Photographie : « Entre fragilité et rigidité », les « Yamaristes » plongent leurs objectifs 

Le cinéma El Hilal de Médina Coura en commune II du district de Bamako accueille l’exposition « Entre fragilité et rigidité » du collectif Yamarou photo dans le cadre de la 13e édition de la biennale africaine de photographie. Ces clichés qui revitalisent les murs délabrés de cet ancien cinéma interrogent sur l’état actuel du monde face ses multiples défis.  

Bamako la capitale de la photographie accueille depuis le 8 décembre dernier la 13e édition de la biennale africaine de la photographie. Si cette édition des Rencontres de Bamako se vit sur différents sites officiels avec les 75 artistes du IN, force est de reconnaitre que cette grande messe de la photographie, bien qu’elle se tienne dans un contexte difficile se vit également, voire un peu plus, dans les espaces qui accueillent le OFF. 

« Les expositions OFF constituent l’âme d’une biennale ». Cette phrase du délégué général de cette 13e édition, Cheick Diallo, nous résonne à l’oreille quand on visite certaines expositions OFF de ces rencontres notamment celles des quartiers populaires de la capitale malienne. Peut-être c’est parce qu’elles sont plus proches des populations ? plus accessibles pour elles ?

En tout cas, c’est bien l’impression que nous avions lors du vernissage de l’exposition Entre fragilité et rigidité du collectif Yamarou Photo auquel s’est joint l’artiste multidisciplinaire camerounais Yvon N’Gassam, au cinéma El Hilal situé à Médina Coura, l’un des plus vieux et plus peuplés quartiers de Bamako.  Contrairement à des vernissages de certains sites officiels, la population riveraine s’était appropriée l’évènement avec une forte présence des jeunes.

Entre fragilité et rigidité

L’exposition Entre fragilité et rigidité propose des clichés démontrant à la fois la vitalité et l’état de décrépitude du monde actuel. Un monde confronté à de multiples défis : sécuritaire, environnemental, sociétal, économique, politique et bien d’autres.  

Une dualité qui domine le monde 

Sur les murs délabrés de cet ancien cinéma, hors service depuis des décennies, les artistes apportent de la lumière, de l’énergie mais aussi de l’espoir à travers la puissance et la subtilité de l’objectif de leurs appareils photographiques. Fragilité et rigidité peuvent sonner comme des antonymes. Mais entre les deux, il y a qu’un pas. Car ces deux mots définissent le mieux l’état actuel du monde. Cette dualité qui domine le monde, cette cohobation inhérente à nos vies et à nos sociétés.  

La force du feu d’Abdoul Karim Diallo qui met le projecteur sur les forgerons artisanaux du marché Sougounicoura, les Tapeurs de bazin d’Anna N’Diaye qui célèbre ces hommes et femmes de l’ombre qui lui donnent toute son élégance à ce textile tant prisé dans la société malienne et Wilson de Seydou Camara qui magnifie l’africanité des afro-américainsmontrent toute la résistance et la résilience de l’être humain. 

Sidiki Haïdara, quant à lui, a décidé de tourner son objectif vers les problématiques liées à la célébration du mariage dans nos sociétés africaines avec comme thématique la question de l’uniforme et autres objets de valeur qu’on essaie coûte que coûte de s’offrir lors du mariage d’un proche dans l’unique but du paraitre. Des dépenses qui parfois conduisent à la désillusion des personnes qui s’adonnent à cette pratique.    

Entre fragilité et rigidité

Un état de chaos        

Avec sa série We can fix it ?, (Nous pouvons la réparer ?),  l’artsite camerounais interpelle et interroge sur les enjeux liés à l’environnement, au changement climatique. Cette série s’attarde sur les questions liées à la sècheresse. Elle questionne également sur l’héritage que nous comptons laisser aux futures générations. Toutefois, l’artiste n’est pas fataliste pour autant face à ces enjeux existentiels de la planète terre. L’artiste donne aussi de l’espoir à travers ses œuvres. 

Le choix du cinéma El Hilal, au-delà de son aspect historique et son emplacement stratégique (en plein cœur de Bamako), se justifie également par l’état chaotique de l’espace qui quelque part reflète l’état du monde à nos jours. Ce cinéma, autrefois une destination préférée de cette ville et qui a aussi connu son heure de gloire, n’est aujourd’hui que synonyme de ruine et de désolation. Ne serait-il pas temps de lui donner, à cet espace, une rigidité en le sortant de cet état de vétusté et de fragilité ?  

Youssouf Koné 

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