La capitale malienne, Bamako, accueille actuellement la 13eme édition de la biennale africaine de la photographie. Elle a débuté le 8 décembre dernier et se poursuivra jusqu’au 8 février 2023. Un évènement artistique majeur qui se tient tous les deux ans, depuis sa création en 1994. Parlant justement de 1994, la première édition, comment s’est-elle déroulée ?
Le journal Libération envoie la photographe Françoise Huguier au festival de Cannes, où elle rencontre le réalisateur et cinéaste malien Souleymane Cissé. Nous sommes en 1987. Une fois au Mali, elle trouve injuste le fait que ce pays qui regorge d’excellents photographes n’ait pas de Festival d’envergure internationale à l’instar de Ouagadougou et Dakar. Tout de suite, elle en parle au Président de la République de l’époque, Alpha Oumar Konaré, qui soutient l’idée.
Après ce premier pas, les photographes sont enthousiastes. Tous intéressés. Parmi eux, Alioune Bâ, Django Cissé et Racine Keïta qui sont très impliqués. L’enjeu est de taille. Premier souci : il faut trouver de l’argent. Elle prend contact avec Roger Aubry et Patrice Peteuil directeur d’Afrique en créations ainsi qu’avec le ministère de la culture en France pour trouver un financement.
Françoise veut également des anglophones en plus des francophones parmi les artistes. Elle se rend donc jusqu’en Afrique du Sud. Deux mois sont nécessaires pour les préparatifs.
14 artistes au programme
Le financement trouvé, les artistes repérés, la période du 05 au 31 décembre 1994 est retenu pour Les rencontres. 14 artistes sont au programme. Cinq qui sont du Mali : Seydou Keita, Malick Sidibé, Racine Keita, Alioune Bâ et Django Cissé. Trois qui viennent du Sénégal : Moussa M’Baye, Djibril Sy et Boubacar Touré-Mandémory. Le centrafricain Samuel Fosso est aussi sélectionné. Trois autres artistes viennent d’Afrique du sud, il s’agit de Santu Mofokeng, Ingrid Hudson et Jenny Gordon. Le mauricien Yve Pitchen et le malgache Pierrot Men sont aussi présents.
En plus des œuvres des photographes, des photos de l’Agence malienne de presse et de publicité ainsi que des Archives de l’Office national du cinéma guinéen sont aussi exposées.
Le site des anciens combattants, près du marché rose, l’Institut national des arts et le Centre Amadou Hampahé Ba sont entre autres les lieux choisis pour les expositions. L’inauguration est une sacrée fête. Des prestations de troupes traditionnelles et les marionnettes de Marakala offre un spectacle sur le fleuve Niger. Une grande partie de Bamako est dans l’éphorie.
La reconnaissance d’une certaine esthétique
Bakary Koniba Traoré, ministre de la Culture et de la communication de l’époque, définit Les rencontres de Bamako comme une opportunité de dialogue, de réflexion et d’échange. La reconnaissance d’une certaine esthétique, ajoute-t-il, qu’il s’agira de fêter.
Issouf Koné