Dans le cadre de la 4eme édition des Rencontres culturelles Kotèba de Massantola (Reckoma), une conférence s’est tenue ce vendredi 03 mai 2024, à l’école fondamentale de Massantola sur le thème « La jeunesse face à l’exploitation des potentialités du Kotèba ». Les conférenciers ont mis en lumière les avantages liés au Kotèba sur le plan économique et social, surtout pour les jeunes qui, de plus en plus, sont en rupture avec les traditions du fait de la modernité et ses effets.
Autour de la table, trois acteurs culturels : Attaher Maiga, Secrétaire général du Festival sur le Niger, Issa Coulibaly, acteur et comédien ainsi que Dr Amadou Traoré, parrain de cette nouvelle édition des Rencontres culturelles Kotèba de Massantola.
La Conférence a abordé, par la même occasion, beaucoup d’autres aspects à savoir le sens du Kotèba, les zones géographiques qui le pratiquent, les périodes et festivités qui y sont liées, les composantes du Kotèba et les avantages que les Rencontres culturelles Kotèba de Massantola peuvent apporter à la localité qui l’accueille pour cette 4ème année consécutive.
L’exemple Segou et le festival sur le Niger
La présence d’Attaher Maïga, secrétaire Général du Festival sur le Niger a été très déterminante. L’homme, dans son intervention, a expliqué comment le festival sur le Niger a vu le jour, avec toutes les difficultés rencontrées à l’époque en l’occurrence le fait que les gens avaient du mal à adhérer au concept à cause d’un scepticisme dû à des croyances conservatrices qui faisaient passer le festival pour quelque chose de non adapté à la région, en déphasage avec les valeurs traditionnelles du Mali. « Mamou Daffé a persisté en impliquant les ségoviens dans le processus. Aujourd’hui, le festival appartient à la ville de Ségou. Ce n’est plus seulement l’affaire de la Fondation Festival sur le Niger ».
Toujours dans le sens du développement économique et social, il a insisté sur le fait qu’un festival peut être une activité très génératrice de revenus, qui peut aider des milliers de personnes qu’ils soient artistes, artisans ou de simples habitants de la localité. À Ségou, le festival, aux dires d’Attaher génère près de 2 milliards 600 millions, avec un investissement de plus de 300 000 millions.
Pour ce qui concerne Les rencontres culturelles Kotèba de Massantola, il est revenu sur le fait que c’est une initiative qui peut énormément servir la zone en termes de développement si les habitants de Massantola y mettent du sien. Dans ce sens, la faible présence des habitants de la commune a été soulignée par quelqu’un dans le public : « Nous parlons de développement communautaire que pourrait apporter un festival mais regardez le public. Les habitants de Massantola ne sont pas vraiment sortis et cela est déplorable ».
Le Kotèba et les jeunes
Outre ces points, Amadou Traoré et le comédien Issa Coulibaly ont plutôt mis l’accent sur la thématique à l’ordre du jour. Sur l’aspect social, aux dires de Issa Coulibaly, le Kotèba apporte beaucoup aux jeunes en termes de satisfaction personnelle. Il les unis, les rend fiers et accroît leur confiance en eux-mêmes. À travers les Reckoma, il pense que le Kotèba peut permettre aux jeunes de Massantola et des localités environnantes d’avoir des opportunités au-delà du Bèlèdougou. « Le Kotèba implique plusieurs éléments à savoir les instruments, la danse et le chant. Grâce aux festivités, les jeunes peuvent développer des collaborations qui pourront leur permettre d’aller vendre leur art ailleurs ».
« Le Kotèba est tellement vaste, qu’avec de petites parties, on peut produire tout un mémoire », a déclaré pour sa part Amadou Traoré. En termes de chanson, a-t-il ajouté, son répertoire bourré de chants populaires est inépuisable. Durant une soirée de Kotèba, on peut interpréter énormément de titres sans prendre le risque de se répéter. Les jeunes peuvent les exploiter comme le font et continuent de le faire les artistes connus comme Oumou Sangaré et beaucoup de ses pairs.
Tout comme les chansons, les pas de danse sont aussi variés. Ils peuvent, selon Amadou Traoré être enseigné dans les écoles d’art et par la même occasion profiter aux jeunes. Il a pris l’exemple des jeunes professeurs et étudiants qui viennent dans le Bèlèdougou apprendre auprès des anciens pour préparer des cours ou des mémoires de fin de cycle.
L’homme a profité pour saluer les élèves de l’institut national des arts présents au festival pour justement s’imprégner du Kotèba dans leur processus d’apprentissage.
L’aspect bénéfique du Kotèba va très loin selon Amadou Traoré. Si l’on prend par exemple les instruments, les costumes et les accessoires, ceux qui les fabriquent peuvent en faire un métier à vis. « Il y a par exemple des fabricants de baradeni, de baradjan et de tchou (instruments de musique), qui ne vivent que de ce métier. Pareils pour les costumes et autres accessoires ».
Le Kotèba est aussi un vecteur de paix car il se pratique que si les gens dans le village vivent en harmonie. Les jeunes, en se rassemblant pour des nuits entières de festivités, renforcent ainsi le lien qui les unis et par ricochet, font perdurer la paix dans la localité.
Issouf Koné