En cette année 2023, la biennale artistique et culturelle du Mali (Bac) signe son retour sous un nouveau format. L’édition de relance se tiendra du 6 au 16 juillet 2023 dans la Venise malienne. Plusieurs innovations ont été annoncées par le ministre malien en charge de la culture lors de la cérémonie officielle de lancement de cette énième biennale, tenue le 31 mars dernier à Mopti.
Une forte délégation, avec à sa tête le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo, arrivée de Bamako la veille de l’évènement, a été accueillie en triomphe au sein de l’enceinte de la salle Sory Bamba de Mopti. Dans la cour, des sonorités de flûte, de djembé et calebasses, des troupes traditionnelles Diamwari et Séguédi composées d’artistes peuls, bozos et bobos captivent toutes les attentions. Une mixité culturelle qui rappelle d’entrée de jeu les valeurs intrinsèques de la biennale. Sur le podium de la salle portant le nom du mythique musicien Sory Bamba, l’orchestre Kanaga de Mopti interprète les titres emblématiques des orchestres régionaux du Mali.
Organisée toutes les deux années par l’État malien, la dernière édition de la biennale artistique et culturelle du Mali (Bac) remonte à 2010, celle du cinquantenaire, tenue à Sikasso, même si une édition spéciale s’est tenue en 2017 à la demande des populations. Suspendue suite aux événements de 2012 ayant plongé le Mali dans une profonde crise sécuritaire, sociopolitique et économique, la Bac signe ainsi son retour après 13 ans d’hibernation. Sa prochaine édition se tiendra du 6 au 16 juillet 2023 à Mopti.
Restaurer la paix et le vivre ensemble
Les différentes politiques culturelles du Mali ont toujours accordé une importance particulière à la promotion de la diversité culturelle et linguistique dans le but de consolider l’unité nationale fondée sur le sentiment d’une identité commune. Cette vision couplée à la situation actuelle du Mali, caractérisée par une forte résilience du peuple malien face aux multiples défis, a sans doute inspiré le choix du thème retenu pour cette édition de relance : « Le Mali, une histoire commune, une seule nation, un même destin. »
Si la biennale est considérée comme une manifestation populaire et nationale qui met en compétition les formations artistiques, les artistes et créateurs des communes, des cercles et des régions du pays, elle se dresse aujourd’hui comme un outil incontournable de restauration de la paix et du vivre-ensemble au regard du contexte actuel du Mali, marqué de plus en plus par une recrudescence de la violence caractérisée par l’instrumentalisation, la manipulation de l’information, la haine, l’intolérance sous diverses formes et la crise intra et intercommunautaire depuis la signature de l’Accord pour la paix.
Ainsi, à en croire le ministre de la culture, la biennale est une forte recommandation des assises nationales de la refondation et une volonté politique affichée du Président de la Transition, Chef de l’État, le Colonel Assimi Goïta. Elle s’inscrit également dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action du gouvernement, du cadre Stratégique de la refondation de l’État et de l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger. « La biennale est un puissant levier d’interpénétration et de brassage des populations, de cohésion sociale et de vivre ensemble, un espace de dialogue des cultures et d’éclosion des talents », ajoute-t-il.
Une édition innovante
Cette édition de relance de la Bac connaîtra quelques innovations majeures compte tenu du nombre élargi des régions participantes. Quelques changements sont également prévus sur le plan artistique. Car en plus des disciplines traditionnelles comme l’ensemble instrumental traditionnel, le solo de chant, la pièce de théâtre, la musique d’orchestre, le ballet, le ballet à thème, la danse traditionnelle, le chœur et l’exposition des objets d’art, l’édition 2023 s’étendra à des disciplines hors compétition comme le cinéma, les multimédias, les hommages aux forces armées maliennes, les masques et marionnettes, les contes, les foires d’expositions commerciales et artisanales, les visites touristiques et la cuisine des communautés.
En plus des compétitions, des conférences-débats de haut niveau seront au programme de cette édition. Plusieurs thématiques seront abordées comme entre autres la « Biennale artistique et culturelle, marqueur d’identité, catalyseur nationale, de la paix et du vivre ensemble et facteur d’intégration socio-économique et culturelle », « la culture, facteur de résilience, de paix et de cohésion sociale », « s’enrichir de nos différences pour bâtir une nation harmonieuse. » Aussi, la biennale 2023 se déroulera en deux phases en raison du délai d’organisation et du nombre élevé de régions qui passent de 8 à 19 en plus du district de Bamako. Il s’agit de la phase régionale qui sera suivie de la phase nationale.
Les autorités de la Venise malienne ont salué le choix de Mopti pour la relance de ce grand rendez-vous culturel et ont réitéré leur engagement à tout mettre en œuvre pour sa réussite. Le ministre de la culture estime que cette édition 2023 à Mopti est un défi à la fois politique et sécuritaire et constitue une opportunité socio-économique, artistique et culturelle.
Un tirage au sort qui a permis de déterminer l’ordre de passage des troupes des différentes régions et du district de Bamako lors de la phase finale a bouclé la cérémonie.
Youssouf Koné, envoyé spécial à Mopti.