« Kuma » (la parole) est le thème de la 14e édition de la biennale africaine de la photographie appelée encore les Rencontres de Bamako. L’évènement se tiendra à cheval sur 2024 et 2025 à Bamako et dans d’autres régions du pays. Cette édition marque également les 30 ans de la biennale. L’information a été donnée le jeudi 9 novembre dernier à la faveur d’un point de presse organisé par le commissariat général de cette édition.
A environ une année de l’événement, le commissariat général de la 14e édition de la biennale africaine de la photographie (Rencontres de Bamako) lance ses préparatifs. C’est une grande innovation que de démarrer aussitôt les activités préparatoires de ce grand rendez-vous dédié à la photographie sur le continent. Ce point de presse, tenu en présence de l’ambassadeur de cette édition, le célèbre chanteur malien Salif Keïta, intervient, environ un mois, après la désignation, par le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, de l’acteur culturel malien, Lassana Igo Diarra comme commissaire général de la 14e édition des Rencontres de Bamako.
Cette rencontre avec la presse, première activité publique, tenue le mercredi 09 novembre dernier à la galerie Médina, avait pour but, d’une part, de communiquer les dates officielles de la 14e édition qui se tiendra du 16 novembre 2024 au 16 janvier 2025 à Bamako et d’autre part, de dévoiler la thématique retenue pour cette édition : « Kuma », (un mot bambara qui signifie la parole en français), inspirée par la célèbre chanson éponyme du chanteur malien Salif Keita.
La force de la parole
« La parole est sacrée », « La parole est du miel auquel tout le monde doit gouter », « Toutes les créatures donnent naissance à leurs enfants, mais la parole donne naissance à sa mère », voici autant d’adages populaires, parmi tant d’autres, autour de la parole. Cette thématique est donc le vaste champ dans lequel les artistes maliens et internationaux puiseront pour donner une image à la parole ; pour retranscrire leur image (photos) en parole.
« Je crois que ce thème parle à tous les maliens. Et ce qui est fabuleux c’est que quand je discute avec les gens qu’ils soient ministres ou directeurs, ils oublient leurs fonctions et entrent dans la parole. Il y a tellement de philosophie autour de la parole. La parole est tellement belle et dangereuse à la fois. Il y aura vraiment de la matière pour les artistes », explique Igo Diarra qui se félicite du démarrage des préparatifs, à une année de l’événement, à travers notamment des panneaux d’affichage en ville présentant quelques grands paroliers ainsi que de l’implication des autorités maliennes « Je salue les autorités car en ce moment aussi difficile pour le Mali, avec tellement de priorités, elles pensent à la mise en place de l’organisation de la biennale. Cela nous permet de dire que la culture fait partie de leur priorité.»
« Au commencement était la parole » dit-on. En effet, avant l’arrivée des civilisations occidentales, avant l’apparition de l’écriture, les africains ont exprimé de façon artistique leurs pensées, leurs sentiments et leurs préoccupations les plus profondes, sous forme de mythes, de légendes, de contes, d’épopées, de proverbes, de devinettes ou de chants. Cette thématique pourrait être une parfaite occasion pour voyager vers l’authenticité africaine, pour les artistes maliens et africains.
L’innovation au cœur de cette édition
« Les mots viennent de partout quand on est à l’affut. Je remercie Siramory Diabaté aujourd’hui parce que cette chanson est inspirée de ses dires. Lui aussi l’a appris d’autres personnes. C’est pourquoi je dis qu’il faut être à l’affut des mots. « Kuma » pour donner une image à la parole, est une thématique qui me fascine et je remercie le commissariat de la biennale pour ce choix. Cela permettra de donner une nouvelle dimension à cette chanson », dira Salif Keïta.
Cette édition de la biennale enregistrera quelques innovations majeures. Un hommage sera rendu aux deux emblématiques photographes maliens à savoir Seydou Keïta et Malick Sidibé. Le centenaire du premier sera célébré tandis qu’il y aura une « porte ouverte » au studio du second. La célébration du centenaire d’Amilcar Cabral « une manière de célébrer les figures panafricaines », « Bamako 30 », un programme qui entend célébrer les photographes ayant participé à la biennale de 1994 à nos jours ainsi que des expositions photos dans les espaces publics tels que les marchés sont entre autres les innovations prévues pour les prochaines Rencontres de Bamako.
En us de la capitale Bamako, des villes comme Ségou, Mopti, Kita et Kati recevront des activités de cette 14e édition de la biennale.
Youssouf Koné