Mic Mo Lion : « Je suis de ces artistes qui ont compris que le changement a un prix »

Suite à la sortie de son nouvel album, en décembre dernier, l’artiste Mic Mo Lion s’est livré à Kone’xion culture. Sa vision de l’Afrique, du Reggae et la philosophie derrière ce nouvel album ; autant de thématiques ont été abordées dans cette interview exclusive.

Kone’xion culture : Présentez-vous brièvement à nos lecteurs !

Mic Mo Lion : Je m’appelle Soumbounou Sory Ibrahim, je suis auteur compositeur et interprète dans le domaine du reggae. Je suis de la première génération du Mali rap et l’un des fondateurs du groupe GNB (Génération nouvelle bamakoise). Ce groupe a été l’un des premiers groupes de rap au Mali, et leader du mouvement Slam au Mali. Je suis le président de l’association Belgo Malienne, Apprendre. Lire. Écrire. Association en abrégé AL. EA. qui œuvre dans la lutte contre la mendicité en scolarisant les enfants mendiants et les enfants de la rue, qui forme aussi les mamans de ses enfants afin de les sortir de la rue.

Mic Mo Lion : « Je suis de ces artistes qui ont compris que le changement a un prix », Mic Mo Lion

Parlez-nous de votre nouvel album, quelle la philosophie derrière ?

L’album Africa United est un album panafricain qui a été animé par le conflit au Mali. C’est pourquoi la plupart des morceaux sont en bambara. Dans cet album, je rends hommage aux Famas. J’aborde des thématiques comme les violences faites aux femmes, la corruption, les conflits inter-ethnique entre les dogons et les peuls et l’unité africaine.

Que représente le reggae pour vous ?

Pour moi, le reggae est la voix des sans voix. Depuis l’époque de Bob Marley, le reggae a atteint une dimension internationale grâce à son côté messager. Il est écouté partout dans le monde. Rappelons d’ailleurs qu’il a même été inscrit en 2018 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Vous définissez-vous comme un artiste engagé ?

Quand on vient d’un continent comme L’Afrique avec autant d’inégalités, de souffrance, d’injustices, de pauvretés et avec autant de conflits et surtout quand on grandit dans cette ambiance, on se pose des questions et on essaie de comprendre. L’Afrique est un continent qui a trop souffert et c’est impossible pour moi de rester insensible à cela. Le reggae est une musique engagée de base. Donc engagé, oui, je le suis. Je fais partie de ces personnes qui ont compris que le changement à un prix et qu’il faut du sacrifice pour gagner ce changement.

Mic Mo Lion : « Je suis de ces artistes qui ont compris que le changement a un prix », Mic Mo Lion

Je pense que les africains n’ont nullement besoin de l’Europe. C’est plutôt l’Europe qui a besoin de l’Afrique, un continent naturellement riche. Les pays européens n’ont aucun intérêt que l’Afrique se développe. C’est pour toutes ces raisons que les pays Africains doivent se donner la main pour s’unir. Voici la thématique abordée dans le morceau Africa United.

Dans quelles conditions avez-vous travaillé sur cet album ? Quelles sont les étapes franchies pour arriver à ce produit ?

Tout à commencer en 2016. A l’époque, je chantais dans un projet qui s’appelait Colorblind et Mic Mo Lion. C’est le batteur du groupe Colorblind qui m’a fait rencontrer David Corleone, l’artiste producteur vidéas qui collabore avec des célébrités du reggae comme Omar Perry, U Brown, Cédric Myton du célèbre groupe The Congos, Balik et Ras Manjul de Danakil. Nous avons commencé à enregistrer les premières pistes des morceaux au studio Art-Lab de David Corleone. Il a joué de tous les instruments au départ pour constituer les musiques. Quand les musiques ont été faites, nous avons programmé des jours pour que je puisse passer au studio pour les prises de voix. Je revenais aussi pour changer des parties au niveau du texte et surtout quand on estimait qu’il fallait changer des parties ou ajouter des trucs. Nous avons également fait appel à un trompettiste, un saxophoniste et un tromboniste pour ajouter des sections cuivre. Les cœurs ont été assurés par David, D-Wa, une chanteuse du label et moi. Nous avons fait appel à un joueur de Kora pour jouer sur deux morceaux de l’album. C’est Ras Manjul qui a travaillé en binôme avec David Corleone sur le mixage. En 2020, j’ai été envoyé au Mali par le label pour réaliser deux clips. L’année dernière, David Corleone a réalisé le clip du morceau Africa United. L’album est sorti depuis le 25 décembre 2023 et a été distribué par le label Bako Record en France. Aujourd’hui vous pouvez l’écouter sur toutes les plateformes de téléchargement.

Mic Mo Lion : « Je suis de ces artistes qui ont compris que le changement à un prix », Mic Mo Lion

Vous l’avez intitulé “Africa United”, un thème longtemps traité et défendu, notamment par Nkrumah, Mouammar Kadhafi, chanté par Alpha Blondy, Bob Marley et énormément de figures. Pourquoi avez vous jugé important de revenir là-dessus. Vous avez le sentiment que les prédécesseurs n’ont pas été entendus ?

Je pense que l’histoire est notre mémoire et c’est cette histoire qui nous permet de comprendre le passé, le présent et le monde dans lequel nous vivons. L’histoire nous permet de nous positionner et agir pour ne plus commettre les erreurs du passé. Je pense que si les peuples d’avant étaient aussi informés que ceux d’aujourd’hui sur l’histoire de l’Afrique, nos prédécesseurs comme Thomas Sankara, Patrice Lumumba et autres seraient des héros de leur époque.

Le morceau Africa United qui est aussi le titre de l’album, s’ajoute à une liste de chansons sur l’unité africaine déjà chantées par des légendes tels que Bob Marley, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly et c’est vraiment dommage que jusqu’ici, L’Afrique ne soit pas à cette unité qui pour moi est l’une des choses qu’elle doit absolument prendre en considération.

Le morceau Africa United n’est qu’une contribution aux combats déjà menés dans le passé par nos pères Thomas Sankara, Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Modibo Keïta, Mouammar Kadhafi qui pour moi restent et resteront des références en terme de lutte de libération en Afrique.

Je pense que tous les combats sont importants à partir du moment où ils ont un sens. Ce que je sais faire le mieux, c’est écrire des textes et les chanter sur scène. Quand on est sur scène on fait face à un auditoire et c’est des moments privilégiés entre l’artiste et son public. Et la plupart du temps, c’est ceux qui viennent te voir en concert qui sont susceptibles d’écouter ta musique et entendre tes messages. J’ai constaté que les européens n’écoutent pas les mêmes médias que nous et beaucoup de ces médias sont mensongères. Tant de mondes ne sont pas toujours au courant de ce qui se passe réellement dans les autres pays, mais les festivals reggae sont bondés de personnes. Ici, j’ai la chance d’être écouté sur des chaînes radios, de chanter à des festivals, dans des salles de concert, d’être suivie sur les réseaux par un public diversifié. Mes différentes pages servent également aux abonnés à interagir sur des sujets concernant L’Afrique.

Propos recueilli par Issouf Koné

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