Une vingtaine de photographes de la région de Sikasso ont entamé le mardi 11 avril dernier une formation en photographie sous la houlette des formateurs du collectif Yamarou Photo. C’est un renforcement de capacités qui s’inscrit dans le cadre du projet « Entre fragilité et rigidité » du collectif basé à Bamako.
La salle de conférence de l’hôtel Tata de Sikasso, la cité verte du Kènèdougou accueille, depuis le mardi 11 avril dernier, une formation de photographes de la région. Il s’agit d’un atelier de renforcement de capacités animé par quatre formateurs du collectif Yamarou Photo au tour du thème : « La technique de prise de vue artistique face à l’évolution de la photographie de mariage.»
Le ton des trois jours de formation (11, 12 et 13 avril) a été donné le 11 avril dernier à la faveur d’une cérémonie de lancement tenue en présence de plusieurs personnalités de la ville dont Oumar Tounkara, le préfet sortant du cercle de Sikasso, Aliou Traoré, le président de la chambre des métiers et Adama Niang, le directeur régional de la culture qui ont tous salué cette initiative du collectif. « Il faut rappeler que ce présent atelier intervient au moment où les plus hautes autorités de notre pays ont mis l’art et la culture au cœur de la refondation du pays, donc du développement du Mali », a expliqué le préfet Tounkara selon qui cet atelier s’attèlera à résoudre un problème devenu récurrent dans la photographie malienne en général et celle de Sikasso en particulier, « Il s’agit de l’évolution de la photographie de mariage, face aux exigences de la technique artistique.»
Apprendre de nouvelles techniques
Cet atelier s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet Entre fragilité et rigidité, du collectif Yamarou Photo, soutenu par la Fondation Doen, un projet de développement des communautés avec un programme qui s’étalera sur les trois ans à avenir. Il consistera notamment à mettre en œuvre plusieurs activités autour de la photographie dont la formation. Ce projet s’inscrit en droite ligne des objectifs du collectif qui entend faire de la photographie un métier accessible, un vecteur d’insertion socioprofessionnelle et contribuer à redorer le blason de cette discipline au Mali dont la capitale Bamako est considérée comme la capitale de la photographe africaine.
Cet atelier de renforcement de capacités, à en croire Seydou Camara, le président du collectif Yamarou Photo, est une occasion pour les photographes de Sikasso de perfectionner leurs compétences et de découvrir de nouvelles techniques afin d’améliorer leur travail. « L’accent est surtout mis sur la photographie d’art. Nous avons remarqué que cette démarche est moins présente dans les régions où la pratique de la photographie se limite généralement aux cérémonies sociales comme le mariage et le baptême. L’objectif est de donner les outils nécessaires à ces photographes qui leur permettront d’aller au-delà de cet aspect du métier », nous explique Seydou Camara.
Ils sont vingt photographes de la région de Sikasso issus de l’association des photographes de la région. Cette association qui regroupe en son sein une soixantaine de photographes. Ces bénéficiaires, aux dires de Souleymane Ouattara, président de ladite association, ont été sectionnés selon des critères bien définis par l’association. L’un des principaux critères est l’âge. L’objectif étant de donner plus de chance aux plus jeunes. « Le présent atelier permettra d’offrir à ces jeunes des nouvelles connaissances dans le domaine de la photographie artistique. Toute chose qui manquait aux photographes de la région de Sikasso. Malgré l’engouement que la photographie connait à Sikasso, il est important de rappeler qu’il y a un grand besoin de formation des photographes dans les nouvelles techniques artistiques et de reportage photographique », ajoute-il.
Une mise à niveau
Les participants, à l’image de Cheick Sangaré, voient en cet atelier une belle opportunité de mise à niveau : « La formation peut m’apporter une nouvelle vision du métier. Je pense qu’un photographe sans formation est un robot téléguidé qui n’a pas de carrière et surtout en cette période où tout évolue à vive allure. Il faut toujours faire des mises à jour au risque de perdre le fil des réalités existentielles de notre métier.»
Cependant, cette formation n’enregistre qu’une seule présence féminine. Une situation qui relance le récurent débat autour de la place de la femme dans le domaine artistique notamment dans la photographie, toujours considérée par bon nombre de personnes comme un métier réservé aux hommes. C’est une problématique à laquelle le collectif Yamarou Photo tente d’apporter une solution à travers l’initiation de jeunes filles à la photographie.
Cet atelier de renfoncement de capacités prendra fin ce jeudi 13 avril. Toutefois, aux dires de président de Yamarou Photo, Sikasso n’est qu’une étape. Car d’autres régions du pays accueilleront bientôt les formateurs du collectif pour d’autres ateliers de formation et de renforcement de capacités.
Youssouf Koné