«Mototaxi» est l’intitulé de l’exposition solo de l’artiste peintre malien Noumoukè Camara, ouverte le vendredi 17 juin dernier au restaurant Taxi Bamako à l’Hippodrome. Composée d’une vingtaine de toiles, la série «Mototaxi» jette un regard inquisiteur et sensibilisateur sur ce phénomène à double tranchant dans notre société.
Noumoukè Camara est un artiste-critique de la société. Aucun fait de société et d’actualité n’échappe à son regard. Un artiste observateur du quotidien, qui l’inspire dans son travail d’artiste comme en témoigne sa nouvelle série Taxi-moto, exposée à Taxi Bamako. Une exposition qui sensibilise et interpelle sur le phénomène des mototaxis au Mali notamment à Bamako où il prend de plus en plus d’ampleur dans un élan anarchique.

Le mototaxi est un nouveau moyen de transport au Mali. Initiative salutaire car constituant un facteur de réduction du chômage, notamment chez les jeunes. Mais la mauvaise organisation du secteur constitue aujourd’hui un danger pour les usagers : « Je voudrais, à travers cette série, sensibiliser les conducteurs et les usagers de ce nouveau moyen de transport. C’est aussi une manière pour moi d’interpeller les autorités maliennes pour la règlementation du secteur», a expliqué l’artiste.
Le secteur est certes profitable, mais le manque de contrôle et de règlementation de la part des autorités entraine des conséquences néfastes. Sa fiabilité est donc remise en question : «Vu que c’est une bonne affaire, tout le monde s’est rué vers ce métier, parfois sans formation et sans aucune connaissance réelle du code de la route. Nous avons aussi des organisations qui achètent des motos et les donnent à des jeunes de façon anarchique pour le transport des personnes. Ce qui fait qu’il il y a fréquemment des cas d’accident, entrainant des blessés graves et des décès d’usagers de ces motos », regrette l’artiste.

Dans sa mission d’artiste-citoyen engagé, Noumoukè Camara avait tenté d’obtenir une collaboration avec le ministère chargé du transport afin de sensibiliser d’avantage les populations sur les dangers liés aux mototaxis. Il s’est malheureusement buté à « l’indifférence du département ». « L’idée était d’exposer cette série dans plusieurs endroits de la ville de Bamako et même dans les régions où le phénomène s’étend également depuis un certain temps », explique-t-il avant d’ajouter : « J’essaie de le faire de mon mieux à travers mes expositions. »
La série Taximoto est composée de 25 toiles de petits formats réalisées avec la technique de la peinture sur verre, une spécialité de l’artiste. VIP, Usain Bolt, 500/jour, 1000/nuit sont entre autres les slogans lisibles sur certaines toiles. L’ensemble des tableaux ont un facteur dominant : la moto.
L’exposition est visible à Taxi Bamako jusqu’à la fin du mois de juin.
Youssouf Koné