Patrimoine : des biens culturels inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel national du Mali

Des biens matériels et éléments immatériels de différentes régions du Mali ont été inscrits, le 6 octobre 2022, à l’inventaire du patrimoine culturel national du Mali, par le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme. Le N’ko, le Kotèba ainsi que des mausolées de saints n’ont pas été oubliés.

L’inventaire des biens matériels et immatériels peut être défini comme un outil d’identification et de connaissance de l’héritage culturel, qui permet d’apprécier son état de conservation, ses valeurs et son interprétation. Le Mali, connu pour être un pays riche en cultures et traditions séculaires, compte d’énormes biens matériels et immatériels qui ont besoin d’être conservés.

C’est dans cette optique que le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme vient de publier une liste de biens matériels et d’éléments immatériels, inscrits au patrimoine culturel national par la décision : N°2022/000145. Cela, afin de garantir leur protection et leur conservation.  

Les rencontres culturelles du Kotèba de Massantolo 2022

Pour vous, la liste exhaustive des biens matériels et éléments immatériels concernés par cette décision :        

I. Biens matériels

Région de Bougouni

1. Les mausolées des Saints de Diban Toukoro, village de Diban Toukoro, Commune rurale de Dogo, Région de Bougouni

Il s’agit d’une série de douze (12) mausolées des Saints dont cinq (5) sont considérées par les autochtones comme d’origine mandingue et sept (7) concernant les chérifs de patronyme Haidara d’origine étrangère. La Zihara (pèlerinage) annuelle, organisée autour de ces Saints, accueille des musulmans du Mali et de la Sous-région et est marquée par diverses manifestations dont les prêches et la lecture du Saint Coran en vue de présager un avenir meilleur pour le Mali, la sous-région et le monde. L’évènement participe à la cohésion sociale, la paix et le vivre ensemble.

Décision 2022 00145/MACHIT – SG DU 06 Octobre 2022

Région de Ségou

1. Le Biton Blon (les sept vestibules de Biton) village de Sekoro, Commune rurale Sébougou, Cercle de Ségou : Longitude : 6.35323 ; Latitude : 13.39703.

Le Biton Blon (les sept vestibules de Biton), fut le symbole de la puissance du royaume bamanan de Ségou sous le règne de Mamary Coulibaly dit Biton et le passage obligé pour tous ceux qui désiraient voir le souverain. Ce sanctuaire, pour les bamanan, a une grande signification à travers le chiffre « sept » qui le caractérise. Dans la cosmogonie bamanan, dans ce chiffre, sont représentés les deux genres, l’homme (le chiffre trois) et la femme (le chiffre quatre) associés au pouvoir pour la protection et l’entretien de ce dernier. L’architecture des sept vestibules est de style soudano-sahélien, construits en terre crue avec du toit en terrasse ; la particularité de cette architecture réside au niveau des matériaux locaux utilisés. La dernière couche de crépissage est faite en banco rouge (mélange d’argile et de beurre de karité) d’une qualité exceptionnelle, propre à cette zone.

2. Le Mausolée de Cheko Koraba, village de Sekoro, Commune rurale de Sébougou, Cercle de Ségou

Cheko koroba, « Homme de Dieu », est venu du nord avec sa famille et ses talibés pour s’installer au bord du fleuve Niger. Il était grand marabout. Humaniste, Chéko koroba était l’un des plus vénérés et avait tout d’un saint, beaucoup de fidèles musulmans ont pu apprendre le coran grâce à lui. Une Mosquée ancienne à Sekoro construite par Cheko koroba est située au bord du fleuve Niger. Il a eu comme descendant Mohamed (Bina Karamoko), un grand saint qui a eu deux (02) fils Cheko Boukader et Chéko Daouda.

Cheko koroba est un érudit dont la piété et la dévotion envers son Dieu sont considérées comme irréprochables et exemplaires. Il était un homme qui marchait avec les principes de Dieu en toutes choses, qui obéissait à ses commandements avec joie, qui ne vit pas pour le monde présent, mais pour la vie de l’au-delà. Il pouvait prédire l’avenir et agir sur le « Mystère de Dieu » selon la volonté du Tout Puissant.

Décision 2022 00145/MACHIT – SG DU 06 Octobre 2022

3. La Mosquée de Cheko Koraba, village de Sekoro, Commune rurale Sébougou, Cercle de Ségou : 6.35377 ; Latitude : 13.39761

La mosquée de Cheko Koroba est considérée comme l’une des plus anciennes mosquées bâties en terre de la Région de Ségou. La mosquée est de style architectural soudano-sahélien avec une forme rectangulaire et un long et gigantesque minaret. Sa construction remonterait à plusieurs siècles. La Mosquée de Cheko Koroba reste célèbre autant pour son architecture remarquable que pour le nombre de fidèles qu’elle enregistre lors du Maouloud.

4. L’Eglise Catholique de Ségou, quartier administratif de Ségou, Commune urbaine de Ségou, Cercle de Ségou

L’église est située dans le quartier de la Mission Catholique. Elle est limitée au nord par la route nationale n°6 (RN6), au sud par les concessions familiales, à l’Est par le logement des pères appelé père SO et à l’Ouest par le centre Gabriel Cissé.

Les premiers missionnaires ou pères blancs sont arrivés à Ségou, le 1er avril 1895. Ils étaient logés au camp militaire avant de fonder le quartier de la Mission Catholique sur titre foncier pour leur résidence. Puis, ils construisirent la première école et un centre de santé.

