Jusqu’au 25 février 2023, la capitale malienne, Bamako, abritera la 15ème édition de la Rentrée littéraire du Mali, sous le thème « Décloisonner l’Afrique ». Les amoureux de la littérature, venus de partout à travers le monde, vont échanger et réfléchir pour donner de la visibilité aux livres et aux auteurs. Cette année, toutes les activités se tiendront à Bamako.
Le blues mandingue accompagné de la voix du doyen Boubacar Traoré alias Kar kar emballe le public. Malgré le poids de l’âge, son talent demeure. Une fois de plus, l’artiste l’a prouvé le mardi 21 février lors de la cérémonie d’ouverture de la de 15eme édition de la Rentrée littéraire du Mali, à l’hôtel Salam. Cette cérémonie était présidée par le ministre en charge de la Culture, M. Andogoly Guindo. De nombreuses personnalités, hommes et femmes du monde littéraire, venus de 28 pays à travers le globe, y étaient pour les travaux d’ouverture de cet événement, symbole du livre en Afrique.
Après ses mots de bienvenue, Ibrahim Aya, le Directeur de la Rentrée littéraire, a détaillé le thème de cette édition. Pour lui, elle se veut un temple pour décloisonner les œuvres produites par les auteurs africains sur le continent : « En Afrique, les œuvres et les auteurs circulent difficilement à cause des frontières territoriales et linguistiques. C’est pourquoi, lors de cette édition, nous parlerons beaucoup des frontières, qu’elles soient tracées ou imaginaires, de leur fabrication et de leur déconstruction. Nous parlerons des langues également qui sont les éléments du dispositif frontalier. L’Afrique est très jeune, elle a besoin de débat et elle a besoin de se raconter à elle-même », a-t-il expliqué.
Premier forum des manifestations littéraires en Afrique
L’une des innovations de cette édition est l’animation du premier forum des manifestations littéraires du continent dont la première séance a débuté tout juste avant la cérémonie d’ouverture. Ils sont de grands auteurs de l’Afrique francophone, anglophone et lusophone qui ont débattu sur comment décloisonner les œuvres des auteurs africains à travers les manifestations littéraires sur le continent.
Cette longue séance de discussion sur la visibilité et la circulation des œuvres des auteurs africains continuera jusqu’au mercredi. Le reporting des travaux de la première journée a été fait par la nigériane Lola Shoneyin. Plusieurs difficultés ont été soulevées. Elles sont notamment liées aux complications du climat d’organisation des événements littéraires en Afrique, aux coûts faramineux du voyage sur le continent, et d’ordres logistiques…. Mais, selon elle, la voie d’espoir reste flexible à travers la camaraderie, l’amitié et les dialogues culturels entre les acteurs de la littérature. Elle invite donc les acteurs à être ensemble pour faire face à ces défis.
« La Rentrée Littéraire est un espace de rencontre… »
Selon le ministre en charge de la Culture, Andogoly Guindo, qui après avoir exprimé la bienvenue aux nombreux littéraires venus de 28 pays, a apprécié cet évènement célébrant le livre à sa juste valeur. « La Rentrée Littéraire est un espace de rencontre qui mobilise des acteurs du monde de la culture, les professionnels du secteur de livres. La Rentrée Littéraire, ce sont les échos du monde, mais aussi les réalités d’ici. Un espace de rencontre et d’échange, de partage d’émotion et d’ambition, un espace de communion et de recueillement. »
« L’accès à la culture est une des priorités du gouvernement malien » a précisé le ministre Guindo, avant d’indiquer que cette priorité passe par la culture de la lecture. Mais l’industrie du livre au Mali est confrontée à des défis multiples, « dont le plus important reste le financement de la désinfection de la lecture, surtout chez les jeunes. » Il estime qu’afin de relever ce défi, à travers son département, le gouvernement a enclenché le processus d’adoption de la politique nationale de la lecture.
Au cours de son allocution, le ministre a salué les femmes auteures du pays, qui se battent selon lui malgré leur condition sociale hier et qu’aujourd’hui : « Que rien ne vaut l’épanouissement intellectuel. »
Pour rendre hommage et réhabiliter la valeur littéraire de l’écrivain, le gouvernement malien, a annoncé le ministre, finance désormais le prix Yambo Oueleguem, à hauteur de 2 millions. Ce prix sera mis en compétition pour la prochaine édition en 2024.
Les prix
Quatre prix seront décernés à la cérémonie de clôture de la rentrée à savoir le Prix Massa Makan Diabaté, le Prix Moussa Sow (Essai), en hommage à l’écrivain malien du même nom, le Prix Ahmed Baba, ouvert aux auteurs de toute l’Afrique, et le Prix de L’union Européenne.
Mohamed Camara
