans L’homme et la femme, elle recommande et chante la complémentarité qui doit exister entre les deux.

La dépigmentation, l’un des phénomènes récurrents et d’actualité dans notre société n’échappe pas au regard de l’auteure dans son ouvrage. Elle y a dédié deux textes La dépigmentation 1 et 2. « Sa mauvaise senteur suscite le dégoût, la désapprobation // Sa couleur acquise provoque l’étonnement et l’indignation…» Ce texte invite à l’acception de soi à l’adresse de ceux qui s’adonnent à cette pratique, reniant ainsi leur propre corps voire leur culture.

Un recueil d’une sagesse inouïe

Claire Paul Coulibaly n’oublie pas de rendre hommage à la prestigieuse école, l’Institut national des arts (INA) où elle a enseigné pendant 35 ans (de 1987 à 2022). Depuis près de 10 décennies, cette école s’affiche comme une fabrique d’artistes de talents au Mali dans diverses disciplines : de la musique aux arts plastiques en passant par le théâtre et l’artisanat. Dans le poème L’INA, elle qualifie l’école de « L’esprit aux merveilles des arts // La conscience aux vertus de la morale // au service de tout un peuple… »  

Ainsi va le monde est un recueil dont les poèmes sont en monolithique, c’est-à-dire constitué d’une seule strophe de vers asymétriques pourvus de rimes. Ce texte, du point de vue formel, aux dires du professeur de lettres Amidou Yanogué, divorce d’avec la poésie traditionnelle qui instituait un nombre immuable de vers, de strophes et même de forme.

Ce recueil est d’une sagesse inouïe, dans lequel l’auteure ne va pas du dos de la cuillère pour dénoncer les maux de la société. Ainsi va le monde est disponible en vente sur ce lien, chez l’éditeur et dans des libraires à Bamako, notamment la librairie Larousse, Harmattan, le Grand hôtel ainsi qu’à la boutique du Musée national du Mali.     

Youssouf Koné  

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