Oumou Sangaré : « La musique peut changer les mentalités »

La Diva du Wassulu, Oumou Sangaré, sort le 29 avril prochain son nouvel album intitulé « Timbuktu » qui se dresse comme un hymne au Mali, pays sujet aujourd’hui à une multitude de défis. Invitée d’Augustin Trapenard sur France Inter, Oumou Sangaré revient sur le rôle de la musique dans les luttes sociales. 

Depuis le début de sa carrière musicale, Oumou Sangaré a fait de sa musique celle qui magnifie la femme et dénonce les injustices sociales. Elle se veut également la voix des sans-voix : « Je chante pour les femmes, pour leur épanouissement et pour le peuple. Très tôt je me suis donnée ce devoir de parler pour les sans-voix, les femmes qui n’ont pas les moyens de s’exprimer et qui souffrent au quotidien. »

La musique peut changer les mentalités

Pour la Diva du Wassulu, la musique a un impact beaucoup plus important que les discours politiques : « au Mali, les gens en ont assez de la politique. Ils sont fatigués d’entendre toujours les mêmes promesses non-tenues. La musique est différente et même plus importante, car elle dit la réalité de la vie et pointe du doigt les injustices. La musique peut changer les mentalités : elle n’est pas raciste, elle peut briser des tabous comme la polygamie, les injustices ou les violences faites aux femmes. C’est ce que j’essaie de faire depuis 30 ans » explique-t-elle.

L’auteure du célèbre Diarabi nènès’est également confiée sur ses débuts difficiles et les nombreuses injustices auxquelles elle a dû faire face pour pouvoir poursuivre sa carrière : « Au début de ma carrière, mes chansons ont été très mal vues. On m’a menacée et calomniée pour me déstabiliser. On est même allé jusqu’à dire que je tournais des films x. J’ai eu peur, mais je n’ai pas été déstabilisée. »

Sa mère sa force

L’artiste reconnait les défis auxquels est confronté aujourd’hui son pays le Mali, secoué depuis une plus d’une dizaine d’années par une crise multidimensionnelle. «Le Mali va mal mais on espère que tout va changer pour que la vie reprenne. Je ne veux pas qu’il devienne l’un de ces pays qui ont galéré dans la guerre. Le dialogue peut tout changer. Il faut faire parler le cœur », propose Oumou Sangaré, qui n’a pu s’empêcher de rendre un vibrant hommage à sa mère qui a vécu les affres de la polygamie : « On chante toujours avec ses blessures. Si je suis blessée, j’ai envie de le crier et de batailler avec le monde. Je chante pour venger ma mère. Elle a souffert de la polygamie. En Afrique, l’aide sociale est absente, elle s’est battue dignement et je l’ai aidée dès que j’ai pu, en allant crier et chanter dans la rue pour ramener de l’argent.»

Dans son nouvel opus très attendu, Oumou Sangaré fait une fusion de la musique traditionnelle, inspirée du tiroir du Wassulu et le blues. Une manière pour elle d’exporter la richesse culturelle de sa ville d’origine « Le métissage est une richesse, et le Wassoulou est une région très riche. Faire entendre ses instruments est important pour moi car c’est ce que je peux montrer au monde entier », termine-t-elle.

Youssouf Koné

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