Région de San

1. La Mosquée ancienne de Tara (Tala Missiri ), Village de Tara, Commune rurale de Yasso, Cercle de Tominian.

La mosquée est entièrement construite en banco et représente une architecture traditionnelle. L’observation des cultes dans la mosquée contribue à resserrer les liens entre les membres de la communauté autour d’un seul et même acte et, par conséquent, joue un rôle social important.

Région de Nioro

1. Le puits sacré « Rouroi Kolon » de la famille du Cherif de Nioro, Commune de Nioro, Cercle de Nioro, Région de Nioro : X 0435828 ; Y 1684321

Ce puits est considéré comme sacré par les communautés et les fidèles musulmans et cela, suite à l’apparition d’une lumière miraculeuse à l’intérieur. Son eau bénie pourrait apporter bonheur d’ordres social, économique, thérapeutique en traitant les maladies diverses. Il est bien conservé et bien surveillé. 

II. Eléments immatériels

1. Le N’ko, alphabet inventé en 1949 par Solomana (Souleymane) Kanté

Le N’ko est un alphabet inventé en 1949 par le guinéen Solomana Kanté. Il est très utilisé de nos jours. Il sert à transcrire les langues mandingues et signifie à ce titre « Je dis » dans la totalité des langues mandingues. De type alphabétique, le n’ko a été inventé pour permettre aux africains utilisant la langue malinké de disposer d’une écriture bien à eux. Kanté estimait en effet que l’importation d’alphabets comme l’alphabet latin et l’alphabet arabe ne leur était pas adaptée. C’est ainsi qu’il a créé le N’ko afin que la langue Malinké puisse avoir une écriture qui reflétait véritablement ses besoins, ses sonorités et sa culture.

Ecriture N’ko

Le N’ko a d’abord été utilisé à Kankan, en Guinée et s’est diffusé ensuite dans d’autres régions où l’on parle le Malinké. Le sens d’écriture est de droite à gauche et l’alphabet comprend, outre 20 consonnes dont une syllabique, toutes les voyelles, au nombre de 7 ; il comprend également 8 signes diacritiques destinés à marquer les tons. L’introduction de l’alphabet a entraîné un mouvement favorisant l’instruction dans l’alphabet de N’ko parmi l’élite des locuteurs des langues mandingues, aussi bien en Afrique occidentale anglophone que francophone. L’instruction du N’ko a aidé à la formation d’une identité culturelle malinké en Guinée, au Mali et a également renforcé l’identité linguistique mandingue dans d’autres régions de l’Afrique occidentale.

2. La Zihara de Diban Toukoro, village de Diban Toukoro, Commune rurale de Dogo, Région de Bougouni

La Zihara de Diban Toukoro est une fête religieuse annuelle organisée autour des mausolées des saints datant de plus de 800 ans. Cette cérémonie à laquelle participent les musulmans du Mali et de la Sous-région est marquée par diverses manifestations dont les prêches et la lecture du Saint Coran en vue de présager un meilleur avenir pour le Mali, la sous-région et le monde. Cette Zihara joue un rôle important dans le raffermissement de la cohésion sociale, la paix et le vivre-ensemble, l’entente, l’entraide et la solidarité entre les fidèles musulmans.

3. Les Cérémonies traditionnelles « Koriko et Dougousson », village de Djénéni, Commune rurale de Niéna, Cercle de Sikasso, Région de Sikasso

Les communautés organisent annuellement deux cérémonies traditionnelles qui sont « Dougousson et KoriKo » depuis plus de deux siècles, soit à la date de la fondation du village. Le « Dougousson » est un signe annonciateur de la saison des pluies. Cette cérémonie rituelle regroupe toute la population du village et les communautés mitoyennes. La date est fixée après les consultations « divines » et certains rituels sont observés avant le jour même de la cérémonie et d’autres le jour de la cérémonie. En plus des rituels, plusieurs manifestations culturelles (chants, danse traditionnelle de balafon, tam-tams, tambours) sont organisées. Le « Dougousson » se fait généralement au mois de juin et vise à prôner une bonne saison de pluies et la cohésion sociale entre les communautés.

S’agissant du « Koriko », sa date est fixée de la même maniéré que le « Dougousson ». Le « Koriko » a lieu au mois de mars. Tout le monde participe aux manifestations culturelles mais le rituel et l’accès aux lieux de culte sont réservés aux initiés des traditions.

4. Les pratiques et expressions culturelles liées au Sosso-Bala (instrument de musique de Bala Fasseké Kouyaté)

D’après les sources orales, Bala Fasseké Kouyaté a été un grand griot du Manden. Soumangourou Kanté, roi du Sosso, lui offrit le Sosso-Bala (instrument de musique traditionnel, vieux de 800 ans) pour chanter ses louanges.

Le Sosso Balla

5. Le Kotèba, une forme d’expression théâtrale populaire au Mali

Le Kotèba est une forme d’expression théâtrale populaire au Mali. Lié généralement aux évènements heureux, le Kotèba vise à informer et à sensibiliser sur les faits sociaux inappropriés, à tirer des leçons à partir des acquis, à renforcer le processus de socialisation et d’accomplissement des jeunes, à prodiguer des conseils et des avantages pour une meilleure gestion de la vie publique,  à renforcer la cohésion sociale et le vivre-ensemble.

Youssouf Koné avec le Machit

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