« Mali Justice Project » : l’art au service de la justice à travers « Culture for justice »

Sensibiliser sur les questions de procédures judiciaires à travers l’art est l’objectif que s’est fixé l’initiative « Culture for justice ». Il s’agit d’un concours mis en place dans le cadre du projet « Mali Justice Project ». Impliquant le théâtre, la photographie et la vidéo, il s’est tenu à l’Institut français du Mali, le 26 janvier 2023 et a mis en compétition des étudiants et universités de Bamako.  

La traite des personnes, l’esclavage par ascendance, la complémentarité entre la justice traditionnelle et la justice formelle ainsi que les violences basées sur le genre sont les thématiques concernées par l’activité Culture for justice, une compétition qui s’est déroulée le 26 janvier 2023 à l’Institut français du Mali. Elle a opposé des troupes estudiantines dans diverses disciplines artistiques que sont le théâtre ainsi que deux autres domaines de l’art visuel à savoir la vidéo et la photographie.  

Culture for justice

Financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), dans le cadre de Mali Justice Project, les étudiants en compétition, de par leurs créations, ont pu véhiculer des messages relatifs aux difficultés en matière de procédure judiciaire mais aussi les succès.

Une justice beaucoup décriée

Au Mali, la justice est fréquemment taxée d’injustice. Que ce soit au niveau traditionnel ou formel, nombreuses sont les affaires non élucidées ou toujours en cours au niveau des tribunaux. Beaucoup de plaignants, menés par le désespoir, finissent par abandonner leur(s) affaire(s), ne comprenant pas la « lenteur » des procédures de justice qui, aux yeux de bon nombre, s’apparente, à tort ou à raison, à un manque de volonté ou d’efficacité de la part de l’appareil judiciaire.

Image : kabarpriangan

A juste titre, l’organisation Hiil, dans son étude sur les problèmes juridiques dans la vie quotidienne au Mali, intitulée « Besoins et satisfaction en matière de justice au Mali », publiée en 2018, explique que 53% des Maliens sont incapables de résoudre leur problème de justice. « Autrement dit, soit ils ont abandonné, soit leur problème est toujours en cours », note l’étude.

On ne le dit pas assez, alors que beaucoup de personnes n’obtiennent pas gain de cause en matière de justice parce qu’elles sont frappées par un manque d’information. Si être confronté à une affaire de justice en une chose, savoir ce qu’il faudrait exactement faire pour qu’elle aboutisse en est tout une autre.

L’art au service de la justice

L’objectif du projet « Cuture for justice », s’inscrit dans une démarche de sensibilisation, d’information sur les procédures judiciaires à travers l’art. Il s’agit plus précisément d’une approche consistant à aider les citoyens à comprendre le fonctionnement de la justice au Mali via des compétitions de représentations théâtrales, de vidéos et de photographies.

« Les problèmes d’accès au droit et à la justice que les populations peuvent rencontrer dans leur différente communauté, dans leur différente région sont réels. A travers ces activités, les populations comprennent comment la justice fonctionne et ainsi, elles peuvent passer par les procédures normales au lieu de se faire justice elles-mêmes », explique Maitre Lury N’Kouessom, chef de fil de la composante accès à la justice du projet Mali justice.

Culture for justice, Maitre Lury N’Kouessom

Les spectacles représentés, les vidéos projetées ainsi que les photos exposées ont mis en scène soit des situations d’abus de pouvoir soit de corruptions ou encore d’injustices familiales etc.

Ces cas, selon la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) sont persistants, comme on peut le constater avec l’esclavage par ascendance qui continue de diviser des communautés du côté de la région de Kayes. Dans son rapport d’étude sur les besoins et attentes des victimes de ce fléau dans ladite région, elle explique que « Face à cette atteinte intolérable à leur dignité, les victimes d’esclavage par ascendance ont entrepris des actions sur le plan judiciaire, très souvent sans succès…les laissant dans une situation de vulnérabilité infra minimale ».

La jeunesse, la cible principale

Ils étaient plus de 400 jeunes à prendre d’assaut la salle de spectacle de l’Institut français du Mali pour voir les universités en compétition : l’Institut des sciences politiques, relations internationales et communications (ISPRIC), la Faculté de droit privé (FDPRI), la Faculté de médecine et enfin l’Ecole spéciale de commerce d’administration et de l’entreprenariat (ESCAE). « Les jeunes sont l’avenir et ils sont très réceptifs aux expressions artistiques et culturelles. Passer par l’art est donc le meilleur moyen pour partager avec eux certains messages », confie maitre Lury N’Kouessom.

Gabdo Ina Ouattara, sortante de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest – Unité Universitaire de Bamako (UCAO-UUBA), a été désignée lauréate de la catégorie vidéo. « Je suis très heureuse d’avoir remporté le premier prix de la catégorie vidéo de Culture for Justice. Cette victoire est une opportunité pour moi car elle me permettra d’amplifier davantage le combat que je mène au quotidien, notamment pour les Droits des femmes et la scolarisation des enfants, plus particulièrement celles des jeunes dans les milieux ruraux », confie-t-elle

Gabdo Ina Ouattara, premier prix vidéo

Les organisateurs aimeraient tout d’abord que ces jeunes soient sensibilisés sur les thématiques qui sont au cœur des activités de cette troisième édition, qu’ils comprennent le fonctionnement de la justice et qu’ils soient surtout des relais auprès de leurs camarades et de leur communauté.

Issouf Koné

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