« Madou Ka Grin » : replacer le conte au cœur de l’éducation en Afrique

La tradition orale a pendant longtemps été un vecteur d’éducation, de distraction et d’initiation dans la société africaine. Les conteurs, ont toujours occupé une place importante car ils étaient à l’Afrique d’hier ce qu’est l’instituteur à l’école moderne. « Madou Ka grin », un groupement de jeunes artistes membres de “Cie Kènè Art”, fait partie de ses ambassadeurs au Mali. Ses membres se sont confiés pour mission de replacer le conte au centre de l’éducation en Afrique.

Contrairement à d’autres disciplines artistiques comme la musique, le théâtre et la danse qui traversent le temps et qui continuent à bénéficier de plus en plus de promotion, le conte est légèrement sous-coté. Alors qu’à lui seul, il est musique, danse et théâtre. Il était, par le passé, au cœur de l’éducation en Afrique.  

Contre vents et marées, certains acteurs de cette discipline ne lâchent rien. Ils multiplient les initiatives et arrivent à faire parler du conte à maintes occasions. Parmi eux, la troupe Madou Ka grin, qui depuis quelques années, apporte de la matière aux petits en termes d’initiation. La troupe, composée de jeunes acteurs, tous sortants de l’Institut national des arts (INA) et du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasseké Kouyaté sont aujourd’hui une valeur sûre, qui, à chaque représentation, utilise la musique (Djembé et balafon), le chant, des questions-réponses avec les enfants en plus d’un partage de la scène avec ceux-ci pour véhiculer leurs messages.

Des spectacles ambulants

Le groupe se démarque. Sa particularité est qu’il va à la rencontre des enfants. Des premières heures de Madou Ka grin à aujourd’hui, plus d’une vingtaine de cours familiales ont accueilli leurs spectacles : « Nous partons partout, de domicile en domicile car l’objectif de Madou Ka grin est de rependre le conte. Vu qu’avec la modernisation, la discipline recule, il est important de procéder ainsi pour la promouvoir », témoigne Madou Koné, conteur principal de la troupe.  

Dans le cadre de la saison 3 de l’émission « Instant Thé », diffusé les mardi, jeudi et vendredi sur TM1, ils étaient en spectacle dans une famille “Konaté”, à Banakabougou, le 12 juillet dernier. Le spectacle présenté intitulé « Siguidan Kélén », de leur projet « Sû Baro » fait partie des 10 projets du grin retenus pour la finale de l’émission Instant Thé 2022.

Pour un changement de mentalité et de comportement

L’objectif du groupe est de participer au changement de mentalité et de comportement à travers leurs spectacles. Les enfants étant l’avenir, mettre l’accent sur leur éducation est très important avant qu’ils n’atteignent le stade de l’irrécupérable.   

Le spectacle « Siguidan Kélen », basé sur la thématique du citoyen face à la gouvernance et la redevabilité, tombe à pic et constitue un excellent moyen d’éducation, vu le contexte actuel et le modèle de gouvernance africain qui n’arrête pas d’être décrié. « Nous avons mis en place ce projet afin de valoriser nos cultures et nos valeurs culturelles car nous savons que notre pays et nos enfants en ont fortement besoin. L’autre but est aussi de faire du conte un facteur de brassage culturel », déclare pour sa part Fatoumata Bintou Diarra, membre de la troupe.

Madou Koné rassure qu’ils sont décidés à aller encore plus loin, tant que les moyens le permettront. « Madou ka grin n’a pas de limite en termes de lieu d’intervention. Nous comptons sillonner le Mali et si possible aller au-delà si les moyens le permettent. Le conte doit être au centre de l’éducation en Afrique, comme par le passé », explique l’homme pour terminer.

Issouf Koné

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