Mamou Daffé : « Au Centre Kôre, nous mobilisons les émotions des communautés en faveur du changement positif »

En plus de son programme habituel ponctué de productions artistiques, de formations, de panels entre autres, le Centre culturel Kôrè de Ségou (CCK) a décidé, pour cette saison 2023-2024, de mettre un accent particulier sur l’environnement, les industries culturelles et créatives (ICC) et la fracture numérique. 

Le samedi 29 avril dernier, le Centre culturel Korè de Ségou a organisé sa traditionnelle rentrée culturelle. Occasion pour Mamou Daffé, le directeur du centre de dresser un bilan de la saison écoulée et de dévoiler les grandes lignes du programme de la nouvelle saison 2023-2024. Les industries culturelles et créatives, la jeunesse, l’environnement, la fracture numérique sont entre autres les aspects qui seront mis en avant cette année par le Centre Kôrè. 

Une saison verte   

Toutefois, la question de l’environnement reste l’une des innovations majeures cette année. Le ton avait été donné en février dernier lors de la dernière édition du Festival sur Niger, partenaire du centre Kôrè avec notamment un panel sur la culture et le réchauffement climatique. « Nous avons été heureux de lancer cette nouvelle saison 2023-2024 qui sera une saison très verte parce que nous allons lancer notre nouveau programme sur la jeunesse créative et environnement, qui va travailler toute l’année sur des questions environnementales à travers la valorisation des déchets et le recyclage. C’est une manière pour nous, en tant qu’acteurs culturels de soutenir le combat contre le changement climatique.» 

Nous pensons que c’est une question de responsabilité, une question de citoyenneté de s’engager sur cette voie, sur ce chantier aujourd’hui. C’est une question qui nous interpelle tous et qui nous demande, nous artistes nos petites contributions dans ce combat. Nous pouvons changer de comportements et d’habitude avec la sensibilisation à travers l’art comme la musique, le théâtre, le conte, le slam entre autres qui sont nos notre armes au centre Korè.»   

Bilan et perspectives

Le bilan de la saison écoulée du centre Kôrè est élogieux aux dires de son directeur qui se projette sur la saison 2023-2024. Une saison se veut ambitieuse en termes de productions artistiques. « Nous avons comme programme une centaine de productions à réaliser sur cette saison. Pour rappel, l’année dernière, nous avons produit 70 artistes. Durant cette année, notre ambition est d’aller à 100 artistes. Et cela dans différentes disciplines comme théâtre, le conte, la musique, la danse, le théâtre entre autres. Nous prévoyons également des ateliers de création. 

Nous travaillons sur les 16 pays de l’Afrique de l’ouest et nous avons formés 400 professionnels et nous avons facilité le financement de leurs projets. Nous allons amplifier cette action cette année parce que nous pensons que pour s’inscrire dans la dynamique des industries culturelles et créatives, il faut des acteurs qui s’inscrivent dans la professionnalisation et donc nous allons vraiment travailler pour renforcer les capacités des acteurs culturels », nous a confié Mamou Daffé. 

Diminuer la fracture numérique 

Le programme habituel du Centre, aux dires de son directeur continuera parallèlement aux nouvelles actions définies dans l’agenda 2023. Parmi les actions qui vont être poursuivies, il y’a le programme Maaya et Citoyenneté : « Nous comptons continuer notre programme Mayaa et citoyenneté qui va travailler sur des questions comme l’éducation artistique, l’éducation à la citoyenneté… Ce volet vise à restaurer les valeurs du Maaya et éduquer les enfants pour un changement de comportement. Nous travaillons au Centre Kôrè avec les émotions, nous mobilisons les émotions des communautés en faveur un changement positif que ce soit dans le domaine de la scolarisation des filles ou encoure dans le domine l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement »

L’aspect jeunesse et créativité est également au cœur des actions du centre cette année.« Pour ce volet, nous allons doter deux centres d’ordinateurs connectés qui seront mis à la disposition de la jeunesse pour qu’elle puisse y travailler. Vous savez si nous voulons booster la créativité, le développement des start-ups au Mali et à Ségou, nous devons créer ces conditions en diminuant la fracture numérique », reconnait M. Daffé  

Le Siccao en ligne de mire 

En 2021, le consortium institut français de Paris et le Centre culturel Kôrè de Ségou a été retenu en Afrique de l’Ouest pour 3 ans en tant que bénéficiaire du programme Acp-Ue Culture financé par l’Union européenne et l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Oeacp) pour son projet AWA (Art in West Africa). Ce projet vise à soutenir la dynamisation de la compétitivité des industries culturelles et créatives tout le long de la chaîne de valeurs (création, production et diffusion) dans les 16 pays d’Afrique de l’Ouest et à contribuer à appuyer le développement de l’économie numérique en Afrique de l’Ouest en accompagnant les acteurs des ICC dans leur transition numérique. 

La fin de ce programme en 2023 donnera naissance à un nouveau projet qu’est le Salon des industries culturelles et créatives en Afrique de l’Ouest (SICCAO) porté par le Réseau Kya et la Fondation festival sur le Niger. « Nous allons terminer le programme AWA en fin de l’année le et c’est la fin de ce programme que nous allons célébrer avec un nouveau projet en octobre prochain à savoir le Siccao.»

La jeunesse constituant la majorité de la population, les responsables du centre Kôrè estime qu’il faut miser sur elle pour soutenir les actions de développement du pays à travers les industries culturelles et créatives. « Quand on parle d’ICC, on parle de créativité de la jeunesse. Nous allons libérer le potentiel créatif des jeunes, parce qu’aujourd’hui, la jeunesse constitue les 65% de la population malienne et pour libérer le potentiel de cette jeunesse là nous devons impérativement revisiter le model de l’économie culturelle africaine en mettant les jeunes au cœur de ce model non seulement pour les permettre d’affirmer leur identité mais aussi de s’auto employer parce qu’aujourd’hui quand on parle d’ICC on parle de création d’emplois », a conclu le directeur du Centre Kôrè. 

Youssouf Koné, envoyé spécial à Ségou 

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